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Résumé de l’article: cette enquête étant particulièrement longue, en voici les points essentiels. L’ostéoporose est une maladie du squelette dont le diagnostic et le traitement ont été officiellement établi par l’OMS en 1994, par un groupe d’experts dont la moitié étaient en situation de conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique. A partir de là, un marché énorme s’ouvre pour traiter un maximum de personnes pour ce simple facteur de risque. Les congrès internationaux sponsorisés par les firmes pharmaceutiques se multiplient, les molécules sont testées, évaluées et recommandées par les mêmes experts, qui sont fortement payés par ces firmes (consultants, conférenciers, conseillers, etc.) La situation est telle que des études sponsorisées par les laboratoires évitent de mentionner les effets indésirables graves des molécules. Les laboratoires se battent, et utilisent leur influence, pour obtenir les meilleurs taux de remboursement possible. Au final, les précédents scandales sanitaires risque de ce répéter, car la machine industrielle est parfaitement rodée. Accablant.

fractures-osteoporose-servier-lait-pharmaceutique

Du 26 au 29 mars s’est tenu le plus grand congrès international sur l’ostéoporose, organisé par la Fondation internationale contre l’ostéoporose (IOF) et la Société européenne des aspects cliniques et économiques de l’ostéoporose et l’ostéo-arthrite (ESCEO).

Ce congrès réuni les sommités scientifiques qui travaillent sur cette maladie mais également l’ensemble des laboratoires pharmaceutiques qui retirent des bénéfices de son diagnostic et de son traitement. L’ostéoporose, c’est une maladie controversée du squelette caractérisée « par une diminution de la masse de l’os et une détérioration de la structure interne du tissu osseux » selon l’Inserm.

La portée internationale de ce colloque n’aura pas échappé à Science & Avenir, le mensuel français centenaire tiré à plus de 290.000 exemplaires, et dont la page Facebook arbore fièrement près d’un million de “fans“.

C’est ainsi que le 29 mars, Sciences & Avenir publiait un article nommé « Ostéoporose : tout pourrait bien se jouer avant 18 ans » dans lequel l’auteur relate les propos tenus lors d’un symposium (un séminaire) organisé par le Centre de recherche et d’informations nutritionnelles (Cerin) et animé par deux professeurs, messieurs Jean Yves Reginster et René Rizzoli.

Cet article indique très clairement que si l’on augmente sa masse osseuse de 10% « de la puberté vers l’âge de 18 ans » cela permettrait de « réduire de 50% le risque de fracture 40 ans plus tard », citant le Pr. Reginster.

Pour y parvenir, et bénéficier ainsi d’un risque de fracture moindre, la meilleure solution réside dans la consommation de produits laitiers, qui seraient l’apport essentiel en calcium selon Sciences & Avenir.

Les produits laitiers seraient, toujours selon notre mensuel centenaire, « les plus faciles à consommer par les jeunes » surtout grâce à un « coefficient d’absorption intestinale élevée ».

Sans s’en rendre réellement compte, Sciences & Avenir vient de relayer la sainte parole de l’industrie pharmaceutique et laitière, en diffusant des informations extrêmement douteuses, émanant d’un congrès international soutenu par les intérêts économiques de la filière du lait et du médicament.

Explications de cette affaire, qui a tout pour devenir un futur scandale.

Le congrès de Milan : LE rendez-vous des firmes

Le congrès international sur l’ostéoporose, c’est avant toute chose la plus grande vitrine internationale des laboratoires pharmaceutiques, et à moindre mesure des grands groupes laitiers, pour faire la promotion de leurs produits (lait et dérivés, et médicaments).

Une simple visite sur le site officiel du colloque de Milan nous permet de prendre connaissances des nombreux sponsors présents (et leurs molécules) :

Servier (Protelos), Meda, Abiogen Pharma, Amgen (Prolia), Merck Sharp and Dohme (MSD, Fosamax), Hologic, Medi, Takeda, Danone, BioPharma, Medimaps, AgNovos, Alexion, Lilly (Forsteo), Bindex, NovaMedical, Wisepress, Echolight, Roche (Bonviva), Oscare Medical ou encore Scanco Medical.

Toutes ces sociétés ne font pas que participer financièrement à la réalisation de ce congrès : certaines possèdent un temps de parole, avec un symposium entièrement dédié, pour prêcher sa paroisse à l’ensemble des participants du congrès (scientifiques, professionnels de la santé et de la santé publique, décideurs, etc).

Le programme de ces 4 journées nous indique par exemple que le Cerin et le Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière (Cniel), deux célèbres sous-marins de l’industrie laitière française, ont organisé un symposium intitulé « Les produits laitiers et la santé osseuse : changer les faits et les croyances en pratique clinique ».

Les informations issues de l’article tendancieux de S&A émanent directement de ce symposium, sponsorisé par l’industrie laitière… Car le Cerin et le Cniel ne sont rien d’autre que des créations de l’industrie laitière.

Sur le site du Cerin, nous apprenons que ce dernier représente le « département santé de l’interprofession des produits laitiers » dont la mission est de donner « aux professionnels de santé et de santé publique, ainsi qu’aux journalistes une information nutritionnelle complète et validée, sur le lait et les produits laitiers […] ».

Le Cniel, ou la Maison du lait, ne fait guère mieux puisque sa mission principale est de « promouvoir collectivement le lait et les produits laitiers », auprès de vous, chers consommateurs, afin de contribuer « au développement des ventes ». Le Cniel est également là pour défendre la sainte potion, il doit, et je cite, « anticiper les attaques contre le secteur et y répondre en s’appuyant sur une expertise scientifique incontestable. »

Ce fameux séminaire, dont le Cerin en fait officiellement la publicité sur son site dédié, possède un 3ème sponsor : la Gobal dairy plateform (GDP), qui a été créé « pour promouvoir et protéger les positions de la filière du lait », dont la mission principale est « d’offrir la connaissance, la formation et les réseaux permettant à l’industrie laitière mondiale de promouvoir et de soutenir le lait et les produits laitiers ».

D’après les premiers éléments de cette enquête basique, il apparaît que les informations issues de ce symposium, organisé par les représentants scientifiques et économiques de l’industrie laitière, sont sujettes à caution et doivent être prises avec des pincettes, si j’ose dire.

Comment est-il alors possible que les journalistes de S&A n’aient pas pris la peine de vérifier la source de ces informations ? Surtout à l’ère du tout numérique, où l’information est accessible facilement et pour tous. Passons.

Alors bien sûr, le colloque de Milan ne s’arrête pas au seul symposium du Cerin et du Cniel, non, celui-ci est rempli de conférences « sponsorisés par l’industrie », à un point tel que les symposiums « non sponsorisés par l’industrie » sont explicitement indiqué dans le programme officiel.

Les laboratoires Eli Lilly, Meda AB, Takeda, MSD, Amgen, Servier ou Alexion, bénéficient, comme le Cerin et le Cniel, d’une salle dédiée pour diffuser l’information qu’ils souhaitent (dont on peut facilement imaginer la teneur) aux auditeurs, et c’est normal, puisqu’ils payent pour cela.

Un congrès organisé par qui ?

Je le disais au début de ce billet, c’est l’IOF et l’ESCEO qui organisent ensemble cet énorme congrès. Ces deux associations entretiennent des relations très étroites avec l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire, et vous allez découvrir qu’elles sont au cœur d’un système extrêmement bien ficelé.

La mainmise de l’IOF

Pour l’IOF, les liens avec des sociétés privés sont immédiats, limpides et fracassants.

Nous retrouvons la totalité des acteurs commerciaux (laboratoires pharmaceutiques et sociétés agroalimentaires) présents lors du congrès de Milan :

  • Le groupe MSD sponsorise la prévention des fractures secondaires de l’IOF
  • Les laboratoires Eli Lilly financent les congrès de l’IOF sur la recherche scientifique portant sur l’ostéoporose
  • Le groupe Fronterra, ce géant Néo-zélandais du lait qui regroupe plus de 16.000 producteurs de lait, soutient l’IOF pour « éduquer le public sur la santé osseuse ».

Le seul et unique but de cette corporation internationale (Fronterra) est de « rendre les produits laitiers disponibles pour des millions de consommateurs dans plus de 140 pays, tous les jours », d’après leur position officielle.

Leur mission est presque d’utilité publique puisqu’il juge les produits laitiers comme « un produit naturel et pur avec un potentiel illimité et des possibilités nutritionnelles encore à explorer ».

Pour mener à bien leur mission, le groupe Fronterra s’est entouré des plus grandes firmes de la planète. En 2003 naissaient ainsi les Partenaires laitiers américains (DPA) résultat d’une alliance avec le géant Nestlé.

3 ans plus tôt, le géant Kiwi du lait avec les Laitiers américains (DFA) formaient le groupe DairiConcepts pour « développer, produire et distribuer des ingrédients à base de produits laitiers et de fromages pour l’industrie laitière ».

Finalement, Fronterra a réalisé en 2005 et 2006 le même type de partenariat avec l’industrie laitière Sud-africaine et allemande.

