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L’Organisation Mondiale de la Santé vient de publier de nouvelles monographies sur la viande rouge transformée ou non, et place ces aliments dans deux catégories : “cancérogène” pour les viandes transformées et “cancérogène probable” pour la viande rouge non transformée.

Sven Brandsma | Unsplash

Les monographies contre la viande

Impossible de rater cette info, elle a fait le tour du monde avant même d’être officiellement publiée : L’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (IARC) de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publie sa dernière, et terrible, monographie sur la viande rouge et le cancer.

La viande rouge transformée (le bacon, la sauce bolognaise ou encore les hamburgers de votre Fast Food et la charcuterie) rentre dans la première catégorie en tant que « cancérogène » pour l’homme, tandis que la viande rouge non transformée est dans la catégorie juste en dessous (2A pour les intimes) en tant que « cancérogène probable » pour l’homme.

Pour faire court, et très simple, car on a tous déjà lu 54 fois ce qui va suivre, un groupe d’experts de l’IARC a donc analysé quelques 800 études scientifiques portant sur les liens entre consommation de viande et cancer, pour statuer sur le fait que le risque de cancer colorectal augmente avec la consommation de viande.

Pour être précis, selon l’IARC :

  • Pour chaque 50g de viande transformée, c’est 18% de risque (relatif) en plus pour choper un cancer colorectal
  • Pour chaque 100g de viande non transformée (viande rouge), c’est 17% de risque (relatif) en plus pour choper un cancer colorectal.

Cette étude a été publiée dans le très célèbre (et très sérieux) Lancet Oncology, où l’on peut retrouver une sorte de résumé avec les principaux résultats.

En bref, l’annonce fait l’effet d’une véritable bombe dans le monde entier. Les premières institutions à réagir sont bien sûr les éleveurs et les industriels de la viande. Ils connaissaient d’avance le résultat puisque les plus grandes sociétés de la planète étaient présentes lors de l’évaluation de la viande par le groupe d’experts.

Ensuite, bien sûr, la communauté végétarienne/végétalienne/vegane, elle aussi a pris logiquement à bras le corps cette étude collégiale de l’OMS. Sans la critiquer toutefois, normale, elle va dans le sens de la démarche.

Les « officiels » ensuite ont réagi, blâmant généralement l’étude de l’OMS, et l’accusant surtout d’avoir utilisé une stratégie de communication digne d’un étudiant en première année de communication. La plupart des professionnels relativisent le rapport de l’OMS, avancent les avantages de la consommation de viande, et invitent à la modération… Et sinon les gars de l’IARC, merci d’être passé, maintenant bye bye!

Finalement, la communauté pro-viande (type Paléo, Flexitarien, etc.) réagi également en discutant plus en finesse les tenants et les aboutissants de l’étude de l’OMS.

En bref, est-ce que cette nouvelle étude sera la synonyme de l’effondrement du mouvement Paléo ?

Est-ce cette étude va nous rendre obligatoire le menu végétarien à la cantine ?

Hmm, rien n’est moins sûr.

Un suspect accusé…. A tort ?

Comme toute expertise collégiale, celle-ci se base sur des études scientifiques qui ont toutes des limites méthodologiques. Que ce soit à cause du nombre limité de participants, des facteurs confondants (sport, tabagisme) ou des conflits d’intérêts des auteurs… Aucune étude n’est parfaite.

Justement, la monographie de l’IARC se base essentiellement sur des études d’observations dans lesquelles ont tentent de faire des associations entre un facteur A (ici la consommation de viande) et un facteur B (ici le risque de cancer).

Très souvent, les études de ce type proposent aux participants d’évaluer la consommation de viande à l’aide de questionnaires, pour ensuite tenter de trouver des liens avec la survenue de telle ou telle maladie.

Les fumeux questionnaires alimentaires

Malheureusement, ces questionnaires vous invitent pour la très grande majorité à restituer votre régime alimentaire de l’année passée. Oui l’année passée.

Etes-vous déjà capables de poster en commentaire ici la totalité de vos menus de la semaine dernière ? Et sans mentir ?

Probablement pas, alors imaginez-vous devoir faire une synthèse de vos repas des 4 derniers mois, 7 derniers mois ? Superman, les Avengers et peut-être les 4 Fantastiques pourraient le faire, mais nous ? Arf, on manque de pouvoir je crois bien.

Là où le problème se complique…c’est que les gens mentent. C’est prouvé : nous avons tendance à sur-représenter les aliments bénéficiant d’une aura positive et à sous-estimer les aliments jugés négatifs.

Voilà qui a de quoi relativiser la force des résultats de ce style d’étude.

Aucun lien de cause à effet

Les études d’observations qui montrent un effet positif de la consommation de viande sur la survenue d’un cancer ne montrent malheureusement aucun lien de cause à effet, mais uniquement une association.

C’est la grande limite méthodologique des études d’observations, même si nous avons quelques idées du mécanisme ici en jeu dans la survenue du cancer.

