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Un professeur de médecine estime que le végétarisme n’est pas une pratique sans risque. Anxiété, dépression, risque de cancer et trouble du comportement alimentaire attendent les futurs végétariens, avec des bénéfices bien maigres pour la santé, selon ce professeur honoraire de la Faculté de Strasbourg. Il a raison ou pas ?

Le Professeur Schlienger n’est pas fan du végétarisme

C’est parti ! Le Centre de recherche et d’information nutritionnelle vient de publier un nouveau document à destination des professionnels de santé et du grand public (en PDF ici). Un “Cholé-doc” accessible en ligne pour n’importe quelle personne qui oserait s’aventurer dans les rouages du bras armé 2.0 de l’industrie laitière, le fameux CERIN.

Pour rappel les Cholé-doc sont des revues bimestrielles d’information nutritionnelle destinées aux médecins et à tous les spécialistes de la nutrition, selon le Cerin. Ce document donne la parole à “un expert sur un sujet scientifique d’actualité” complète l’organisme crée par l’industrie laitière.

Cette fois-ci c’est le Professeur honoraire de la Faculté de Médecine de Strasbourg, Jean-Louis Schlienger, qui détaille sa pensée sur le végétarisme et le végétalisme avec un titre ma foi très évocateur.

“La tentation végétale est-elle nutritionnellement acceptable ?”

Je ne vais pas faire durer le suspens trop longtemps dans ce billet, la réponse du professeur de médecine est plutôt claire et la voici: le végétarisme est loin d’être la panacée pour la santé. Voici un extrait des conclusions du Pr Schlienger…

“Le verdict des statistiques est équivoque et n’incite pas à céder à la tentation végétale.Il entrouvre la porte au végétarisme éclairé sans permettre de le promouvoir puisqu’il n’y a en définitive pas de preuves formelles des bénéfices sur la mortalité ou la santé d’un parti pris alimentaire consistant à écarter une ou plusieurs classes alimentaires pourvoyeuses de protéines à haute valeur biologique, de fer bien absorbable, de zinc, de calcium et de vitamine B12.”

Ou bien encore…

“Face aux données contradictoires de la littérature force est de conclure que le végétarisme n’est pas la panacée annoncée.”

Et ne s’arrêtant pas en si bon chemin…

“Végétarisme: une pratique qui n’est pas sans risque.”

“Le végétalisme est donc loin d’être la panacée pour prévenir les maladies chroniques.”

Mais parfois le professeur se perd dans ses réflexions…

“le végétarisme de type lacto-ovo-végétarien est tout compte fait acceptable sous réserve d’une éducation nutritionnelle car cette formule ne garantit pas à coup sûr l’équilibre alimentaire.”

C’est à y perdre son latin ! Est-ce que le végétarisme est bon pour la santé ? Est-ce qu’il y a des “mauvais” végétariens comme des “mauvais” omnivores ? Un texte qui soulève beaucoup de questions et qui assène certains points comme des vérités, ou pire qui fait pointer certains risques sans l’ombre d’une preuve scientifique.

Alors pour compléter l’imposant et agréable texte du professeur Schlienger, on va se faire ensemble une petite revue de la littérature et discuter des points qui fâchent. Tout cela dans le calme et la bonne humeur !

Les végétariens sont-ils atteints de thromboses ?

Le professeur Schlienger estime que le végétarisme n’est pas une pratique sans risque puisqu’il “accroît le risque de thrombose“, avec la formation d’un caillot sanguin dans une veine, une phlébite quoi. Pour justifier ce danger, le professeur s’appuie sur une étude publiée en 2014 dans Nutrients qui ne s’intéresse pas à la bonne alimentation (végétalienne au lieu de végétarienne) et qui ne traite pas du risque de thrombose !

Un joli hors sujet donc avec une étude qui se penche surtout sur la carence en vitamine B12 des “mauvais” végétaliens qui prennent rarement des suppléments en vitamine B12 (ce qui n’est clairement pas recommandé). D’ailleurs, l’étude précise que les lacto-végétariens ne sont pas concernés.