  • Pour terminer la partie sponsors de l’IOF, le géant Pfizer soutient l’IOF durant les campagnes « Love your Bones » (« Aimez vos os »), et le laboratoire Takeda qui commercialise le Benet soutient le développement d’un nouveau calculateur de besoin en calcium.

Mais les relations entre l’IOF, cette fondation internationale contre l’ostéoporose, avec les firmes pharmaceutiques ne s’arrêtent pas là.

Les firmes pharmaceutiques disposent d’une place privilégiée au sein de la fondation. Ainsi, l’IOF dispose d’un comité de conseil entièrement dédié et siégé par l’industrie du médicament.

Ce comité est présidé par M. Glenn Dow, le directeur général du marketing du secteur ostéoporose du groupe Merck, avec comme vice-président, Mme Laurence Alliot, la directrice de la communication médicale au niveau international du groupe Servier.

Parmi les industriels présents, nous retrouvons nos géants précédemment cités, Fronterra, Nestlé, Servier, Takeda, etc., mais également Danone, GSK, Amgen et consoeurs.

Ce comité composé d’industriels avec des intérêts privés au sein de l’IOF n’existe dans le seul but de « promouvoir la santé des articulations, des muscles et des os ». C’est une évidence, bien entendu.

Où est dépensé l’argent de l’IOF ?

Dans le rapport d’activité 2013 de la Fondation internationale (en PDF ici), nous apprenons dans quel cadre est investit l’argent de la fondation.

Près d’1,8 millions d’euros et 770.000 € ont été dépensés pour la réalisation de « congrès scientifique de niveau international » (IOF Annual report p.33) à l’image de celui de Milan, en 2012 et 2013.

Plus de 300.000 € ont été investit en 2012 et 2013 directement auprès des organismes de recherche et des scientifiques, afin de “soutenir la recherche innovante”.

L’IOF a également financée à hauteur de 290.000 et 240.000 € des formations professionnelles, probablement à destination des professionnels de la santé.

Près de 240.000 € ont servi en 2012 à « convaincre les décideurs » mais également pour « augmenter les capacités du réseau de l’IOF à faire pression (to lobby) sur les changements de politique ». En 2013, 190.000 € ont été attribué à cette tâche.

Une catégorie spéciale “la famille IOF” existe, avec encore une fois des mouvements financiers très important. En 2012,  780.000 € ont été dévolu dans le but “d’étendre le réseau”, de “rendre service” aux membres (340.000 € tout de même), et de réaliser des conférences et des colloques en internes. Près d’1 million d’euros ont été dépensé en 2013 pour cette catégorie.

Finalement, plus d’1,2 millions d’euros auraient été dépensé par l’IOF en 2012 (seulement 600.000 € en 2013) afin d’aider les membres à :

  • Améliorer les connaissances du grand public
  • Développer des programmes éducatifs
  • Acheter du matériels

La page 34 de ce rapport d’activité recense l’ensemble des partenaires industriels, et leur répartition internationale dans tous les domaines touchés par l’IOF.

Les partenaires industriels de l’IOF y sont expressément remercié, notamment pour “les bourses à caractère éducatifs illimitées apportées en 2013”.

Nous apprenons ainsi que la “journée mondiale de l’ostéoporose” organisée par l’IOF est soutenue par le géant laitier néo-zélandais Fronterra, mais également par les laboratoires Pfizer Consumer Healthcare, Amgen, GSK, Eli Lilly, MSD, Nestlé et Takeda.

Ce rapport nous indique également que la “22ème édition des formations professionnelles avancées sur l’ostéoporose”, organisée à Genève, est sponsorisée par Lilly, qui commercialise le Forsteo, un médicament à base de parathormone pour lutter contre le risque de fracture.

Dans la grande catégorie “Education des professionnels de la santé et Recherche”, c’est le groupe Servier qui sponsorise des programmes de tutorats pour les jeunes chercheurs, tandis que Pfizer s’occupe du volet “vitamine D” et les firmes Amgen, GSK, ou encore MSD financent des groupes de travail.

Même les sites internet de l’IOF seraient financés par les laboratoires Servier et Warner Chilcott d’après cette brochure.

Mais l’IOF n’est jamais la seule pour organiser ces événements internationaux.

l’ESCEO, fidèle partenaire de l’IOF

Rien ne transpire réellement sur le site de cette société européenne, si ce n’est la composition des membres du bureau (dont la quasi-totalité des noms et du fonctionnement est expliqué plus loin) et une liste des publications scientifiques.

Pour autant, les objectifs de l’ESCEO sont clairement identifiés.

Cette association est « dédiée à entretenir des relations étroites entre les médecins-chercheurs, les laboratoires pharmaceutiques qui développent de nouvelles molécules, avec les autorités de régulation des médicaments et les rédacteurs des recommandations de santé ».

L’ESCEO se place d’une certaine manière sur la même ligne de conduite que son partenaire l’IOF, où l’objectif est de créer des liens entres tous les maillons de la chaîne du médicament: de l’autorisation de mise sur le marché, avec les publications scientifiques à l’appui, jusqu’à la commercialisation et la recommandation des nouveaux produits.

L’ESCEO serait-elle une entremetteuse privilégiée pour les firmes pharmaceutiques ?

Bref, sur son site officiel, nous apprenons que l’association propose des bourses d’encouragements décernées lors des congrès internationaux, comme celui de Milan, avec le soutien financiers des firmes pharmaceutiques.

Ainsi, Merck qui commercialise le Fosamax offre deux bourses de 11.500 € pour des médecins-chercheurs, tandis que le laboratoire Amgen qui commercialise le Prolia offre 4 bourses de 40.000 € pour des jeunes chercheurs.

Eli Lilly qui commercialise le Forsteo offre également quelques centaines de milliers d’euros à toutes les personnes qui rentrent dans leur critère de sélection (entrée gratuite, etc).

Les sommes sont tout simplement pharaonique, tous les laboratoires y prennent part, mais ce n’est pas tout, nous sommes encore dans la partie émergée de l’iceberg.

Un congrès, des “amis”, des “médailles” et de l’argent

Vous l’avez maintenant compris, ces colloques internationaux sont l’occasion rêvé pour les laboratoires pharmaceutiques et les compagnies agroalimentaires de faire valoir le bien fondé de leur produit et service, et de proposer des récompenses à de nombreux chercheurs, jeunes et moins jeunes, sous la forme de “médailles” et compensation financière.

Attention, on parle de sommes vertigineuses : des centaines de milliers d’euros sont dépensés par les firmes pharmaceutiques pour financer ces remises de récompenses. Tout cela est absolument normal dans le milieu, et l’on peut dire que plus c’est gros, plus ça passe.

Cette machinerie marketing et scientifique parfaitement huilé, fonctionne avec l’appui de véritable “hommes-orchestres”, un quatuor omniprésent, qui occupe tous les postes à responsabilité :

  • Jean-Yves Reginster
  • John A. Kanis
  • Cyrus Cooper
  • René Rizzoli

Ces 4 hommes, tous médecins et scientifiques, ont des rôles clés dans cette folle histoire, dont il assure la pérennité.

Accrochez-vous bien, car en termes de prises de poste à responsabilité, de cadeaux mutuels, et d’engagement auprès des firmes pharmaceutiques, notre quatuor est à un niveau qui peut dépasser la raison.

JYR1. Reginster

Il est le co-fondateur de l’IOF, la Fondation internationale contre l’ostéoporose (financée par les firmes pharmaceutique, pour mémoire). Il est également le Président du comité des sociétés nationales de l’IOF qui regroupe des sociétés avec des intérêts financiers dans le traitement de l’ostéoporose.

Ne s’arrêtant pas à la seule IOF, il est également le Président de l’ESCEO, mentionnée plus haut, une société qui entretient des liens étroits avec les laboratoires pharmaceutiques.

Le Pr. Reginster est également membre du conseil scientifique du Bone Belgium Club, une association qui fonctionne exactement de la même manière que les précédentes : tous les sponsors sont des sociétés pharmaceutiques (Danone compris) qui commercialisent des médicaments contre l’ostéoporose.

A cela, s’ajoute un poste de membre d’un conseil scientifique, mais cette fois-ci du WCO, l’association en charge d’organiser les congrès internationaux sur l’ostéoporose (Milan en est un exemple), avec la double casquette d’examinateur des résumés : autrement dit, il sélectionne les résultats scientifiques qui seront présentés lors du congrès.

Le Pr. Reginster a par ailleurs été le Président de 6 séminaires et a donné 3 présentations orales lors du congrès de Milan, toujours lors de symposiums sponsorisés par les industriels du secteur.

Pour clôturer le tout, M. Reginster a été le lauréat d’une récompense très particulière: le prix Pierre D. Delmas à hauteur de 40.000 €. Ce prix est entièrement financé par le groupe Servier, et a été crée à la suite de la mort du Pr. Delmas, lui-même un fidèle et notoirement connu consultant de Servier).