La qualité de la viande ? Des catégories douteuses

La viande est simplement séparée en deux catégories : celle qui est transformée et celle qui ne l’est pas. C’est un peu simpliste et cela peut conduire à des erreurs d’interprétations.

Les études d’observations ne prennent pas en compte toutes les subtilités de la production de produits carnés, comme la qualité de l’alimentation des animaux d’élevages, leurs conditions de détentions (à l’air libre en paix ou enfermés dans des hangars ?) ou la présence de produits interdits (ou même autorisés) qui pourraient dégrader l’état de santé des animaux et des humains en bout de chaîne.

C’est un point important, surtout pour toutes les personnes qui font attention à l’origine de leur morceaux de steaks ou de leur bacon, comme les Paléovores.

Beaucoup de facteurs confondants

Afin de tenter de faire la meilleure association possible entre la consommation de viande et le risque de cancer, les chercheurs tentent de contrôler tous les facteurs confondants possible (sport, tabagisme, alcoolisme, sédentarité, âge, etc.)…. en vain !

Malgré tous les efforts déployés par la recherche scientifique, il est aujourd’hui impossible de contrôler tous les facteurs de confusions

Un risque absolu faible malgré tout

Vous avez tous lu dans les dizaines d’articles sur ce sujet que vous avez X % de risque de développer un cancer pour chaque Y portion de viande consommée.

Ca, c’est le risque relatif. Avoir 25 % de risque relatif en plus d’avoir un cancer colorectal ne signifie pas que vous avez une chance sur quatre d’en choper un… non non…

Le risque relatif est à pondérer par le risque absolu. Exactement comme je l’avais fait pour l’ensemble des cancers dans un billet précédent.

On pourrait estimer ainsi le risque absolu d’avoir un cancer colorectal d’environ 1.8% [1].

Maintenant admettons que vous consommer ces fameux 50g de viande transformée tous les jours, et bien votre risque passe de 1.8 à 2.1%. Voilà le vrai risque absolu.

Partons dans les extrêmes, si vous êtes un viandard de première, le genre de personne qui ne considère pas un repas comme complet sans viande, avec 400g de viande rouge par jour. Le risque relatif serait donc de 68%, ce qui correspond à 3% de risque absolu.

Voilà de quoi « relativiser » ; )

Que faut-il retenir ?

Délicate situation dans laquelle nous sommes…

Mais pour faire une nouvelle fois court, voilà comment il faut interpréter les récentes informations de l’OMS :

Modérez votre consommation de viande si vous êtes un TROP gros consommateur, et pour les autres, essayez d’améliorer la qualité de celle-ci.

Point barre. Il n’y aurait rien d’autre à dire.

En fait si. N’oublions pas que la consommation de viande ne se limite pas au cancer colorectal. La consommation de viande implique de soutenir une industrie particulière en fonction de là où vous vous approvisionnez. Vous soutenez donc peut-être des modes de détentions et d’abattages ignobles. Il faut se renseigner.

Finalement, n’oubliez pas que vous devez autant que possible associer votre consommation de viande avec des légumes, des fruits, des produits naturels. Vous devez également autant que possible utiliser des modes de cuisson les plus respectueux pour votre santé, en évitant les morceaux de barbaques carbonisés. Utilisez des marinades, qui protègent la viande contre la formation de produits cancérigènes (les amines hétérocycliques et consœurs). Utilisez des aromates, des oignons, de l’ails, enfin tout ce qui est bon pour votre palais et votre estomac !


Notes et références

[1] Butterworth, A. S., Higgins, J. P., & Pharoah, P. (2006). Relative and absolute risk of colorectal cancer for individuals with a family history: a meta-analysis.European journal of cancer42(2), 216-227.

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11 commentaires
  1. Ah, tiens. Un avis censé, posé et constructif (j’allais écrire “scientifique” mais on va s’abstenir, à la vue du grand public ;) scientifique est souvent vu comme un mot barbare et froid et méchant aussi, le scientifique est méchant :p ).
    En tout cas merci ! Ca fait du bien au moral de lire des gens encore capable de recul et de réflexion ^^ .

  2. Un blog intéressant comme il faut avec des articles qui suscitent réflexion et recul.
    Allez un like pour le jeu de mots :D !
    Bonne continuation!

  3. Dans tous les cas, pour la viande comme pour la cigarette et l’alcool, les chiffres des “décès à cause de” sont parfaitement fantaisistes. Ils ne se basent (parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement d’ailleurs) que sur des maladies identifiées.

    Comment prendre en compte la personne qui meurt d’une crise cardiaque à 72 ans ? Va-t-on prendre le temps de s’intéresser à sa consommation de tabac, d’alcool et de viande ? Certainement pas. Comment savoir si elle n’aurait pas vécu jusqu’à 102 ans sans ces trois produits ?

    En outre, ne s’intéresser qu’aux décès est toujours hasardeux, comme pour les accidents de la route car ils ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. Pour continuer dans cette analogie, pour 4000 morts, il y a 12 000 handicapés à vie, 35 000 membres cassés et 100 000 accidents sans trop grande gravité.