Le professeur Schlienger s’est-il mélangé les pinceaux ? Si vous faites une recherche sur la célèbre plateforme médicale sur ce sujet, vous ne trouverez pas grand-chose. Mais quand même, une synthèse publiée en 2003 dans l’American Journal of Clinical Nutrition nous parle justement du risque de thrombose avec le régime végétarien.

Si cette synthèse de la littérature mentionne bien que les végétariens auraient une “agrégation plaquettaire” supérieure aux non-végétariens, elle ne permet en aucun cas de soutenir l’hypothèse du professeur Schlienger. Cette agrégation plaquettaire n’est pas moins qu’un “indice d’une thrombose”, et tout porte à croire selon les chercheurs que le végétarisme serait plutôt protecteur.

Plus récemment une autre synthèse de la littérature sur le rôle de l’alimentation sur les fonctions plaquettaires semble indiquée que l’alimentation végétarienne protège contre les thromboses veineuses, notamment grâce aux flavonoïdes.

“Les statistiques” n’incitent pas à devenir végétarien ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le professeur Schlienger préfère insister dans son exposé sur les maigres études qui associent le végétarisme avec des troubles du comportement alimentaire, l’anxiété ou encore la dépression, quand bien même ce dernier peint pourtant un tableau positif de l’impact du végétarisme sur les maladies chroniques.

Comment expliquer cet étrange avis alors ? Mystère, car le végétarisme tient plus que ses promesses si l’on en croit la littérature scientifique. Par exemple, une récente méta-analyse publiée en janvier 2016 nous précise que cette diète est efficace pour perdre du poids comparé à une diète classique. Une sérieuse piste vers le contrôle de cette dramatique explosion de l’obésité, qu’il faudrait étudier plus en détail selon les auteurs (mais ça, ils le disent toujours !)

En 2017, une équipe américaine publiait une synthèse de la littérature sur les bénéfices cardiométaboliques d’une diète principalement végétale. Si l’on se restreint au végétarisme, les aspects positifs sur la santé touchent les maladies cardiovasculaires (avec un risque réduit jusqu’à 40% pour les maladies cardiaques coronariennes chez les Adventistes), le syndrome métabolique (une réduction du risque jusqu’à 30%), l’indice de masse corporelle (liée au poids bien sûr), la pression artérielle, sur le contrôle de la glycémie ou encore sur le diabète de type 2.

Les auteurs de cette importante synthèse estiment que “le végétarisme représente une voie efficace pour la prévention et le traitement des maladies cardiométaboliques“, si bien sûr, il est bien mené.

Je m’étonne alors que le végétarisme fasse aussi peur à notre professeur de médecine et à l’industrie laitière alors que ce dernier fait toujours la part belle aux produits laitiers et aux oeufs. Je m’étonne également de certaines remarques du professeur dans son écrit concernant les apports en calcium.

Ce dernier précise ceci :

Les apports calciques sont couverts par les laitages. Néanmoins la densité osseuse des végétariens serait modérément réduite.

Si cette phrase est bien défendue par une étude, on a l’impression que le Pr Schlienger sous-entend un risque pour la santé osseuse avec cette densité minérale osseuse (DMO) “modérément réduite“. Alors je ne risque pas de me jeter sur l’argument du bonhomme de paille en lui faisant dire ce qu’il n’a pas dit, mais j’aimerais simplement préciser que cette DMO est un faux argument, une mesure plutôt bidon qui ne permet pas d’évaluer correctement la santé de l’os.

Je suis végétarien donc dépressif et malade ?

Un paragraphe du Cholé-doc du professeur Schlienger nous avertis que les végétariens seraient plus souvent dans un état anxio-dépressif, qu’ils feraient davantage de cancers et que globalement ils auraient plus souvent “une altération de la qualité de vie” (sic), selon une étude autrichienne.