Le groupe Servier commercialise le très controversé Protelos contre les risques de fractures, je vous le rappelle.

Si l’on s’attarde sur les potentiels conflits d’intérêts de M. Reginster avec les firmes pharmaceutiques, on y perd tout simplement son latin.

Pour M. Reginster, je vais prendre pour exemple une étude publié en 2013 à propos de l’ostéoporose, qui a été écrit au nom de l’ESCEO et qui liste, tant bien que mal, les conflits d’intérêts du professeur [1].

Ainsi, M. Reginster a perçu de l’argent en tant que consultant, membre des comités de conseils, qu’orateur mais également pour avoir reçu des bourses de recherche de la part des laboratoires suivants :

Servier, Novartis, Negma, Lilly, Wyeth, Amgen, GlaxoSmithKline, Roche, Merckle, Nycomed, NPS, Theramex, UCB, Merck Sharp and Dohme, Rottapharm, IBSA, Genevrier, Teijin, Teva, Ebewee Pharma, Zodiac, Analis, Novo-Nordisk, and Bristol Myers Squibb.

Ces 25 sociétés commerciales qui ont, d’une manière ou d’une autre, rétribué M. Reginster, ont toutes des intérêts économiques avec des produits ou des services commercialisés pour diagnostiquer ou lutter contre l’ostéoporose.

Une étude plus récente, publiée en 2014 par M. Reginster uniquement, nous donne un aperçu plus précis des liens d’intérêts qu’il entretient avec l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire [2].

Le Pr. Reginster aurait donc reçu de la part de 16 laboratoires pharmaceutiques des compensations financières pour avoir siéger dans leur comité, en tant que consultant [3].

Il aurait également reçu de la part de 20 laboratoires différents, avec Danone, des honoraires en tant que conférencier sur invitation directe des sponsors [4].

Finalement, 17 sociétés pharmaceutiques et encore une fois Danone auraient fourni des bourses, des aides, ou des subventions de recherche à M. Reginster [5].

C’est une 3ème étude publiée en 2012, financée par Novartis Pharma qui commercialise l’Aclasta et le Reclast sur les risques de fractures, qui nous indique que M. Reginster a également été payé en tant que consultant, conférencier et conseiller par Nestlé, ce qui complète plutôt bien ce palmarès [6].

Vous allez découvrir que les 3 autres membres du quatuor sont du même niveau.

kanis-oms-osteoporose-fractures-servier2. Kanis

Le second de ce quatuor, M. Kanis, est tout simplement le Président de l’IOF, mais également le Vice-président ET l’un des membres du conseil scientifique de l’ESCEO. Rien que ça.

Au sein du congrès de Milan, Kanis occupe les mêmes postes clés que Reginster puisqu’il est membre du conseil scientifique et examinateur des résumés scientifiques soumis et sélectionnés lors du congrès (ici en détail le programme du congrès de Milan 2015).

Au sein du congrès de Milan, M. Kanis a participé à plusieurs séminaires sponsorisés par les firmes pharmaceutiques en tant que Président (2 fois) et conférencier (4 fois).

Dans l’historique des récompenses attribuées à M. Kanis, il nous est impossible de louper le prix Pierre D. Delmas de Servier, toujours de 40.000 €, attribué en 2011, ainsi qu’une « médaille d’accomplissement » offerte par l’IOF en personne, avec un chèque de 1.500 € à la clé.

Croyez-le ou non, mais M. Kanis est également le directeur du Centre de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour les maladies métaboliques de l’os de l’université de Sheffield (Royaume-Uni). Il est notamment l’un des conseillers de l’OMS lors des études sur l’ostéoporose.

L’OMS développe d’ailleurs un outils en ligne pour diagnostiquer les cas d’ostéoporose. Le développement de cet outils est supervisé par M. Kanis, et soutenu par Merck, comme nous l’indique le rapport d’activité de l’IOF, en page 34.

Et qu’en est-il des conflits d’intérêts de M. Kanis ?

Sans surprise aucune, et pour avoir autant de postes clés dans les différentes associations influentes du milieu, M. Kanis a entretenu et entretien des liens privilégiés et commerciaux avec toutes les plus grandes firmes pharmaceutiques et associatives de la planète, qui possèdent des intérêts financiers dans le diagnostic et le traitement de l’ostéoporose.

Consultant, conférencier, membre des comités scientifiques et de conseil ou encore auteur de travaux scientifiques sponsorisés par l’industrie, M. Kanis place la barre très haut.

En plus de ces conflits d’intérêts avérés et assumés [7] [8], le Pr. émérite possède des actions dans pas moins de 10 firmes pharmaceutiques qui ont des liens directes avec l’ostéoporose. Parmi ces laboratoires, nous retrouvons GSK, Lilly, Novo-Nordisk, Procter & Gamble ou encore Merck (voir note n°7).

Il nous en reste encore deux.

cooper-oms-osteoporose-fractures-servier3. Cooper

Il est le Président du comité scientifique de l’IOF, en charge de superviser la veille scientifique assurée par la fondation internationale, avec une casquette supplémentaire en tant que membre du conseil scientifique de l’ESCEO aux côtés de Kanis (membre et Vice-président) et de Reginster (le Président).

Cooper est aussi le co-président du comité scientifique du WCO, et comme ces 2 confrères précédents, il est également l’un des examinateurs des résumés scientifiques proposés lors de ce congrès.

Cooper s’est exprimé 4 fois lors du congrès de Milan, toujours dans des séminaires sponsorisés par les firmes pharmaceutiques.

Finalement, et pour éviter de créer des envieux entre les membres du quaturo, M. Cooper a reçu en 2012 la fameuse « médaille d’accomplissement », toujours accompagnée d’un chèque de 1.500 €, ainsi que le très célèbre prix Pierre Delmas de Servier, en 2014, et toujours à hauteur de 40.000 €.

Au niveau des conflits d’intérêts, comment faire simple ? Vous prenez les deux précédents, vous mélangez, vous tirez des laboratoires au hasard et vous aurez une idée assez précise des liens d’intérêts de M. Cooper.

M. Cooper possède autant de conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique que les précédentes personnalités citées [9]. Il a donc occupé des postes de consultant, de conférencier et de membre de comités scientifiques ou de conseils pour des firmes qui tirent des bénéfices du diagnostic et du traitement de l’ostéoporose (MSD, Servier bien sûr, Novartis, Lilly ou encore Amgen).

Tout comme le Pr. Kanis, M. Cooper est également sollicité par l’OMS en tant que « conseiller temporaire » pour traiter les questions de l’ostéoporose (voir lien précédent dans la partie dédiée à M. Kanis). Il est présent dans la quasi-totalité des groupes de travail de l’OMS, un point détaillé plus tard.

On termine avec le dernier membre du quatuor.

rizzoli-oms-osteoporose-fractures-servier4. Rizzoli

Il est le trésorier de la Fondation internationale contre l’ostéoporose (IOF), mais également le Président du comité scientifique de l’ESCEO.

Aux côté du Pr. Cooper, M. Rizzoli est le co-président du comité scientifique du congrès de Milan, et, comme les 3 autres, il est examinateur des résumés scientifiques soumis pour participer au colloque international.

Rizzoli a été Président et conférencier lors de séminaires sponsorisés par des firmes pharmaceutiques, à 2 et 3 reprises respectivement.

Afin de mettre le quatuor sur le même pied d’égalité, M. Rizzoli a reçu en 2012 les 40.000 € du groupe Servier, ainsi que le chèque de 1.500 € de la part de l’IOF.

Ces hommes-là rédigent des recommandations de santé

Je pense vous avoir apporté la preuve, avec ces longs relevés minutieux et parfois pénibles des conflits d’intérêts, des relations très étroites qu’entretiennent ces 4 hommes avec les firmes pharmaceutiques.

MM Rizzoli, Reginster, Kanis et Cooper ont des postes clés dans le diagnostic et le traitement de l’ostéoporose et l’ostéoarthrite. Mais également dans la production de savoirs scientifiques et médicaux (ils ont signé des centaines d’articles) et dans le partage de ces connaissances, en maîtrisant parfaitement et méthodiquement les relations entre les laboratoires pharmaceutiques, les médecins-chercheurs et les autorités de santé publique.

Pour couronner le tout, MM. Rizzoli, Reginster et Kanis appartiennent à un groupe très particulier, le GREES (Group for the respect of ethics and excellence in science), qui possède un rôle stratégique : ce groupe rédige des recommandations officielles sur la réglementation des traitements de l’ostéoporose, de l’ostéoarthrite ou de la polyarthrite rhumatoïde.

Selon une enquête de Médiapart de 2012, le GREES « réactualise aussi les directives concernant le diagnostic et le traitement de l’ostéoporose postménopausale. […] »

Le GREES, c’est tout simplement la quintessence du lobbying sous fond de conflits d’intérêts.

Vous ne trouverez aucune information sur la toile à propos de ce groupe, seulement des articles scientifiques : les fameuses recommandations de santé.

