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L’analyse de la littérature scientifique ne démontre aucun bénéfice à se palper régulièrement les seins, mais augmente considérablement les biopsies de lésions bénignes.

Illustration réalisée par l’auteur Halfy pour la campagne de dépistage du cancer du sein en 2012, afin d’inviter les femmes à s’autopalper. Traduction : “Personne n’est à l’abri du cancer du sein. Quand on parle de cancer du sein, il n’y a pas de femmes ou de super-femmes. Tout le monde doit faire l’auto-examen tous les mois. Combattez avec nous contre l’ennemi et, en cas de doute, parlez avec votre médecin”.

L’autopalpation est-elle efficace ?

Le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez la femme. 12 000 femmes décèdent tous les ans en France d’un cancer du sein, cela représente 4.2 % de l’ensemble des décès qui ont touché les femmes en 2013.

Afin de limiter la mortalité à cause de ce cancer qui touche quasi exclusivement les femmes, les autorités sanitaires réalisent la promotion du dépistage organisé de 50 à 74 ans, qui est de plus en plus controversé, ainsi que l’autopalpation des seins tous les trois mois à la fin des règles.

L’autopalpation, si correctement effectuée, pourrait permettre de détecter des lésions dans le sein le plus tôt possible, et ainsi d’éviter une mastectomie totale, des traitements lourds, en augmentant les chances de guérison.

De nombreux hôpitaux, gynécologues, sages femmes ou médecins généralistes réalisent des formations pour apprendre à s’autopalper correctement.

Selon une interview mise en ligne le 18 octobre 2017 par la rédaction médicale AlloDocteurs, l’autopalpation permettrait d’attirer l’attention sur “une boule qui est dure, qui ne bouge pas et qui adhère à la peau”.

Toujours selon cet article, l’autopalpation semble avoir démontré son efficacité, du moins pour la rédaction médicale AlloDocteurs, puisqu’il estime que ce geste “sauve”. Autrement dit, un geste très important qui sauve des vies.

Mais est-ce la réalité scientifique et médicale ? Avons-nous des preuves sérieuses de son efficacité et de son intérêt pour réduire les décès par cancer du sein ? Est-il correct d’affirmer que l’autopalpation sauve des vies ?

Autopalpation et cancer du sein : les preuves

Nous avons aujourd’hui accès à de nombreuses études sur ce sujet.

  • Il y a presque 30 ans, une équipe de chercheurs australiens réalisaient une revue systématique de la littérature scientifique et une méta-analyse sur les bénéfices de l’autopalpation 1. Ils ont montré en 1988 que l’autopalpation était une “précaution intéressante qui augmente les probabilités de détecter un cancer du sein à un stade précoce […]”.

De nombreux biais méthodologiques et statistiques entachent cette étude. Mais plus important, cette étude ne permet pas d’estimer un bénéfice sur la mortalité par cancer du sein, ou sur la mortalité toutes causes confondues.

Plus récemment, deux études d’importances ont été publiées en 2003. La première par la collaboration Cochrane 2 et la seconde par deux scientifiques de l’Université de Londres 3. Je mentionne ces deux études puisque ce sont des revues systématiques de la littérature avec des méta-analyses, le plus haut niveau de preuve que l’on recherche.

  • Pour la collaboration Cochrane, deux études “bien conçues” regroupant plus de 388 000 femmes n’ont montré aucun bénéfice de l’autopalpation. Selon eux, les études “suggèrent une augmentation du préjudice dû à l’augmentation du nombre de lésions bénignes identifiées et à l’augmentation du nombre de biopsies réalisées”.

La conclusion des auteurs ne laisse pas la place aux doutes :

“À l’heure actuelle, le dépistage par auto-examen des seins ou examen clinique ne peut pas être recommandé.”