Au départ stupéfait, j’en rigole après une lecture de l’article. Vous allez vite comprendre pourquoi. Dans les détails de la discussion, les auteurs nous préviennent que les personnes seraient peut-être devenues végétariennes à cause d’une mauvaise hygiène de vie et de problèmes de santé chronique, et non l’inverse !

Même chose pour les cas de cancers qui seraient plus élevés chez les végétariens, mais les auteurs estiment que c’est peut-être une “coïncidence” ou bien liés à d’autres facteurs (notons que la plus récente méta-analyse ne trouve pas qu’être végétarien donne le cancer…)

Concrètement, les chercheurs ne savent tous simplement pas dans quel sens ça va et qui est la cause de quoi. Ces derniers confessent “qu’aucune conclusion ne peut être faite si la moins bonne santé des végétariens dans notre étude est causée par leur habitude alimentaire ou s’ils deviennent végétariens en raison d’un mauvais état de santé“. Bingo !

C’est exactement la même chose pour les études réalisées sur les obèses et le petit-déjeuner ! Elles montraient que les personnes en surpoids avaient tendance à ne pas prendre de petit-déjeuner, et d’en conclure que sauter ce repas faisait grossir ! Mais c’était oublier le sens de la causalité… Et si les personnes en surpoids avaient justement décidé de sauter le premier repas de la journée pour perdre du poids ?

Bref, voilà encore une petite approximation dans l’interprétation de la littérature scientifique afin de crier au loup sans véritable fondement scientifique. C’est dommage !

La ligne rouge

Après la lecture du document du Pr Schlienger on reste sur sa faim. Ok, le régime végétarien semble prometteur. Ok, le régime végétarien bénéficie de nombreuses études positives (mais discutables, on est d’accord). Ok, le régime végétarien semble être une alternative saine pour rester ou être en bonne santé. Pourtant, le professeur n’a pas l’air d’aimer ce régime.

Pourquoi Professeur ? Dites-nous tout, on vous écoute !

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18 commentaires
  1. Bonjour,
    Vos articles donnent à réfléchir. Se demander quelle est la motivation réelle des auteurs des “études” qu’on nous balance à longueur de temps est certainement un premier pas indispensable. Mais, de grâce, soigner votre orthographe! Faites au moins l’effort de vous relire, car votre message perd beaucoup de son impact à cause de toutes ces fautes…
    Amitiés.

    1. Merci pour ce commentaire Rudy, et je pense que je vais porter plainte contre l’éditeur de mon logiciel qui est censé “trouver” toutes mes fautes. Mais on va dire que certains docteurs travestissent les études scientifiques avec une orthographe parfaite et moi je ne travestis aucune étude mais avec une orthographe qui laisse à désirer ! Mais je m’améliore, je crois… ;)

      1. Jérémy, je vais dans le sens de Rudy. Demandez à un(e) ami(e) de vous relire avant de publier. Ca prend quelques instants de corriger l’orthographe d’un texte.

      2. Merci Olivier ! Je vois que le fameux serpent de mer “demandez à un ami” refait surface ainsi que le “ça ne prend que quelques instants”. Mais le problème, c’est que ce n’est pas si simple de faire régulièrement des dizaines de pages par quelque’un qui réponde en temps et en heure pour les publications. Et pour moi, ça ne ce fait pas en quelques instants puisque les fautes, je ne les vois pas ! Zut, j’ai l’impression que la critique des fautes d’orthographe est plus intéressante que l’article en lui-même ! J’ai écrit une thèse de 500 pages, probablement gavée de fautes, mais ils ont été sympa dans le jury et ils me l’ont quand même donné !^^

  2. Claudie
    Je pense que Rudy devrait également se relire avant de dénoncer les fautes de Jérémy!!! Il y en quand même 1 de belle sur la deuxième ligne de son message : “soigner” votre orthographe au lieu de soignez … ! Facile de critiquer, mais…!

      1. J’aurai, pas j’aurais. Futur, pas conditionnel. C’est vrai que les logiciels d’orthographe peuvent etre hyper emm&^%$££, surtout quand on utilise plusieurs langues!