Pour les rédiger, ce groupe n’est pas seulement composé de MM. Rizzoli, Reginster et Kanis, déjà lourdement soutenus par l’industrie pharmaceutique, mais également de salariés desdites firmes pharmaceutiques.

Ainsi, en 2006, le GREES publiait un article dans la revue Osteoporosis international (éditée par l’IOF) demandant plus de « transparence, d’éthique et de relations fructueuses entre les scientifiques et l’industrie pharmaceutique » [10].

Un comble quand l’on apprend que parmi les 19 auteurs, seulement 2 ne présentent aucun lien d’intérêt financier ou moral, tandis que les 17 restants sont fortement et notoirement liés à de nombreuses sociétés pharmaceutiques.

En effet, sur les 17 auteurs présentant des conflits d’intérêts, 10 sont tout simplement des employés des firmes pharmaceutiques (Novartis, Eli Lilly, Rottapharm, Amgen, UCB Pharma ou encore Sanofi Pasteur MSD).

Parmi les auteurs restant, un certain M. Kaufman, médecin-chercheur largement sponsorisé par des dizaines de laboratoires pharmaceutiques [11] et également membre de la commission de remboursement des médicaments des autorités de santé belge.

Je me rends bien compte que la liste des noms de médecins-chercheurs tissant des liens avec l’industrie s’allonge péniblement, mais deux nouveaux viennent s’y rajouter : Olivier Bruyère et Jean-Jacques Body.

Bruyère fait lui aussi parti du GREES, avec le même niveau ahurissant de conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique : il est membre du Belgian Bone Club, il fait parti du conseil scientifique de l’ESCEO et de l’IOF mais occupe également une place en tant qu’expert au sein de l’Anses, l’agence de santé publique française, et de l’Efsa, l’agence de sécurité alimentaire européenne [12].

Bruyère a également participé au fameux colloque de Milan, dans le symposium sponsorisé par l’industrie laitière française, afin de parler de la consommation de produits laitiers et de la prévention du risque de fracture et de l’ostéoporose (voir la page 28 du programme officiel du congrès de Milan).

Body, le 2ème nom qu’il faut retenir, est quant à lui le Président du Belgian Bone Club.  Il est aussi membre du conseil scientifique de l’ESCEO, mais atteste également d’honoraires perçus par l’industrie pharmaceutique en tant que consultant et conférencier, avec bien sûr des bourses pour réaliser des travaux scientifiques [13].

Pourquoi faut-il retenir ce nom ? Car il lui aussi a donné une conférence à Milan à propos des produits laitiers sur les « faits et la fiction » les concernant, toujours sous la bienveillance des sponsors : le Cerin, Cniel, et le GDP. On imagine très bien la justesse, l’indépendance et l’objectivité du discours de M. Body sur les produits laitiers.

Quand l’OMS perd son indépendance

oms-who-osteoporose-sante-fracturesVous l’appreniez quelques instants plus tôt, certaines personnalités citées (M. Kanis et Cooper entre autre) participent également à rédiger les recommandations médicales et thérapeutiques de l’OMS à propos de l’ostéoporose et tout ce qui s’y rapproche.

Depuis 1994, plusieurs groupes de travail se réunissent sous l’égide de l’OMS pour définir les critères de traitement de l’ostéoporose.

Cette première commission, qui bénéficie de l’aura internationale et supposée indépendante de l’OMS, qui s’est réuni en 1994, était déjà présidée à l’époque par M. Kanis (PDF/OMS-1994), et c’est bien elle qui a établie les premiers critères, décrits comme arbitraires, de détection de l’ostéoporose.

C’est toujours grâce à l’enquête réalisée par Médiapart que nous apprenons que sur les 14 membres en charge de la rédaction de ce rapport technique au moins la moitié « étaient ou sont devenus des consultants des firmes pharmaceutiques directement concernée » [14].

Au moins la moitié, car d’après mes recherches sur ce groupe de travail, ce ne sont pas moins de 10 personnes sur 14, et non la moitié, qui étaient ou sont devenus des consultants pour l’industrie pharmaceutique : MM. Burkhadt, Christiansen, Cooper, Delmas, Johnell, Kanis, Lips, Melton, Meunier et Seeman.

Comme le mentionne très justement le journaliste de Médiapart, ce groupe de travail a « bénéficié du soutien financier de la Fondation Rhône-Poulenc Rorer et des laboratoires Sandoz et Smith Kline Beecham (Rhône-Poulenc a depuis disparu dans la fusion qui a créé Aventis, qui a elle-même fusionné avec Sanofi ; et Sandoz est une filiale de Novartis). ».

Malheureusement, l’histoire a tendance à se répéter et on ne change pas une équipe qui gagne.

5 ans plus tard, un groupe de travail publie au nom de l’OMS de nouvelles recommandations concernant le traitement de l’ostéoporose [15]. Ces recommandations ont été publiées dans le journal Osteoporosis international, détenu par la Fondation internationale contre l’ostéoporose (IOF), qui a elle-même co-écrit cet article en partenariat avec la Fondation nationale contre l’ostéoporose (NOF), la sœur jumelle de l’IOF, version USA, toujours avec le soutien des firmes pharmaceutiques.

Sur les 31 membres de ce groupe travail, 12 possèdaient des liens avec les firmes pharmaceutiques ou les associations (IOF, NOF, ESCEO, etc.) financées par elles. Nous retrouvons bien entendu M. Kanis, Cooper, Genant qui est consultant pour Procter et Gamble, Merck, Lilly, Pfizer, Roche et Aventis, mais également, M. Delmas, ou encore Pierre Jean Meunier.

On prend les mêmes et on recommence…

En 2003, l’OMS publie un nouveau rapport technique (PDF/OMS-n°921) sur la « prévention et le traitement de l’ostéoporose » [16].

Sur les 21 membres du groupe de travail, 7 grands noms réapparaissent, avec notamment le Pr. Genant (Président), Kanis (Vice-président) et plusieurs membres de l’IOF.

La page 164 de ce rapport concerne les remerciements adressés aux contributeurs extérieurs, mais également aux soutiens financiers éventuels. Le groupe de travail remercie donc pour leur contribution à l’écriture de ce rapport et son édition finale : M. Cooper (que l’on ne présente plus), le professeur Dawson-Hughes qui est consultant pour Amgen, Danone, GSK, Eli Lilly, Merck, Procter et Gamble (avec des actions dans la société) ou encore Servier et représentant de l’IOF, avec le Pr Melton membre de l’IOF et du NOF.

Toujours au sein des remerciements, pratiquement toutes les grandes associations médicales sur l’ostéoporose (soutenues financièrement par les firmes pharmaceutiques) sont citées pour les commentaires et les corrections apportées au rapport final.

Finalement, et pour parachever le tout, le groupe de travail admet avoir reçu le soutien financier de l’IOF et la NOF, nos deux associations reines de la lutte contre l’ostéoporose.

Cette petite camaraderie internationale, avec le concours de la célèbre Organisation mondiale de la santé, se répète en 2004 [17], et en 2007 [18] (OMS-2004 / OMS-2007, en PDF)

Ces deux rapports ne sont que des pâles copies des précédents, et les suivant risquent fort d’y ressembler. M. Kanis est toujours le Président, accompagné des fidèles du milieu associatif et pharmaceutique : M. Cooper, le Pr Pierre Delmas, ou encore M. Dawson-Hughes qui est notamment consultant chez Servier [19].

Pour ces deux rapports, émis en 2004 et 2007, 9 membres sur 15 et 12 membres sur 26 possèdent des liens avec les firmes pharmaceutiques ou le milieu associatif (IOF, NOF, etc.) soutenu financièrement par elle, respectivement.

Au-delà de la théorie du complot, de réels dangers

Rien ne sert de crier au complot à la lecture de ces nombreux conflits d’intérêts, touchant toutes les sphères de l’ostéoporose, de sa création jusqu’à son traitement.

La méthode utilisée par les firmes pharmaceutiques prend du temps à se mettre en place, mais existe belle et bien. Des sociétés internationales sont crées, elles deviennent influentes auprès de la sphère médicale, et bénéficient du large soutien financier de la part de l’industrie pharmaceutique.

Ces mêmes sociétés éditent des journaux internationaux (l’IOF possède pas moins de 4 journaux scientifiques) dans lesquels leurs poulains, qui sont également consultants, conférenciers et conseillers des firmes pharmaceutiques, y publient leurs travaux de recherches, bien souvent sponsorisés par lesdites firmes pharmaceutiques.

Les poulains des firmes se réunissent ensuite lors de symposiums internationaux, financés bien sûr par les laboratoires, et dans lesquelles ils font la promotion des molécules qu’ils ont eux-mêmes évalué et recommandé officiellement, parfois sous l’égide de l’OMS. Lors de ces symposiums, ces médecins-chercheurs aux multiples casquettes reçoivent des « médailles de mérite », des prix, ou des remerciements dont la forme financière peut aller jusqu’ à des dizaines de milliers d’euros.