Les auteurs de cette revue estiment toutefois que certaines femmes continueront, bien entendu, à réaliser une autopalpation. Pour ces femmes, l’étude Cochrane suggère “de discuter le manque de preuves issues des deux grandes études avec ces femmes pour leur permettre de prendre une décision éclairée. Rajoutant que les femmes devraient cependant être conscientes de tout changement au niveau des seins.”

  • Les résultats de la méta-analyse de l’Université de Londres sont du même avis. Selon les deux chercheurs, “aucun essai clinique sur l’entraînement à l’autopalpation n’a montré une baisse de la mortalité dans le groupe qui réalise l’autopalpation”.

Les auteurs émettent les mêmes avertissements :

“Les essais cliniques ont montré que l’autopalpation est considérablement associée avec plus de femmes cherchant des avis médicaux et recevant des biopsies, concluant que l’autopalpation régulière n’est pas une méthode efficace pour réduire la mortalité par cancer du sein”.

Dès 2003, nous avions déjà deux revues systématiques avec méta-analyses qui ne trouvent pas de bénéfice de l’autopalpation.

  • Des résultats confirmés en 2006 par la Société des Obstétriciens et des Gynécologues du Canada 4.

D’après leur analyse basée sur 21 études scientifiques, l’autopalpation n’a pas démontré son efficacité pour réduire la mortalité par cancer du sein. Les auteurs estiment que “l’enseignement systématique de l’auto-examen des seins ne réduit pas la mortalité et pourrait augmenter la fréquence des biopsies bénignes”.

Cette société de professionnels de santé du Canada énonce trois recommandations, reproduites ici:

  1. L’autopalpation ne devrait pas être systématiquement enseignée aux femmes.
  2. Une discussion complète sur l’autopalpation, incluant les risques, devrait être apportée à toutes les femmes qui le demandent.
  3. Si une femme réalise un choix éclairé de réaliser des autopalpations, le professionnel de santé qui la conseille doit s’assurer qu’elle possède toutes les compétences pour réaliser une autopalpation de façon efficace.
  • En 2009, une revue systématique accompagnée d’une méta-analyse a été réalisée par le groupe de travail américain “U.S. Preventive Services Task Force” sur les bénéfices et les risques du dépistage du cancer du sein, et de l’autopalpation 5.

Sur l’autopalpation, les auteurs déclarent que les essais cliniques n’ont montré aucune réduction dans la mortalité, mais une augmentation des biopsies bénignes. Les auteurs ne recommandent pas l’autopalpation faite par les femmes elles-mêmes ni celle réalisée par un professionnel de santé qui n’aurait également pas montré d’efficacité 6.

  • Finalement, une méta-analyse plus récente produite en 2015 par une équipe nippone montre que les mammographies de dépistage sans palpation médicale pouvaient apporter de meilleurs résultats pour les femmes de plus de 50 ans 7.

Une recommandation qui étonne

À la lumière de ces évidences scientifiques, on se demande s’il est encore pertinent de recommander systématiquement l’autopalpation et d’en faire une intense promotion.

En 2006, la médecin Marie Tarrant de la Faculté de Médecine de l’Université de Hong Kong s’étonnait que l’on continue de recommander la pratique. Je reproduis l’intégralité de sa conclusion, très parlante 8.

“Le moment est donc venu de dire au revoir à l’autopalpation. Il n’y a aucune preuve pour soutenir la pratique, et les meilleures preuves disponibles nous disent que cela fait plus de mal que de bien. Il est naturel que les infirmières n’abandonnent pas volontairement la promotion d’une pratique à laquelle elles ont fortement cru et beaucoup investi. Cependant, si nous adoptons pleinement la pratique fondée sur des données probantes, nous devons utiliser la preuve, même si nous n’aimons pas ce qu’elle nous dit.”

“L’autopalpation, un geste qui sauve !”

On en revient donc à nos autorités de santé qui réalisent la promotion de cette pratique, mais également le journal médical AlloDocteurs, qui estimait il y a quelques jours que cette pratique sauvait des vies.