  3. article intéressant, bon décodage de certains articles de certains professeurs.
    je suis végétarienne au secours.
    pour les fautes ça ne me dérange aucunement le principal c’est le fond de la pensée qui prime.
    merci Jérémy

      1. Je suis tombée sur ce texte via FB, où tout un tas de commentateurs s’insurgeaient, sans je pense avoir lu l’article mais sur la base du titre & chapeau, vous traitant de suppôt des lobbies de l’industrie. J’ai un peu regardé le site et vous m’avez plutôt eu l’air d’être sérieux, mais c’est d’autant plus dommage de ne pas l’être entièrement: pour ma part je crois pas que pour s’exprimer clairement on gagne à bien maîtriser la langue, c’est pourquoi je m’insurge contre cette idée selon laquelle ‘boh, c pas important’. Le lecteur se focalise d’autant mieux sur le sujet qu’il n’a pas à deviner les approximations ou corriger mentalement les erreurs.
        Exemples? j’ai relu vite l’article sans en trouver d’autre que ‘SUSPENS(e)”. Il me semblait pourtant avoir vu une faute de conjugaison (pluriel au singulier), peut-être corrigée depuis, et si c’est le cas c’est bien à votre honneur de faire des efforts :)
        Par contre sur votre page ‘à propos’ on trouve par ex: ‘Le rhumatologue DU s’y prendre à deux fois avec le test de capacité respiratoire’

  4. Je m’en fiche de vos fautes d’orthographe, seul à qualité de vos commentaires et réflexions m’intéresse. Merci pour tout ce que vous nous apportez.

  5. L’argument selon lequel de nombreux vegetariens le sont devenus sur le tard, suite a des problemes de sante (diabete, cancer, maladies cardiovasculaires…) est tout a fait fonde. Je le vois tous les jours: ‘Comment, tu as un cancer et tu continue a manger de la viande, du poisson, des oeufs? Tu ne fais aucun effort pour guerir!’.
    Beaucoup de vegetariens egalement, surtout les jeunes, le sont par manque d’argent, et de temps pour cuisiner (ou carrement de cuisine, cf les colocations avec 1 petite cuisine pour 4, 5, 6 colocataires): beaucoup se nourrissent essentiellement de cereales de petit dejeuner, de barres aux cereales, de sandwiches,de pizzas, de viennoiseries, muffins, bagels et autres, de cappuccino, latte, coca cola… et d’alcohol. C’est aggrave par les lourds horaires de boulot et le peu de choix dans les superettes, si vous habitez dans une grande ville. En Angleterre j’ai aussi connu des gens qui ne mangeaient rien le vendredi, parce qu’ils voulaient ‘economiser’ leurs calories pour la beuverie du weekend, et quand j’etais etudiante, j’ai moi meme reussi a me ‘nourrir’ presque exclusivement de cafe sucre!
    Le probleme de la sante mentale des vegetariens, c’est un peu la poule et l’oeuf. Ayant longtemps vecu en colocation, j’ai appris a eviter les vegetariens et surtout les vegetaliens: je n’en ai connu qu’une poignee qui n’etaient pas ‘bizarres’. Si j’exclus les indiens, dans leur immmense majorite, les vegetariennes ‘equilibrees’ etaient… medecins ou pharmaciennes! Elles savaient ce qu’elles faisaient, notamment pour eviter les carences en vitamine B12 etc. Elles avaient pris la decision de devenir vegetariennes par souci de l’environnement et des animaux. C’etaient aussi toutes des ecolos :)

  6. Ce que ce monsieur “oublie” de dire, comme c’est bien pratique, c’est que de nombreux anorexiques cachent leur maladie en prétendant être végétariens ou végétaliens. Pas étonnant alors qu’il y ait de tels rapports inquiétants sur la santé mentale de ces personnes, s’il n’a pas été vérifié au préalable qu’il s’agit de vrais végétariens plutôt que de gens qui en réalité souffrent de troubles alimentaires.

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