    J’aime cet article et les points que vous soulevez me semblent véridiques. Cette étude n’est pas beaucoup plus intéressante que beaucoup d’autres. Toutefois, étant tout à fait alerté sur les effets de la consommation de la viande (même bio) sur l’organisme, je parle d’une digestion difficile, génératrice de libération d’acides qui ont vite fait de saturer les reins, je n’en mange presque plus, uniquement si je suis invité. Si ensuite on parle d’une entrecôte de 200g issue de l’agriculture industrielle, accompagnée de patates, de pain, de fromage, d’un dessert, de vin et d’un café… on parle de repas de fête qui n’a aucune chance d’être bien vécu par notre organisme.

    Seulement voilà, dans notre monde occidental, c’est la fête tous les jours !

  4. Salut,

    Jolie article comme d’habitude ;-)

    Faut vraiment arreté avec la viande un jour. Moi je mange une livre par jour de viande que se soir viande rouge ou blanche. J’ai jamais été malade. Les Animaux que je mange sont très bien élevé. Le boeuf passe sont 24 mois dehors seulement et mange seulement de herbe durant l’été. L’hiver c’est du foins et un peux mais mais seulement 10% de l’alimentation. Comme pour le porc que je prends il passe toute année dehors et il broute de herbe et se roule dans la neige.

    Je mange ma viande avec des légume. Un a toute temps manger comme sa dans ma famille. Sont pas mort de maladie lier a la viande. C’est surtout a cause de les cigarette. Mais aux Le peuple Québécois a été surtout élevé comme sa. Des repas braisé avec plein de dessert sucré après les repas. Il avais moins de cancer que en 2015. Les Québécois consommais 39kilo de boeuf chaque année dans les année 1900 a 1940, En 2015 19kilo et le cancer colorectal augmente bizarre c’est histoire. :/

    je comprends pas c’est histoire la un dirais que c’est juste a cause de la viande que les maladie existe. Franchement. Mais un parle pas des plat préparer. des jus de fruit. des produit chimique mais non mais la viande LOL. Mais

  5. Je suis contente de pouvoir lire un article qui mentionne les éléments pris en compte pour établir les résultats de cette étude divulguée par l’OMS.
    Je pense qu’il est important de les préciser, et je pense que rappeler la différence entre risque relatif et risque absolu est également une bonne chose.
    Cela-dit, même si je n’ai aucun doute sur ta bonne foi Jérémy, je me permets quand même d’exprimer une toute petite déception ; c’est que tu te “contentes” de nous dire que l’OMS s’est basée uniquement – si j’ai bien compris – sur des questionnaires alimentaires, sans prendre en compte un certain nombre d’autres facteurs tels que la qualité de la viande consommée par exemple. Si tu pouvais nous permettre de les consulter – ou les détailler – ce serait encore mieux ! :)

  6. Tout ce que j’ai à dire sur le sujet, c’est que ça fait plusieurs années que je n’ai pas acheté de bœuf parce que le pas bio n’a plus aucun goût, pas étonnant vu la façon absolument scandaleuse et gerbante dont il est élevé et tué, et que je n’ai pas les moyens ni l’envie de me payer du bœuf bio à 50 € le kilo. Ma seule viande c’est du poulet fermier et les pintades qu’on ne peut pas enfermer…

  7. Voilà, bien expliqué, merci pour l’article!
    Je pense que tout le monde s’est emporté sans trop comprendre les recherches, comme d’habitude d’ailleurs avec tous ceux qui prennent même pas la peine de bien lire les articles sur les réseaux sociaux.
    Ce que la recherche démontre c’est que le pourcentage de risque de cancer augmente de quelques pourcentages en relation avec un taux de risque déjà faible.
    Y’en avait marre de lire tous ces commentaires de bobos pleurnichards qui gobent tous les titres sensationnalistes qui ne servent qu’à créer inutilement l’inquiétude chez les gens.

  8. Bonjour, et la salade au D.T.T. ça tue combien de gens ? et les additifs (cf la liste distribuée par l’hopital de villejuif) combien ? N’êtes-vous pas un peu orthorexique M Anso ???

  9. Orthorexie le fait de se préoccuper de ce que l’on mange ? Le prochain cliché à la mode qui va être régulièrement utilisé par les médias. Et oui, la salade au DTT et les additifs, mais aussi le fructose-dextrose, l’huile de palme et tous leurs copains, ça fait mourir du cancer, d’après ce qui ne peut plus être caché.

  10. J’avais vu une fois un reportage intéressant sur les “coktails de causes”, sur les intéractions. On parle de cancer, disant qu’un aliment ou un autre le favorise, mais visiblement personne n’étudie les combinaisons.

    en mangeant de la viande, fumant, mangeant trop sucré, dans un environnement pollué, avec du stress au travail, et quelques médicaments de temps en temps, qui peut dire lequel de ces critères participe plus ou moins activement au dévelppement d’un cancer?

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