Pour le justifier, le reportage vidéo nous montre le témoignage de Lydia, qui a pu découvrir “une petite lésion” sous son sein droit dans la douche. Une lésion détectée suffisamment tôt selon elle pour lui éviter une ablation totale du sein.

Malheureusement, tout porte à croire que Lydia a eu beaucoup de chance, et fait partie de ce petit pourcentage de femmes qui ont eu une excellente prise en charge. Une chance hors du commun puisque l’étude la plus récente sur ce sujet démontre que les mammographies n’ont pas permis de réduire les ablations totales du sein.

Qu’en est-il des autres témoignages plus négatifs sur ce sujet ? Est-il raisonnable de ne mentionner que les bénéfices (non démontré), sans parler des risques (démontré) ? L’autopalpation pourrait faire mieux que la mammographie ?

Comment AlloDocteurs aborde-t-il la controverse ?

En réalité, le couple télévisé Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes avait tourné une émission sur l’efficacité de l’autopalpation en mai 2017. Il y avait sur le plateau une sage-femme libérale, Laurence Platel, ainsi qu’un gynécologue obstétricien, le Pr Philippe Descamps.

La première question de Michel Cymes sur l’efficacité de l’autopalpation est adressée à Mme Platel, et la cantonne à son présumé rôle pour expliquer comment se palper.

Mais Mme Platel préfère citer la littérature scientifique, et préciser que “l’autopalpation n’a pas vraiment montré de bénéfice, rajoutant que d’après les études, la palpation permet juste d’inquiéter beaucoup de femmes et faire beaucoup d’examens complémentaires inutiles.”

Les résultats des plus sérieuses études scientifiques sur ce sujet donnent raison à la sage femme du plateau d’AlloDocteurs. Pourtant, Michel Cymes semble convaincu que la palpation est efficace. Il le fait remarquer à Mme Platel, et vient demander l’avis du Pr Descamps.

“La palpation permet peut-être de détecter des petites boules ? Alors il est du même avis le gynéco ?” Michel Cymes, AlloDocteurs.

Malheureusement pour Laurence Platel, le gynécologue ne semble pas être du même avis, à notre grande surprise, et s’en excuse.

Le professeur de médecine mélange dans son commentaire le dépistage organisé du cancer du sein, qui selon lui apporterait un bénéfice aux femmes de 50 à 75 ans “en temps et en heure”, et la palpation réalisée par un professionnel de santé qui pourrait permettre de trouver un nodule. Ainsi, le Pr Descamps estime que l’examen mammaire se justifie, car la procédure est courte.

“En France, les gynécologues font un examen mammaire, bon ça prend 3 minutes, pourquoi s’en priver ?”

La séquence est étonnante et pour plusieurs raisons. Tout d’abord, on peut se demander si la durée d’un examen clinique est un critère pertinent à prendre en compte pour mesurer son efficacité. Même si trois minutes semblent ridicules pour ce professeur, est-ce bien trois minutes utiles ? Et quelles sont les éventuelles conséquences de ces trois minutes sur la santé des femmes ? Nous le savons, des biopsies pour des lésions bénignes, du stress, et dans le pire des cas, des surtraitements et toutes les complications qui vont avec.

Ensuite, on peut se demander la pertinence du diagnostic. “Si on trouve quelque chose, tant mieux”. Justement, les résultats de la littérature scientifique sérieuse estiment que même si on trouve quelque chose, il y a de grandes chances que cela entraîne des complications inutiles pour la femme, sans augmenter ses chances de survies.

Tous les résultats analysés de manière systématique et regroupés ne soutiennent pas les propos du Pr Descamps.

Finalement, l’article écrit sur le site d’AlloDocteurs ne relate malheureusement pas ce qui a été réellement dit lors de l’interview télévisé. L’article écrit omet une partie des propos du Pr Descamps, laissant ainsi croire que la phrase suivante nous parle de l’autopalpation alors que le Pr parle de la palpation médicale :

“Pourquoi se priver de la palpation. On palpe les seins bien à plat et si on trouve quelque chose tant mieux.”