Nous le savons maintenant, avec les multiples scandales qui touchent l’industrie pharmaceutique : ces relations étroites entretenues avec le milieu médical et décisionnel peuvent mettre gravement en danger la santé publique.

Bien souvent, les recherches scientifiques devant attester de l’efficacité et de l’innocuité d’un traitement minimisent les risques, pouvant aller jusqu’à falsifier des données par différentes méthodes (statistiques, échantillonnages, etc.) [20].

Le Pr. Pablo Alonso-Coello publiait une étude en 2008 qui mettait en évidence comment certaines études minimisaient ou ne mentionnaient tout simplement pas les risques d’une nouvelle molécule contre l’ostéoporose.

C’est exactement ce qu’il s’est passé en 2008, quand une équipe de médecins-chercheurs publiaient les effets du ranélate de strontium, le Protelos de Servier, sur le risque de fractures sans mentionner les effets indésirables, alors que le sponsor de l’étude était le groupe Servier [21].

Une autre étude publiée en 1999 sur le Raloxifène ne mentionnait aucun effet secondaire de ladite molécule [22]. Cette étude a été financée par le groupe Lilly, et ils précisent même que « les données ont été analysées au centre de recherche de Lilly ».

Nous sommes en droit de nous poser les mêmes questions pour le dénosumab (Prolia) de la firme Amgen. Cet anticorps monoclonal a reçu son autorisation de mise sur le marché en partie sur la base d’une étude publiée en 2009. L’étude, financée par Amgen, a été conduite par 16 chercheurs tous en situation de conflits d’intérêts avec le laboratoire, à des degrés divers.

Sur nos 16 auteurs, la firme Amgen pouvait compter sur ces consultants (9 personnes), sur ces conférenciers (7 personnes), ces membres de comité de conseil (6 personnes), et sur ces actionnaires puisque 6 auteurs possèdent des actions chez Amgen. Finalement 4 auteurs ont reçu des bourses de recherche de la part de la firme.

Le diagnostic de l’ostéoporose est lui aussi très discutable. Deux études publiées en 2010 et 2013 nous invite à la prudence, car aucun essai clinique n’aurait évalué l’efficacité et l’innocuité des méthodes de dépistage de cette maladie [23] [24].

Ces malencontreuses manipulations ou potentielles falsifications scientifiques n’impactent que bien plus tard les patients, une fois la molécule mise sur le marché, et largement distribuée, et ce sont les cas d’effets secondaires graves qui alertent les populations et les autorités sanitaires.

Le cas du Protelos de Servier : un futur scandale ?

Le groupe Servier, comme on l’a vu, est maître dans l’art d’être présent auprès des décideurs, des médecins-chercheurs et des autorités de régulation du médicament.

Le groupe est très présent lors des grands événements médicaux, il sponsorise les associations médicales influentes du milieu, mais également un parterre de médecins-chercheurs qui évaluent les molécules que le groupe peut mettre sur le marché.

Ainsi, le groupe Servier a commercialisé en 2006 en France le Protelos, une suspension buvable à base de ranélate de strontium pour lutter contre « l’ostéoporose sévère chez les femmes ménopausées et les hommes ayant un risque élevé de fracture » selon le Vidal du web.

Un an seulement après sa mise sur le marché, le Protelos de Servier est déjà placé sous surveillance renforcée par les autorités sanitaires françaises, suspecté d’être responsable de nombreux cas d’effets indésirables graves (réactions allergiques sévères, thrombose veineuse profonde ou encore embolie pulmonaire).

En 2011, le Protelos figure parmi la « liste rouge » des 77 médicaments de l’Afssaps, nouvellement l’Ansm, et la Haute autorité de santé jugeait que l’intérêt de santé publique du Protelos pouvait « être considéré comme nul ». C’est d’ailleurs durant cette année que le taux de remboursement du Protelos est passé de 65 à 30%.

En 2013, l’Agence européenne du médicament (EMA) rajoutait de nouvelles contre-indications pour le Protelos, car « des données récentes issues d’essais cliniques conduits avec Protelos montrent une augmentation du risque d’infarctus du myocarde » [25].

Finalement, et presque 10 ans plus tard après la commercialisation du Protelos – pendant lesquelles il circule toujours, le Comité pour l’Evaluation des Risques en matière de Pharmacovigilance (Prac) de l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) recommande, dès janvier 2014, « la suspension du médicament contenant du ranélate de strontium (Protelos) » du groupe Servier.

Le revue Prescrire, l’un des rares mensuels médicales totalement indépendant des firmes pharmaceutiques, publiait début 2015 les 71 médicaments à éviter du fait d’une balance bénéfices-risques défavorable. Ainsi, le ranélate de strontium du groupe Servier (Protelos) possède selon la revue ” une efficacité modeste en prévention des récidives de fractures vertébrales”, avec des “effets indésirables disproportionnés”.

La liste des effets indésirables recensés par Prescrire est impressionnante: ” troubles neuropsychiques ; troubles cardiovasculaires dont des thromboses veineuses et des embolies pulmonaires, des infarctus du myocarde, des décès d’origine cardiovasculaire ; des hypersensibilités dont des syndromes de Lyell et des syndromes d’hypersensibilité multi organique (alias Dress)”.

La revue réputée intransigeante avec l’industrie du médicament épingle également le dénosumab (Prolia) des laboratoires Amgen en prévention des fractures. Même traitement pour cet anticorps monoclonal, il bénéficierait “d’une efficacité très modeste […]” et expose les patients à “des effets indésirables disproportionnés: des
douleurs dorsales et musculosquelettiques, et des infections graves (dont endocardites).”

Nous sommes au mois d’avril 2015, et malgré toutes les mises en garde et le désaveu progressif des plus hautes autorités de santé concernant le Protelos, celui-ci est toujours commercialisé en France et en Europe. Le Prolia est quant à lui commercialisé depuis 2010 aux Etats-Unis, et toujours en circulation.

« Faut-il vraiment s’en étonner […] ? » nous disait déjà Médiapart en 2012.

Le groupe Servier vient même de gagner au début de l’année une première victoire juridique concernant la limitation du remboursement de Protelos : la cours de justice de l’Union européenne estimant que le droit européen n’avait pas été respecté.

Tout porte à croire que nous allons vers un nouveau scandale avec le Protelos, cette année, dans 5 ans ou dans 10 ans peut-être. L’histoire se répète, et étrangement, ce sont toujours les mêmes qui sont pointés du doigt, et toujours les mêmes qui en payent le prix.


Références

[1] Bruyère, O., Cavalier, E., Souberbielle, J. C., Bischoff-Ferrari, H. A., Beaudart, C., Buckinx, F., … & Rizzoli, R. (2014). Effects of vitamin D in the elderly population: current status and perspectives. Archives of public health72(1), 32.

[2] Reginster, J. Y. (2014). Cardiac concerns associated with strontium ranelate.Expert opinion on drug safety13(9), 1209-1213

[3] Servier, Novartis, Negma, Lilly, Wyeth, Amgen, GlaxoSmithKline, Roche, Merckle, Nycomed-Takeda, NPS, IBSA-Genevrier, Theramex, UCB, Asahi Kasei and Endocyte.

[4] Servier, Merck Sharp and Dohme, Lilly, Rottapharm, IBSA, Genevrier, Novartis, Roche, GlaxoSmithKline, Merckle, Teijin, Teva, Analis, Theramex, Nycomed, Novo-Nordisk, Ebewee Pharma, Zodiac, Danone, Will Pharma and Amgen

[5] Servier, Bristol Myers Squibb, Merck Sharp & Dohme, Rottapharm, Teva, Roche, Amgen, Lilly, Novartis, GlaxoSmithKline, Pfizer, Theramex, Danone, Organon, Therabel, Boehringer, Chiltern and Galapagos

[6] Boonen, S., Reginster, J. Y., Kaufman, J. M., Lippuner, K., Zanchetta, J., Langdahl, B., … & Orwoll, E. (2012). Fracture risk and zoledronic acid therapy in men with osteoporosis. New England Journal of Medicine367(18), 1714-1723

[7] Kanis, J. A. (2002). Diagnosis of osteoporosis and assessment of fracture risk.The Lancet359(9321), 1929-1936

[8] Rizzoli, R., Reginster, J. Y., Boonen, S., Bréart, G., Diez-Perez, A., Felsenberg, D., … & Cooper, C. (2011). Adverse reactions and drug–drug interactions in the management of women with postmenopal osteoporosis.Calcified tissue international89(2), 91-104.

[9] Rizzoli, R., Brandi, M. L., Dreinhöfer, K., Thomas, T., Wahl, D. A., & Cooper, C. (2010). The gaps between patient and physician understanding of the emotional and physical impact of osteoporosis. Archives of Osteoporosis5(1-2), 145-153

[10] Bruyère, O., Kanis, J. A., Ibar-Abadie, M. E., Alsayed, N., Brandi, M. L., Burlet, N., … & Reginster, J. Y. (2010). The need for a transparent, ethical, and successful relationship between academic scientists and the pharmaceutical industry: a view of the Group for the Respect of Ethics and Excellence in Science (GREES). Osteoporosis international21(5), 713-722.

