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L’agence française de sécurité des aliments vient de publier une actualisation des repères nutritionnels. Dans ce nouvel avis, le rôle des produits laitiers dans la gestion du risque de fracture a été analysé. Surprise, les auteurs de cette expertise collective rejoignent enfin nos analyses indépendantes de la littérature scientifique… à savoir une absence de lien clairement démontré en faveur des produits laitiers pour nous protéger de l’ostéoporose et des fractures !

L’intérêt des produits laitiers pour lutter contre l’ostéoporose est remis en cause !

C’est une grande nouvelle. Notre agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) qui publie des avis et des recommandations sur notre nourriture et sur la manière dont elle impacte notre santé, vient de publier une série d’avis extrêmement intéressants (téléchargeable ici).

L’un de ces documents, au titre sulfureux “Actualisation des repères du PNNS : étude des relations entre consommations de groupes d’aliments et risque de maladies chroniques non transmissibles“, propose de passer en revue l’effet de plusieurs catégories d’aliments sur le risque d’ostéoporose et de fracture (en PDF là)

À la page 123 de ce rapport d’expertise collective, l’Anses propose donc passer en revue l’effet de la viande, du poisson, des produits végétaux, des boissons alcoolisées ou non, et… des produits laitiers sur le risque de fracture osseuse.

Et là, grande surprise. À peine croyable.

Dans la conclusion des auteurs sur le rôle des produits laitiers dans la gestion des fractures, ces derniers estiment que “l’ensemble de ces travaux ne met pas en évidence de lien entre la consommation de produits laitiers et le risque de fractures“.

Mince, s’en est fini alors du sacro-saint pouvoir anti-fracture des produits laitiers ? On dirait bien.

3 études pour justifier une absence de lien protecteur ?

D’après le rapport de l’Anses, la demande officielle pour actualiser les repères nutritionnels a été faite en 2012.

Les auteurs de ce rapport d’expertise collective ont donc analysé uniquement les nouvelles études publiées entre 2009 et 2013.

Du coup, pour les produits laitiers, ça ne fait que trois petites références supplémentaires, deux études prospectives publiées en 2013 et une méta-analyse (dieu soit loué !) publiée elle en 2011.

Pour l’Anses, ces nouveaux résultats n’apportent pas la preuve d’un effet protecteur de consommer des produits laitiers sur le risque d’ostéoporose et de fractures.

Si les auteurs jugent “insuffisant” le degré de certitude, rajoutant que “les données restent insuffisantes pour conclure à une absence de lien“, à cause d’un manque de preuve scientifique, ils auraient pu tirer un poil plus sur la période analysée (oui, je sais, ils ont font déjà beaucoup les pauvres !) pour taper jusqu’en 2015, avec toutes les méta-analyses et autres synthèses à disposition !

2015, l’année qu’il ne fallait pas rater !

Au niveau des méta-analyses, deux principales ont été publiées en août et novembre 2015, et une 3ème moins percutante en septembre 2015.

C’est donc une équipe de chercheurs chinois du département des traumas orthopédiques qui publie une méta-analyse sur les apports en calcium et le risque de fracture de la hanche (l’étude ici).

Au total, huit études prospectives ont été prises en compte regroupant plus de 267 000 participants, et plus de 2 400 cas de fractures de la hanche.

Les résultats principaux de l’étude indiquent que les personnes qui ont les plus gros apports en calcium auraient 3% de risque en moins d’avoir une fracture de la hanche (RR: 0.97, 95% confidence interval [CI]: 0.89-1.07) comparativement aux personnes qui ont les apports les plus faibles.

3%, c’est faible, mais en plus ce n’est pas statistiquement significatif ([CI]: 0.89-1.07).

En bref, aucune différence entre les groupes. C’est d’ailleurs la conclusion des auteurs:

En conclusion, cette méta-analyse apporte la preuve de l’absence d’association entre l’apport en calcium et le risque de fracture de la hanche, rajoutant que ces résultats sont basés sur un nombre limité d’études.

La seconde méta-analyse et synthèse de la littérature a voulu estimer l’effet de l’apport en calcium sur le risque de fracture à l’adolescence (l’étude est ici).

Pour ce faire, cette équipe danoise a analysé neuf études de cas-témoins (pas franchement la panacée en science…). Bien que la puissance statistique ne soit pas exceptionnelle, et que les auteurs notent une “certaine” ou “correcte” hétérogénéité, les résultats n’indiquent aucune différence en apport de calcium sur le risque de fracture entre le groupe témoin et contrôle.

Finalement, une 3ème méta-analyse publiée par une équipe de chercheurs néo-zélandais indique des résultats proches (à lire ici)…

Pour ce faire, les auteurs ont réalisé une méta-analyse sur l’ensemble des essais cliniques contrôlés et randomisés, incluant plus de 1 500 personnes pour le cas des sources de calcium alimentaire (donc des produits laitiers principalement).