Mais de toutes les manières, l’autopalpation comme la palpation médicale réalisée par un professionnel de santé n’ont pas démontré de preuve d’une quelconque efficacité au service des femmes. Je remarque avec admiration que la sage femme invitée sur le plateau est bien plus au fait des résultats de la littérature scientifique qu’un professeur de médecine.

Je ne suis étonné qu’a moitié quant à la prise de position de la rédaction d’AlloDocteurs, qui n’a, à ce jour, pas encore décidé de médiatiser l’étude française qui prouve une augmentation des ablations totales avec la généralisation de la mammographie. Alors que cette dernière nous promettez l’inverse.

À ma connaissance, les résultats présentés dans cet article n’ont pas été remis en cause récemment. Il n’y a pas eu d’essai clinique publié depuis 2015 qui ont évalué l’impact de l’autopalpation sur la mortalité par cancer du sein.

Et vous, mesdames, vous pensez quoi de tout cela ? Controverse inutile ? Jugez-vous normal pour un professionnel de santé d’avoir un avis si étrange, et si éloigné des preuves scientifiques ?

Aller plus loin

Si vous souhaitez en savoir sur les risques et les bénéfices réels du dépistage du cancer du sein, lisez l’enquête inédite sur ce sujet “Cancer du sein : Les ravages du dépistage“. Une enquête factuelle, scientifique et humaine au coeur de la machine de santé en France et dans le monde.

Un must pour comprendre les enjeux des mammographies et prendre une décision éclairée, la vôtre.


Références et notes

1. Hill, D., White, V., Jolley, D., & Mapperson, K. (1988). Self examination of the breast: is it beneficial? Meta-analysis of studies investigating breast self examination and extent of disease in patients with breast cancer. BMj, 297(6643), 271-275. 2. Kösters, J. P., & Gøtzsche, P. C. (2003). Regular self‐examination or clinical examination for early detection of breast cancer. The Cochrane Library. 3. Hackshaw, A. K., & Paul, E. A. (2003). Breast self-examination and death from breast cancer: a meta-analysis. British journal of cancer, 88(7), 1047.ISO 690. 4. Rosolowich, V., Lea, R. H., Levesque, P., Weisberg, F., Graham, J., McLeod, L., & Rososlowich, V. (2006). Breast self-examination. Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada, 28(8), 728-730. 5. US Preventive Services Task Force. (2009). Screening for breast cancer: US Preventive Services Task Force recommendation statement. Annals of internal medicine, 151(10), 716. 6. Cette étude majeure, réalisé par un important groupe de travail de professionnels de santé aux Etats-Unis, a été toutefois remise en cause par un chercheur qui “gagne sa vie en réalisant la détection et le diagnostic du cancer du sein”, selon ses propres mots. Un conflit d’intérêt patent à prendre en considération. 7. Hamashima, C., Ohta, K., Kasahara, Y., Katayama, T., Nakayama, T., Honjo, S., & Ohnuki, K. (2015). A meta‐analysis of mammographic screening with and without clinical breast examination. Cancer science, 106(7), 812-818. 8. Tarrant, M. (2006). Why are we still promoting breast self-examination?. International journal of nursing studies, 43(4), 519-520.