[11] M. Kaufman received fees as consultant, for participating in an advisory board, as a speaker, or as clinical trial investigator, or received financial support for attending meetings from Amgen, Eli Lilly, GlaxoSmithKline, Merck Sharpe & Dohme, Novartis, Novo Nordisk, Nycomed, Procter & Gamble, Roche, Sanofi-Aventis, Servier, and Wyeth. He received grant support from GlaxoSmithKline, Merck Sharpe & Dohme, Novartis, Roche, and the Flemish Fund for Scientific Research

[12] Hiligsmann, M., Kanis, J. A., Compston, J., Cooper, C., Flamion, B., Bergmann, P., … & Reginster, J. Y. (2013). Health technology assessment in osteoporosis. Calcified tissue international93(1), 1-14

[13] Body, J. J., Bergmann, P., Boonen, S., Boutsen, Y., Devogelaer, J. P., Goemaere, S., … & Reginster, J. Y. (2010). Evidence-based guidelines for the pharmacological treatment of postmenopausal osteoporosis: a consensus document by the Belgian Bone Club. Osteoporosis international21(10), 1657-1680.

[14] Kanis, J. A. (1994). Assessment of fracture risk and its application to screening for postmenopausal osteoporosis: synopsis of a WHO report. Osteoporosis International4(6), 368-381.

[15] Genant, H. K., Cooper, C., Poor, G., Reid, I., Ehrlich, G., Kanis, J., … & Khaltaev, N. (1999). Interim report and recommendations of the World Health Organization task-force for osteoporosis. Osteoporosis International10(4), 259-264

[16] World Health Organization (Ed.). (2003). Prevention and management of osteoporosis: report of a WHO scientific group (No. 921). Diamond Pocket Books (P) Ltd..

[17] World Health Organization. (2004) Scientific group on the assessment of osteoporosis at primary health care level. Summary Meeting Report Brussels, Belgium, 5-7 May 2004

[18] World Health Organization. (2007). Assessment of osteoporosis at the primary health care level: summary report of a WHO Scientific Group. Geneva: World Health Organization.

[19] Looker, A. C., Dawson-Hughes, B., Tosteson, A. N. A., Johansson, H., Kanis, J. A., & Melton III, L. J. (2011). Hip fracture risk in older US adults by treatment eligibility status based on new National Osteoporosis Foundation guidance.Osteoporosis international22(2), 541-549.

[20] Alonso-Coello, P., García-Franco, A. L., Guyatt, G., & Moynihan, R. (2008). Drugs for pre-osteoporosis: prevention or disease mongering?. BMJ: British Medical Journal336(7636), 126.

[21] Seeman, E., Devogelaer, J. P., Lorenc, R., Spector, T., Brixen, K., Balogh, A., … & Reginster, J. Y. (2008). Strontium ranelate reduces the risk of vertebral fractures in patients with osteopenia. Journal of Bone and Mineral Research,23(3), 433-438.

[22] Ettinger, B., Black, D. M., Mitlak, B. H., Knickerbocker, R. K., Nickelsen, T., Genant, H. K., … & Multiple Outcomes of Raloxifene Evaluation (MORE) Investigators. (1999). Reduction of vertebral fracture risk in postmenopausal women with osteoporosis treated with raloxifene: results from a 3-year randomized clinical trial. Jama282(7), 637-645.

[23] Nelson, H. D., Haney, E. M., Dana, T., Bougatsos, C., & Chou, R. (2010). Screening for osteoporosis: an update for the US Preventive Services Task Force. Annals of Internal Medicine153(2), 99-111.

[24] Rubin, K. H., Friis‐Holmberg, T., Hermann, A. P., Abrahamsen, B., & Brixen, K. (2013). Risk assessment tools to identify women with increased risk of osteoporotic fracture: complexity or simplicity? A systematic review. Journal of Bone and Mineral Research28(8), 1701-1717.

[25] Abrahamsen, B., Grove, E. L., & Vestergaard, P. (2014). Nationwide registry-based analysis of cardiovascular risk factors and adverse outcomes in patients treated with strontium ranelate. Osteoporosis International25(2), 757-762.

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36 commentaires
    1. Je ne suis pas surpris du fait que ce soient les sociétés pharmaceutiques ou agro alimentaires qui réalisent des études ou des congres puisque les pouvoirs publiques sont complètement absents de tout soutien à la recherche….peut- être qu’il faudrait aller voir dans les poches du ” politique” s’il n’y a pas moyen de financer la recherche et son indépendance….

  1. Merci Jérémy pour cet article extrêmement important.
    Et on ne parlons pas des commissions européennes où tous ces lobbies sont représentés …
    Une véritable mafia !

  2. Merci beaucoup pour cet article bien documenté.
    J’y retrouve, hélas, un processus qui semble devenu courant : l’organisation d”évènements médiatiques qui, sous couvert d’information, sont juste une vaste opération de propagande et de publicité pour des labos qui font leur beurre avec les malades! Aucun intérêt, donc, à aborder les causes et la prévention : le profit est ailleurs!
    Je pense en particulier au “Train Alzheimer”, vaste fumisterie et vitrine de rêve pour bien des multinationales… Cf le livre de Roger Lenglet et Marie Grosman “Menace sur nos neurones” (Ed Actes Sud), en particulier son chapitre III :
    “III. Le grand consensus

    Space Cowboys
    Un train nommé Alzheimer
    Exposition sous influence
    Des experts de… la communication commerciale !
    Nestlé au chevet des malades
    Les coulisses du train qui nous mène en bateau
    Terminus Opéra
    Veille épidémiologique en voie de privatisation”

    “La porosité entre le pouvoir politique et l’affairisme qui s’est développé autour des maladies neurodégénératives nous semble d’un cynisme sans borne. (…) En creusant la manière dont les autorités gèrent le dossier des maladies neurodégénératives, nous allons découvrir que les relations de l’Elysée avec le monde des laboratoires pharmaceutiques conditionnent littéralement la politique de santé publique mise en œuvre en France mais aussi en partie au niveau international.”

    “L’industrie pharmaceutique vit donc des jours heureux. Ses gros actionnaires et ses dirigeants (qui sont souvent les mêmes) se frottent les mains à proportion du volume de médicaments vendus et tout particulièrement de l’optimisation des courbes de vente des traitements lourds pour les prochaines années, c’est-à-dire du nombre de malades en affection longue durée. (…) Il en va de même des chaînes de maisons de retraite médicalisées et de l’ensemble de la filière qui prospère sur ce type de maladies. C’est aux décideurs politiques et administratifs d’imposer un programme de prévention qui, de fait, réduira le cortège des malades, même s’il doit faire baisser les quantités de médicaments vendus et déprimer les investisseurs qui ont choisi de placer leurs fonds dans les groupes proposant des assurances santé et des structures de prise en charge (…).”

    “Cette concorde générale autour de la puissante logique spéculative des multinationales du soin n’a pas la vertu de répondre aux besoins de traitement des malades et encore moins à la nécessité de la prévention.”

    “Il serait bien sûr injuste d’attribuer aux seules impulsions de Nicolas Sarkozy le piège dans lequel notre société est tombée. Les orientations ont été prises depuis longtemps, même si ce dernier se vante d’avoir amplifié et accéléré le mouvement. Ses relations étroites avec les dirigeants des grands groupes privés intervenant dans le secteur de la santé et sa sympathie pour les thèses généticiennes outrancières attribuant plus volontiers les problèmes aux gènes qu’au parcours de vie ne l’aident sans doute pas à regarder la richesse des études scientifiques.” (rappelons juste que Sarkozy est ex avocat d’affaires de Servier…)

    “L’orientation de la recherche sur les maladies neurologiques est la même que celle sur le cancer, comme nous le signale la spécialiste des risques industriels Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm : « Tout est orienté sur la thérapeutique et la génétique, qui alimentent les laboratoires, ainsi que sur l’imagerie médicale jamais sur la prévention. On contraint les chercheurs à s’enfermer sur la recherche des prédispositions génétiques, pendant ce temps-là l’exposition aux cancérogènes est complètement ignorée. Elle dérange, les décideurs ne veulent pas qu’on s’y intéresse. »”

    Pour en revenir à l’ostéoporose, j’ai noté également la position du Professeur Joyeux qui dit clairement qu’il s’agit d’une arnaque et qu’un traitement contre l’ostéoporose ne se justifie que pour un très petit nombre de patients! Pour l’immense majorité, c’est prévention, activité physique, alimentation (avec calcium VÉGÉTAL!).
    http://www.franceinter.fr/emission-partir-avec-le-professeur-henri-joyeux-un-cancerologue-iconoclaste

  3. Ils nous font “crever” à petit feu… pourvu qu’ils s’enrichissent ! Plus rien ne compte alors : plus de moral, plus de respect, plus de Loi non plus. Le fric, le fric, le fric !