D’après leur résultat, les auteurs en tirent deux conclusions:

1. Augmenter ses apports en calcium alimentaire ou en supplément entraîne une légère, et non progressive, augmentation de la densité osseuse. OK.

2. Les effets du calcium alimentaire ou en supplément sur la densité osseuse apparaissent comme improbables pour réduire de manière clinique le risque de fracture. OK.

Sans parler méta-analyse, une synthèse éclairante sur le rôle des produits laitiers…

En 2015, une équipe de Néo-Zélandais, la même que précédemment, publiait une synthèse de la littérature sur ce sujet (à lire ici). Voici les principaux résultats des études de cohorte sur le rôle des produits laitiers dans la gestion du risque de fracture:

  • Au total, sur les 58 études de cohorte, 43 ne montrent aucune association entre les apports en calcium alimentaires et le risque de fracture.
  • Sur les 15 études montrant une association, 13 ont montré une relation inverse (donc un risque de fracture qui augmente avec le calcium alimentaire)
  • Sur les 28 études qui ont analysé l’association entre produits laitiers et risque de fracture, 25 n’ont montré aucune association.
  • Pour le lait en particulier, 11 études sur 13 n’ont montré aucune association avec le risque de fracture.

Voilà de quoi calmer certaines ardeurs. Quand même.

La conclusion de tout ça

Globalement l’avis de l’Anses reflète bien les données scientifiques actuelles, et ça, c’est franchement une bonne nouvelle. Au moins ne serait-ce que pour souligner l’ouverture d’esprit de cette organisation et la remise en question de véritable dogme en nutrition.

D’autre part, cet article, et tous les autres publiés avant lui, ne sont pas destinés à déglinguer les produits laitiers, ce poison blanc sorti de la pie des vaches !

Les produits laitiers restent une catégorie d’aliment intéressante, avec un profil nutritionnel très riche, beaucoup de nutriments, bref, le Saint-Graal de certains diététiciens ou médecins-nutritionnistes.

Pourtant, malgré toutes les bonnes facettes que peuvent avoir les produits laitiers, leur utilité dans la gestion du risque de fracture et de l’ostéoporose n’est clairement pas démontrée.

Aujourd’hui, l’Anses le reconnaît et le publie officiellement.

Aujourd’hui, les leaders d’opinions, médecins nutritionnistes, pédiatres, chefs de service d’ici et là en France, iront à l’encontre de la plus haute autorité de santé en France s’ils défendent une position contraire.

Ils sont nombreux et ils se reconnaîtront. En tout cas, je serais toujours là pour le coup de bâton, le rappel à l’ordre pour rétablir de la rigueur scientifique !

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4 commentaires
  1. Merci de préciser que “Par ailleurs, les maladies étudiées dans cette expertise se manifestant essentiellement lors de
    l’avancée en âge, les études disponibles portent généralement sur des populations adultes, ce qui limite les conclusions à ces seules populations.” (page 141)
    et que “Concernant les produits laitiers, les quelques études publiées depuis 2009 (deux cohortes et une méta-analyse) sont en accord avec les conclusions du rapport australien, à savoir l’absence de relation entre la consommation de produits laitiers et le risque de fractures. Néanmoins, les données restent insuffisantes pour conclure à une absence de lien. Cette conclusion ne remet pas en cause l’intérêt des produits laitiers pour la croissance osseuse et l’acquisition du pic de masse osseuse pour l’enfant, l’adolescent et le jeune adulte.” (page 130)

    1. Merci de la précision du coup Kaynane ! Pour le coup, le premier commentaire extrait de la page 141 fait bien référence à l’ostéoporose, mais si on parle des fractures, elles ont été étudiées dans une méta-analyse chez les … adolescents. Avec aucun effet de l’apport en calcium sur la prévalence des fractures. Donc de quoi tempérer un peu que les conclusions ne seraient applicables que sur “les populations adultes”. Pour le 2ème point, page 130, c’est bien là tout le problème, si les études ne remettent pas en cause l’intérêt des produits laitiers pour l’acquisition d’un pic de masse osseuse, on a du mal à comprendre l’intérêt alors de sur gonfler sa masse osseuse avec les produits laitiers, si leur consommation ne change pas le risque de fracture. Pour la croissance, oui, le lait fait grandir, et c’est d’ailleurs un facteur de risque pour les fractures… donc attention de ne pas taper trop haut non plus !

  2. Pourquoi serions-nous la seule espèce de mammifères à avoir besoin de lait après le sevrage et qui plus est du lait d’une autre espèce? Les produits laitiers n’ont donc aucun intérêt vital.

    1. On est d’accord là dessus : les produits laitiers (comme les céréales) n’ont aucun élément essentiel ou vital que l’on ne retrouve pas ailleurs, dans une alimentation diversifiée avec des végétaux et des produits animaux !

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