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4 commentaires
  1. Pour ma part, je n’ai pas du tout la même compréhension des résultats des études que vous avez pris en compte.
    L’autopalpation n’amène rien de mauvais. C’est comme si on disait : “si on se masse trop les tempes, on a plus de risques de tumeur au cerveau” => c’est un peu bête, en quoi le fait de toucher son propre corps peut-il être mauvais (sauf si on s’auto-mutile mais là on parle pas de ça…)
    Non ce qui est mauvais c’est que le fruit de cette autopalpation peut être mal interprétée, et donc conduire à des examens qui EUX sont risqués (radiations…) et peuvent amener des complications. Ainsi que le stress engendré par le côté un peu “hypocondriaque” de la pratique.
    Et oui, il n’y a pas “moins de mortalité” pour les femmes ayant effectué de l’autopalpation car :
    – au delà de 50 ans, il y a de toute façon les mammographies, donc cet aspect est sans doute négligé
    – en deça, de 50 ans, hors dépistage, comment croyez-vous que la femme soit amenée à partir faire des contrôles ? C’est justement en se palpant ou en découvrant par hasard des grosseurs ou réactions inhabituelles…. or, il y a ensuite des examens qui sont faits, qui peuvent dépister une éventuelle lésion => ce sont ces examens qui sont pris comme argent comptant pour le dépistage.
    Bref à mon sens la controverse n’est pas là, mais plutôt sur la façon de faire : les femmes ne sont pas armées et accompagnées pour réagir dans les bons délais et les bonnes proportions, en fonction de ce qu’elles découvrent d'”anormal” en s’autopalpant. Sinon, si c’est mauvais de s’autopalper, j’imagine qu’il est aussi mauvais que le compagnon / la compagne palpe aussi…. y a t’il des études montrant que la palpation par son partenaire amène des risques de cancer ? ;)

    1. Bonjour Marion et merci pour ce commentaire !

      Vous avez dit que “l’autopalpation n’amène rien de mauvais”, pourtant, la littérature scientifique le montre. Si je suis d’accord avec vous sur le fait que se palper les seins ne va pas vous donner un cancer, l’autopalpation peut générer toute une série de traitements médicaux qui n’auraient pas lieu d’être. C’est là tout le problème de l’autopalpation.

      Vous avez raison dans la suite de votre commentaire en précisant que “ce qui est mauvais c’est que le fruit de cette autopalpation peut être mal interprétée”. C’est exactement ça le problème. La pratique, si elle permettait d’apporter plus de bénéfices que de risques (surdiagnostic et surtraitement, plus stress) aux femmes serait intéressante. Or, ce n’est pas du tout le cas.

      Dans la suite de votre commentaire, manifestement vous n’avez pas bien cerné le sens des études et des méta-analyses qui ont été publiées sur ce sujet. L’autopalpation n’a pas démontré de bénéfice sur la mortalité comparé à l’absence d’autopalpation. Il n’y a pas de mammographie qui intervient dans cette équation. Si l’autopalpation avait un bénéfice, nous aurions un bénéfice sur la mortalité par cancer du sein et encore mieux sur la mortalité toute cause confondue (car il y a de très gros biais avec la mortalité par cancer du sein).

      Quand vous dites “C’est justement en se palpant ou en découvrant par hasard des grosseurs”, c’est là tout le danger de la pratique. Est-ce que cette grosseurs est dangereuses ? Est-ce que cette grosseurs est un nodule cancéreux ? Est-ce que ce nodule cancéreux mérite une attention ou un traitement ? La science est ferme, elle répond que cette pratique n’apporte aucun bénéfice pour les femmes.

      Après, je veux bien croire bien sûr que la pratique ait pu permettre à des femmes de trouver un cancer invasif vrai, le traiter et s’en sortir. Mais ce sont des exemples particuliers, loin d’être ce que la science avance.

      Je ne pense pas que la controverse se pose sur “la façon de faire”. Peu importe la façon dont on se palpe et qui le fait (un professionnel de santé ou non), les résultats sont les mêmes : aucun bénéfice, mais stress important et biopsie bénignes.

      Il n’y a pas de “bons délais” dans cette situation. L’évolution des lésions ou des cancers du sein est très compliquée. Non linéaire, parfois rapide, parfois lente, parfois en régression, parfois en augmentation.

      En bref, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façon de se palper les seins : elles sont toutes aujourd’hui inutile selon la science indépendante et rigoureuse. Voilà. Ensuite, libre aux femmes de se palper les seins, et d’éventuellement trouver des grosseurs qui amènerons des traitements médicaux justifiés ou non. L’objectif de cet article est de rappeler que la pratique n’a pas démontré son efficacité, avec des effets secondaires possibles et dérangeant.