    …Et moi qui cherche désespérément des médicaments sans lactose à cause de mon intolérance, bientôt je ne pourrai plus me soigner : ils en mettent partout et ils ne sont pas prêts de s’arrêter.

  4. Merci pour toutes ces informations détaillées difficiles à trouver sur les mafias pseudoscientifiques affairistes qui nous abusent sans vergogne et détruisent toute confiance envers le système de santé, ce qui oblige à vérifier par soi même la validité de chaque médicament qu’on nous prescrit, en en prenant que les indispensables !

    Contre l’ostéoporose, pour garder des os solides (mais moins denses inévitablement ), toute votre vie, mangez équilibré, naturel, varié, bio, avec pas trop de lait, ni trop de viande ni trop de malbouffe industrielle (80% des rayons des magasins ), plein de végétaux de toutes sortes, surtout sans prendre de poids en excès, et surtout faites de l’exercice régulier chaque jour, intense ( à 80% mais non excessif ), en courant montant et descendant ( essentiel pour vibrer les os ! ), dans les escaliers, les chemins en côte, en pédalant en vélo dans les côtes de façon intense, sur au moins 200m de dénivelé ou 66 étages, comme moi à plus de 72 ans, pour garder cette capacité de courir ce qui m’évite de me casser un os, lorsque je tombe en courant, avec pas plus d’égratignures qu’un jeune qui se prend les pieds dans une racine.
    Regardez le centenaire 103 ans Robert Marchand qui pédale un col de 450m de dénivelé en 56minutes le jour de son anniversaire de 103 ans, sur l’Ardéchoise, à peine essoufflé !!
    Vous devez être capable de faire aussi bien que lui en montant, pédalant ou courant dans des pentes fortes quelque soit votre age, plus haut que la tour Eiffel en moins de 56minutes et surtout redescendre pareil en vibrant vos os qui se renforcent alors !!

  5. Beau travail.
    Effectivement l’ostéoporose est une cible de choix pour l’industrie pharmaceutique : 50% des femmes après 60 ans sont dites “ostéoporotiques” ce qui, à raison d’un comprimé par jour pendant 20 ans, chez la moitié des femmes des pays occidentaux, représente un pactole..
    Le problème :
    L’ostéoporose en elle-même est peu gênante, c’est le risque de fracture qu’elle entraîne qui est grave.
    Hors la densité minérale osseuse est mal corrélée avec la survenu de fracture (donc il est difficile de prédire qui est à risque de fracture ou pas..).
    Les médicaments qui sont censés lutter contre l’ostéoporose ne marchent pas (ils réduisent le risque de 10% au maximum..)
    Effectivement le meilleur traitement est d’avoir des os bien minéralisés entre 15 et 30 ans, l’apport en calcium étant rarement un problème (sauf régimes et anorexie.;), c’est l’activité physique et la vitamine D qui compte (ou mieux une exposition régulière au soleil..).
    Après la ménopause (sauf traitement hormonal), on ne fait que perdre du calcium (et surtout la matrice protéique qui fixe le calcium). Les hommes sont le plus souvent protégé par la testostérone..

  6. J’ai oublié de préciser que cela marche aussi pour ma femme 74 ans, pas d’os cassé, lorsqu’elle se prend les pieds dans un caillou en courant et tombe aussi !!
    Alors que notre voisine, qui ne bouge plus, de peur de tomber, s’est cassé plusieurs fois des os, il y a 10 ans, à 10 ans de moins, un pied dans une racine juste en marchant sans même courir !!
    Contre l’ostéoporose, courez, vibrez vos os, dans les trails et côtes, mangez varié, bon et de bonne qualité sans la malbouffe, pire que les médicaments inutiles ( sur France 5 en ce moment les benzodiazépines font tomber et cassent les os ! , à éviter ! )

    1. Ah oui, je confirme à 100%. J’ai 63ans, je coure à peu près chaque jour 40 minutes, l’hiver sur tapis et je dirige une petite entreprise qui me demande beaucoup d’efforts physiques. Je suis végétarienne et je mange bio depuis des années. Jamais de lait, pas de yaourts ou autres douceurs laitières. Par contre les bons fromages au lait cru ne me font pas peur et je me gave de fruits et légumes (le moins cuisiné possible, je n’ai pas le temps !) Tout cela me fait très légère et c’est bon pour les articulations, les os et aussi la peau qui reste souple. Résultat : pas la moindre ostéoporose pas d’arthrose du tout alors que les femmes de ma famille en ont beaucoup.
      Qui dit mieux ?

  7. Très beau travail Jérémy ! Bravo ! Cela rejoint le livre de Thierry Souccar ! C’est toujours le même principe : conflits d’intérêts entre les labos pharmaceutiques et les industries agro-alimentaires ! Je suis écoeurée par cette société à la dérive !!!!!!! A quand la fin !

  8. bonjour,
    c est bien gentil tout ça de montrer les labo et des médecins qui s en mettent plein les poches mais quand on a des fractures presque spontanés qu est ce qu ‘on fait?
    et puis si vous pensez que c est notre gouvernement qui va investir dans la recherche et dans la formations des professionnels de santé c est que vous rêvez vraiment d un monde de bisounours dont on s eloigne de jours en jours

    1. Ma belle mère autrefois a eu une cassure du col de fémur de hanche quasi spontanée sur son lit avec pose d’un col de fémur en métal !!
      Lorsqu’elle était convalescente, on n’a pas cessé de lui répéter qu’il fallait manger plus, et pas presque rien comme un oiseau !!
      Elle m’avait répondu qu’elle n’était pas arrivé à son age pour écouter mes conseils !!
      Néanmoins, avec ses filles, à force de le lui répéter, elle a mangé plus et elle ne s’est pas cassé l’autre col du fémur, un quasi miracle, vu la spontanéité de la première cassure assise sur son son lit !!

  9. Je dois passer une osteodensitométrie dans 3 semaines suite à une fracture du pied sans choc. Je ne suis pas prête à prendre un traitement après avoir lu ça, merci pour l’information.

    1. Les os c’est comme tout notre corps, comme notre cerveau,, ils ne sont forts que si on s’en sert suffisamment !!
      Les astronautes dans l’espace sans poids, n’ont pas besoin d’os et perdent vite leurs os, au point de ne plus tenir debout au retour s’ils ne font pas plein d’exercice pour compenser !!
      Donc si vous avez des problèmes d’os, souvent ( sauf exceptions de maladies rares ) c’est que pendant des décennies vous ne vous en êtes pas assez servi, trop peu d’exercice, avec souvent une nourriture déséquilibrée (pas que le calcium mais l’ensemble de ce qu’on mange, plus de vrais fruits, légumes, graines, amandes, légumes, en évitant tous les produits industriels, jus sucres, sel, graisse, trop de viande, trop de lait, véritable malbouffe qui tue lentement, avec trop de poids, sans exercice, avec les maladies de nos pays trop riches en nourriture ) !!
      Il faut les vibrer les os pour accélérer la consolidation des fractures ( 30Herz environ ), ce que vous faites en montant puis en descendant les escaliers fortement en prévention bien avant d’avoir les os trop fragiles !!

    2. Certainement depuis des décennies vous ne bougez pas assez ( courir, sauter, dans des côtes et escaliers, sur des km comme je fais avec ma femme ) et comme les astronautes dans l’espace qui ne font aucun effort en apesanteur, on perd toute la solidité de nos os devenus inutiles !!
      Donc recommencez à faire des efforts très très progressivement ( car il est tard pour vous ), mais avec détermination, marcher, courir, sauter, vibrer vos os, comme moi, pour éviter les fractures, alors que mes voisins moins vieux que moi, ne bougent plus assez pour éviter de tomber, et se cassent des os parce qu’ils ne se servent plus assez de leurs os, en ne faisant plus aucun effort !!

      Avec de l’exercice intense régulier chaque jour, je reste solide, et avec ma femme on peut même tomber, comme des jeunes, sans rien se casser dans ces exercices !!
      Et on voit nos voisins plus jeunes ne plus bouger assez par peur de tomber et se casser des os néanmoins !!

      Aussi, mangez très varié, naturel, plein de fruits délicieux, légumes, bio, graines de saison, sans trop de lait et viandes, et méfiez vous des médicaments à vie plein d’effets secondaires nocifs vrais pompe à fric pour les lobbys.

      Vieux, on peut toujours courir et vibrer nos os pour conserver leur solidité !!!!

  10. Je pense que tu vas encore te faire des amis….Sinon, encore un joli boulot de recherche ! Merci, je vais aller courir dans les bois tant que c’est encore possible.

  11. ça serait intéressant de voir si au moins une seule intervention durant ce congrès a pointé du doigt les effets néfastes du lait ! Je pense que l’on a la réponse …

  12. Comme disait Coluche ; si les gens n’achetaient pas , ça ne se vendrait pas !
    Exit donc de nos caddies et assiettes …
    tous ces produits transformés issus des tripatouillages malsains de l’agro alimentaire
    Marchons, courons , dansons au SOLEIL( vit D ) , nous qui avons la chance de vivre sous des latitudes privilégiées
    Et mangeons sain et frais ( la règle des 3 V) ; des Végétaux ( graines , fruits et légumes) ,des produits Vivants ( crus) , et Variés …
    Portez vous bien

  13. Ca me console d’avoir a aller a la laverie automatique: au moins ca me fait faire de l’exercice! Et ce matin, tir a l’arc (et j’ai ete classee a la compet :) ).

