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Du régime Dukan au jeûne intermittent, c'est la notion de régime qui est problématique


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LE PLUS. Lorsque le lutteur Steeve Guénot, champion olympique en titre dans la catégorie -66kg, a remporté le bronze au lieu de l'or à Londres, il a exprimé sa joie : lui qui en a marre des régimes va moins se priver de nourriture, puisqu'il compte passer chez les -74kg. Le jeûne intermittent, très à la mode en ce moment car moins contraignant, pourrait-il lui convenir davantage ? Réponse du nutritionniste Jean-Philippe Zermati.

Édité par Daphnée Leportois  Auteur parrainé par Jeanne Schullers

Assiette vide (FLICKR/Kalense Kid/CC)

Le jeûne intermittent consiste à alterner les périodes de jeûne et celles où l'on mange (Kalense Kid/FLICKR/CC).

 

Le concept de jeûne intermittent vient du milieu sportif. Cette manière de s’alimenter a pour objectif de fabriquer de la masse musculaire et, couplée à un exercice physique, d’assécher le sportif. Ce type de régime a récemment été repris dans le domaine de la santé, avec une ambition pondérale mais sans activité physique à côté.

 

L’idée est d’alterner les jours d’alimentation normale et ceux de jeûne. Le rythme est laissé au choix de chacun, selon le confort personnel. On peut ainsi alterner cinq jours normaux et deux jours de jeûne comme, au sein d’une même journée, cinq heures normales et le reste de jeûne.

 

Le chasseur-cueilleur se cache derrière tout régime


Ce qui est intéressant, c’est, comme dans toutes les méthodes amaigrissantes, les théories qui justifient le régime. On retrouve ici d’une part des arguments biochimiques, des questions d’hormones anabolisantes. Mais, outre ces aspects scientifiques, revient cette référence à notre ancêtre préhistorique, le chasseur-cueilleur. Ce modèle dont on essaye de se rapprocher est commun à presque tous les régimes – on retrouve notamment cette référence au chasseur-cueilleur dans le régime Dukan.

 

Le mode de vie de cet homme préhistorique consistait à alterner les longues périodes de chasse, pendant lesquelles il ne se nourrissait pas puisqu’il cherchait justement de la nourriture, et les courtes périodes où il s’alimentait. Son organisme était rodé pour supporter le jeûne. Ceux qui préconisent le jeûne intermittent considèrent que le mode de vie du chasseur-cueilleur était plus naturel et plus sain que le nôtre et recommandent donc de s’en rapprocher. Ils oublient que cet ancêtre avait une durée de vie de 25 ans et un cerveau de moineau !

 

Il n’y a pas besoin de telles théories quasi philosophiques pour savoir que sur le court terme le jeûne peut conduire à un amaigrissement. Les questions qu’il convient de se poser de manière pratique et pragmatique est si ce type de régime fonctionne sur le long terme et n’est pas néfaste pour la santé. Aucune étude ne nous renseigne pour l’instant là-dessus.

 

95% d’échec des régimes


On peut pourtant affirmer que ce n’est pas le type de régime qui est en cause mais bien la notion de régime. Le régime se définit par un contrôle mental de l’alimentation : lorsque l’on suit un régime, on s’en remet volontairement à des consignes externes, quitte à ne pas tenir compte des informations fournies par notre corps. Au contrôle interne du corps, qui, par les sensations de faim, nous maintient à notre poids d’équilibre, se substitue un contrôle mental.

 

Il existe alors probablement des personnes qui suivent sans le savoir un jeûne intermittent. Celles par exemple qui ne mangent que pendant un créneau de huit heures sur la journée, en sautant le petit-déjeuner. Sauf que ces personnes ne sont pas au régime, dans le sens où elles n’ont pas suffisamment faim pour se nourrir le matin. Elles écoutent les besoins de leur corps et ne mangent que vers 13 heures, quand la faim se fait sentir. Elles ne se tiennent pas à un plan particulier, n’ont pas pour objectif de contrôler leur poids par leur alimentation.

 

Ces personnes-là pourront suivre le "jeûne intermittent" toute leur vie. Tandis que celles qui le font en tant que régime risquent d’échouer, comme pour tous les régimes, à 95%. Alors, plutôt que de suivre un régime, quel qu’il soit, respectons nos sensations alimentaires. Même si nous ne faisons pas partie des "veinards" dont le poids d’équilibre correspond au poids idéal de la société et de l’époque dans lesquelles ils se trouvent. Gardons en tête que les codes de beauté varient.

 

 

Propos recueillis par Daphnée Leportois.

Vos réactions (7)
Colin Fauter
Colin Fauter a posté le 1 décembre 2015 à 12h20

J'arrive un peu tard, mais bon article, surtout au niveau de l'approche !

Le jeûne intermittent peut être pratiqué par ceux qui l'ont toujours fait inconsciemment, ou par ceux qui ne sont pas gênés par les longues périodes de non alimentation. Un test ne fait pas mal, et peut être bénéfique pour certains.

Mais en faire la base d'un régime n'est effectivement sans doute pas le meilleur choix, surtout que si quelques bienfaits de cette stratégie sont prouvés, la plupart restent théoriques car testés sur des animaux, ou sans groupes de contrôle.
Pour en savoir plus sur quelques unes de ces études : http://www.fitnessheroes.fr/jeune-intermittent/

JB Rives
JB Rives a posté le 23 août 2012 à 06h14

C'est dommage de réduire le jeûne intermittent à un régime temporaire sans répondre aux problématiques santé et à l'efficacité pour la perte de poids (j'observe en moyenne chez mes clients une perte de 1kg par semaine). Compte tenu des bénéfices santé long terme (choléstérol, maladie dégénératives, alzheimer's et parkinson...), ce serait dommage de passer à côté.

J'en parle sur mon blog dédié au jeûne intermittent / intermittent fasting :

http://www.fasting.fr

Maurice Chnome
Maurice Chnome a posté le 11 août 2012 à 12h46

Bonjour, j'ai récemment vu ce reportage de la BBC sur le jeun intermittent:

http://www.bbc.co.uk/news/health-19112549

Il semblerait qu'au dela de la perte de poids, beaucoup d'indicateurs de santé passent dans le vert surtout ceux associés au cholesterol. Ce reportage interroge des chercheurs etudiant le sujet sur des animaux et le bilan sur les souris et sans appel: plus grande durée de vie.