      Pour rappel, une étude récente vient de comparer l’ensemble des recommandations nationales américaines sur le cancer du sein et son dépistage. Aucune société savante pour l’ensemble des USA ne recommandent l’autopalpation, faite soi-même ou par un professionnel.

      C’est exactement pareil que la mammographie : si vous avez de la chance, vous allez trouver la bonne grosseur dangereuse, mais si vous avez moins de chance (l’immense majorité des cas), vous n’allez rien trouver de dangereux, si ce n’est des traitements injustifiés et parfois lourds de conséquence (insuffisance cardiaque, cancer des poumons, ablation, cancer du sein radio-induit, etc, etc.)

      PS : pour votre comparaison avec le massage des temps et les tumeurs au cerveau, il y a méprise. On ne parle pas d’augmenter ou non le risque d’avoir une tumeur au cerveau, mais d’augmenter ou non la détection d’une éventuelle tumeur. Si je reste sur votre exemple fictif.

      J’espère que ce commentaire vous éclairé davantage sur la pratique. Si des études venaient à montrer un bénéfice net comparé aux risques, je recommanderais la pratique avec joie ! :)

  2. L’autopalpation est dangereuse… parce que cela mene au harcelement sexuel! Mon cancer a ete diagnostique par hasard suite a une biopsie ‘pour etre sur qu’il n’y a rien’ : echo de controle, changement de taille d’un fibro, associee a une perte de poids recente, de la fatigue et des maux de dos. Le radiologue est tombe sur des cellules cancereuses dans la zone du fibro (qui etait bien un fibro), et il y en a probablement ailleurs, mais comme ce type de cancer (lobulaire) est radiologiquement obscur et ne forme pas de ‘boule’, il faudrait piquer au hasard, ou tout enlever. A l’IRM, j’ai quand meme une grosseur interessante… a 40 mm du mamelon dans le plan transversal, donc juste contre les cotes, et au milieu du sein: impossible de deceler quelque chose comme ca a la palpation. L’hopital que j’ai choisi (ils ne font que du cancer et ont des femmes jeunes) a initialement decide de faire de la surveillance… sauf qu’ils ont annule mes rv 2 ans de suite donc maintenant ca fait 2 ans 1/2 que je n’ai pas vu de medecin. Entre parentheses, on voit bien comment le cancer du sein, il y a beaucoup d’arnaque: les hopitaux ont une ‘clientele’ captive de bonnes femmes en general au moins quinqua, qui sont retraitees ou au foyer, et sont disponibles pour suivre un traitement car pas de problemes de temps ou d’argent. En revanche si vous etes une trentenaire qui loue son logement, travaille a plein temps, doit utiliser ses conges payes pour faire examens, lumpectomie etc. et ne peut pas prendre d’arret maladie sous peine de licenciement… les medecins cessent de vouloir vous traiter a tout prix.
    Mon employeur, qui a quitte l’ecole a 15 ans, et ‘ne croit pas a la biologie, aux irm, et aux biopsies’, s’est auto proclame ‘an expert on cancer’ et affirme qu’il sait diagnostiquer ‘Le’ cancer… en touchant les seins d’une femme, et meme carrement guerir ‘Le’ cancer (il faut ‘Le Traitement’ ou carrement ‘Le Traitement qui Sauve La Vie’, ‘enlever les seins et les ovaires et mettre des implants mammaires, comme Angelina Jolie’!). Et donc depuis 3 ans (mon diagnostic) il me harcele pour que je lui montre mes seins… afin qu’il puisse ‘verifier’ si j’ai un cancer ou non…

  3. Ha ben zut….je me trompais encore alors…Merci !!!
    Merci encore Jeremy et tous les lecteurs qui amènent de la précision dans tous ces questionnements !!!
    Je suis le débat et attends (car pas trouvé ) l’article sur l’incidence du sucre sur le cancer.

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