    1. Exercice très très insuffisant !!!!!
      Il faut, comme moi, chaque jour, grimper au moins le plus vite possible (en courant) 200m de dénivelé en côte :
      escaliers 66 étages
      1km de pente à 20% , j’y arrive en vélo ( amusant de voir des sportifs costauds pleins de muscles y caler, pourtant à moitié de mon age )
      2km à 10%
      4km à 5%

      et redescendre en courant vite pour vibrer vos os fortement, et les renforcer !!

      Pour user 1kg de graisse 10kWh, aussi énergétique que l’essence, il faut grimper 7200m sans trop remanger plus après !!! ( rendement humain 20% ).
      Ou ne rien manger pendant plus de 4 jours au repos ( 100W de métabolisme au repos pour user cette graisse )

      Cela explique la difficulté à perdre du poids, essentiel contre l’ostéoporose !!

      dur dur la réalité énergétique !!

  14. Mon médecin ( pourtant homéopathe ) m’avait fait une ordonnance pour le Protelos , pour m’aider à lutter contre mon ostéoporose ancienne ( au moins 20 années ) et assez sévère.
    Je ne me souviens plus de l’année mais je pense que c’est en 2010 ( après 2 fractures en 2009 ) .
    J’ai effectivement acheté la boite : déjà j’ai été choquée par le prix 44,36€ mais entièrement remboursés .
    Le médecin m’ayant spécifié que le traitement ne devait JAMAIS être interrompu sinon on perdait le tout le bénéfice des prises antérieures. J’ai fait le calcul de ce que ça représentait comme coût ( pour la Sécurité Sociale ) puisque la boite n’est que pour 28 jours .
    Et j’ai lu la notice !
    Au vu des effets indésirables , j’ai décidé de ne pas prendre ce médicament.
    La boite est toujours dans ma pharmacie et je la sors régulièrement quand des amies me disent soit prendre du Protelos soit souhaiter en prendre ….
    Un jour de septembre 2011 ? ou 2012 ? , j’ai acheté le journal Libération dont la première page était entièrement sur le Laboratoire Servier , dénonçant le scandale du Protelos .
    J’ignore si j’ai encore de l’ostéoporose car je ne suis pas convaincue qu’il faille faire des ostéodensimétries à répétition donc jee n’en fais plus . Mais j’ai corrigé mon alimentation et avec une suplémentation régulière de Vitamine D3 , tout va bien !
    Et j’ai 73 ans …

  15. Comme je l’ai indiqué et je fais à votre age, avec ma femme, en plus, vibrez vos os en faisant de l’exercice assez intense progressivement, descentes de chemins ou escaliers, car les os renforcent leur solidité sans beaucoup augmenter en densité, et faites plein d’exercice en montant aussi des pentes et escaliers, 66 étages rapides au moins chaque jour, bien mieux, car plus intense pour les muscles, le coeur et la circulation sanguine, sans trop forcer sur les articulations, comme le jogging qui doit être fait par dizaines de km pour la même intensité musculaire, si on veut maigrir et qui donc use les articulations à la longue.

    L”ostéodensitométrie est à chaque fois une dose de rayons X, à ne pas trop cumuler !!

    Vibrer les os à 30 Herz accélère fortement la consolidation des fractures.

    Les médecins répètent ce qu’on leur enseigne, dans des cours de formations payés surtout par les lobbys des médicaments !!!
    Voir les émissions télé comme la dernière récente démontrant scientifiquement cette réalité.

    1. Et nous continuons à courir de plus en plus, même vieux avec ma femme, mais nous n’arrivons pas à convaincre nos voisins plus jeunes de faire pareil, car devenus trop faibles et sans le courage nécessaire !!

  16. Voila encore un bel exemple d’incompétence dans le milieu des médecins fut-il homéopathe qui vous prescrit des médocs, certainement, proposé par les “visiteurs” des lobbies de la pharmacopée. 8-)

    1. Bien sûr que les visiteurs médicaux ont un rôle important dans la diffusion des médocs. Ce ne sont ni plus ni moins que des commerciaux qui sont pressés comme des citrons par les labos et qui ont des objectifs commerciaux importants.
      Quand on sait que le budget marketing des labos est 2 fois plus important que leur budget “recherche”, ça laisse rêveur !

      Avez-vous vu le documentaire passé sur la 5 : “les médicamenteurs”.
      C’est effarant … Tout un documentaire pour comprendre comment sont organisés les labos.

      Je vous laisse le lien de la vidéo pour le regarder.

      http://ego-vital.com/connaissez-vous-les-medicamenteurs/

      1. @Mary ,
        Merci pour le lien, j’irais voir cet A.M. ? ça ne m’étonne pas, des perroquets qui répète ce qu’on leur a dit de dire 8-)

      2. Vu l’immensité des connaissances actuelles, on est tous des perroquets, au mieux, modifiant un peu ces connaissances, après un gros travail !!!
        Maintenant, il existe plein de normes, pour bien faire, suivant ces connaissances, par exemple la bonne pratique pour les médecins, qui lorsqu’elles sont avec des erreurs, sont très difficiles à améliorer, vu qu’alors que l’originalité est sanctionnée.
        Les lobbys industriels travaillent dur, sur les décideurs et politiques, à imposer leurs normes, déformées à leur avantage, ce qui leur rapporte un profit énorme en cas de succès !!!
        Tout est déformé, sans cesse !!
        Il faut être très critique et se baser sur des considérations simples générales souvent jamais dites, comme : !!!
        Tout produit dangereux est souvent remplacé par un autre plus dangereux, le temps qu’on s’en aperçoive et le prouve, dizaines d’années, voire siècle !!
        Exemple aujourd’hui sur Nature prouvé scientifiquement dans la première revue scientifique au monde :
        Nos abeilles sont droguées aux insecticides :
        Nature contents: 23 April 2015
        Ecology: Tasteless pesticides affect bees in the field
        Two studies provide evidence that bees cannot taste or avoid neonicotinoid pesticides, and that exposure to treated crops affects reproduction in solitary bees as well as bumblebee colony growth and reproduction.
        Bees prefer foods containing neonicotinoid pesticides
        It has been suggested that the negative effects on bees of neonicotinoid pesticides could be averted in field conditions if they chose not to forage on treated nectar; here field-level neonicotinoid doses are used in laboratory experiments to show that honeybees and bumblebees do not avoid neonicotinoid-treated food and instead actually prefer it.

  17. Merci pour ce bel article, et notamment les références sur le congrès de Milan.

    Pour exemple sur l’ostéoporose, il s’agit très souvent d’une déshydratation du nucléus. La technique qui a sauvé des millions de personnes, est d’injecter de l’eau de mer (eau vivante microfiltrée à froid) pour réinjecter des sels minéraux assimilables à l’intérieur du nucléus. Ainsi, les minéraux vont “enfin pouvoir” pomper l’eau et ré-hydrater la cellule.

    Bon, je crois que je vais faire un beau dessin et un article sur ce sujet également … car désinformer ou ne pas donner l’information qui soutien la Santé, c’est terrible : “faire croire qu’il n’y a pas de remède naturel”.

    A bientôt,
    Aurélie

  18. L’OMS a-t-elle jamais été indépendante ? Ses recommandations sont toujours d’une prudence extrême pour ménager la chèvre mais surtout le choux. Un nouveau rapport incrimine un pesticide. Il sera donc classé, des années plus tard, en cancérogène potentiel et il faut 20 ans avant d’avoir une position claire sur un produit toxique… Hors conflits d’intérêt, je l’accuse surtout d’être aussi proche de la politique que de la santé.

  19. Je n’ai pas tout lu en détail, mais ce qui m’a le plus étonnée c’est l’homéopathe (personnellement j’ai essayé, ça n’a rien changé, et ce que j’ai lu m’a finalement convaincue que ça ne pouvait avoir qu’un effet placebo) qui prescrit de l’allopathie. Vraiment aucune conviction, ni éthique…

  20. Ce que je viens de lire me dresse les cheveux sur la tête .d’apres une osteodensimetrie, je fais de l’ostéoporose ,donc j’ai eu au mois de juin 2015 une perfusion d’Aclasta,depuis mes douleurs sont majorées et des articulations qui ne me faisait pas souffrir maintenant j’en souffre.Je suis fatiguée, Je ne ferai pas d’autre injection dans un an car ce produit est un poison.J’ai découvert qu’il pouvait provoquer une nécrose des gencives .Qui sait a quoi s’attendre d’autre. Dans votre article vous parler du Mediator, mais il y a eu aussi l’isomeride du même labo et peut être d’autre médicaments dont on a peu parlé .Cordialement

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