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Le chlordécone est à l’origine d’un scandale sanitaire et environnemental catastrophique dans les Antilles. Le Président de la République semble reconnaître la facette environnementale, mais nie la catastrophe sanitaire, au grand désespoir des élus d’Outre-mer.

Chlordécone + Banane = Miracle !

Le Chlordécone est un pesticide hautement toxique qui a été utilisé pendant des dizaines d’années en Guadeloupe et et Martinique pour lutter contre la prolifération d’un charançon qui menaçait la survie des cultures.

Des cultures importantes pour ces deux îles françaises puisqu’elles exportent plus de 70% de leur production vers la France métropolitaine. Le chlordécone a donc été épandu sur les deux îles françaises depuis 1972, officiellement pour lutter contre ce ravageur venu d’Asie.

Pourtant, déjà à l’époque, nous disposions d’alertes scientifiques réalisées sur la poule et la souris qui montraient la toxicité de ce pesticide.

Des alertes suffisantes pour que l’ancienne agence de régulation des produits phytosanitaires, la commission des toxiques, se prononce contre son usage en 1968 et 1969.

Interdit… sauf aux Antilles ?

En plus de cela, un message international très fort viendra des États-Unis en 1976, qui interdit l’usage de ce pesticide sur l’ensemble de son territoire.

Pour quelle raison ?

Un an plus tôt se produisait un accident grave dans une usine de production de Virginie où des ouvriers ont été aspergés par le produit. Ils ont eu des troubles neurologiques et testiculaires graves.

Malgré ces alertes, le chlordécone est toujours massivement utilisé dans les terres agricoles guadeloupéennes et martiniquaises.

Il sera finalement interdit du territoire en 1990, soit 14 ans après l’interdiction totale américaine, mais avec deux dérogations pour nos îles productrices de bananes.

Ces dérogations ont été obtenues sous fond de lobbying de la part d’une puissante famille présente sur l’île, et notamment son patron de l’époque Yves Hayot, et ont permis d’épandre pendant encore 3 ans le dangereux pesticide.

Cette famille contrôle la production de banane, mais aussi la production et la gestion des stocks de chlordécone.

Depuis, pratiquement la totalité des terres guadeloupéennes et martiniquaises est contaminée au chlordécone, pour les 500 prochaines années à venir.

On retrouve du chlordécone chez tous les habitants des îles, mais aussi dans les animaux de fermes (bétails, poules), les légumes racines et les rivages.

La pollution marine est telle que la pêche est interdite dans certaines zones maritimes.

Les ravages du chlordécone

Le chlordécone, quand on en le présente, il n’y a jamais suffisamment de superlatifs pour parler de sa toxicité. Extrêmement toxique, ultra-toxique, très toxique… Tout cela pour dire que ce pesticide est un mélange de tout ce qu’on peut faire de pire pour la santé humaine.

C’est un perturbateur endocrinien, il va donc modifier et altérer les mécanismes physiologiques qui fonctionnent avec des hormones, ce qui le rend toxique même à très faible dose.

Il est également un neurotoxique, et perturbe le développement cognitif (les fonctions cérébrales) des nourrissons.

Il est aujourd’hui connu dans la presse et dans l’esprit du grand public comme étant cancérigène, et associé d’une manière très forte au cancer de la prostate.

Pour rappel, et ce n’est pas une blague, les Martiniquais ont le taux de cancer de la prostate le plus élevé au monde.

Sur les cas graves de cancer de la prostate, des études internationales, ainsi que l’avis de l’OMS, font clairement pencher la balance vers un rôle du chlordécone1 2.

Des études qu’il est aujourd’hui impossible de nier, sauf à passer pour un incompétent ou un défenseur du chlordécone.

Pourtant, c’est bien ce qu’a réussi à faire le chef de l’État Emmanuel Macron lors d’un débat avec les élus d’Outre-mer, et notamment ceux de Guadeloupe et de Martinique.

Le mensonge coupable du Président

Au cours du débat, et sans détailler l’incroyable marque de mépris une nouvelle fois affiché en parlant aux élus d’Outre-mer, en les traitant d’enfants et en réquisitionnant les micros, le président de la République a nié le caractère cancérigène du chlordécone.

(c) La 1ère. Emmanuel Macron lors du débat national avec les députés d’Outre-mer.

« Il ne faut pas dire que c’est cancérigène. Il est établi que le chlordécone n’est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs ». Emmanuel Macron.

Une phrase qui a fait bondir les élus d’Outre-mer concernés par ce scandale sanitaire et environnemental qui condamne les Martiniquais et les Guadeloupéens pendant un demi-millénaire.

Mais également tous les scientifiques spécialistes de ce domaine se sont insurgé de cette déclaration présidentielle.

Le Président de la République nie, d’une manière extrêmement claire et sans le moindre doute, et se rend ainsi coupable de propager de fausse information, des “infox”, qu’il souhaite pourtant vivement combattre.

Il n’aura pas fallu longtemps pour que l’Élysée réagisse par voie de communiqué pour désamorcer la situation.

“Quand il dit [Emmanuel Macron] : “il ne faut pas dire que c’est cancérigène” c’est une façon de dire : “On ne peut pas se contenter de dire que c’est cancérigène, il faut aussi agir.” Extrait du communiqué de l’Élysée.

On voit ici d’une manière assez éloquente et effrayante que l’Élysée tente de sauver les meubles en interprétant à sa manière ce que le Président aurait dit. Pourtant, il a été extrêmement clair.

Devant cette cacophonie gouvernementale, le député de Martinique Oliver Serva a demandé lors d’une séance de questions à l’Assemblée Nationale que la Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, confirme le lien entre chlordécone et cancer de la prostate.

La Ministre ne répondra pas à cette question, et donnera implicitement raison au Président de la République qui ne reconnaît pas le caractère cancérigène de ce pesticide ultra-toxique.

 “Notre approche c’est la reconnaissance de la responsabilité, la transparence à toutes les étapes. (…) Lors de son déplacement aux Antilles, le Président de la République a reconnu publiquement qu’il s’agissait d’un scandale environnemental”. Agnès Buzyn

On ne parle pas ici de scandale sanitaire. La nuance est subtile, tout comme la communication du Gouvernement, mais n’envoie absolument pas les bons messages.

Cette déclaration du Président de la République est d’autant plus affligeante qu’il a récemment confié à des journalistes, et notamment ceux du Point, vouloir mieux contrôler l’information que les journalistes publient.

À travers notamment des financements publics pour quelque chose qui s’apparent à une tentative de contrôle de la presse ou quelque chose qui n’a rien, mais alors rien du tout, de rassurant.


Références

1. Multigner, L., Ndong, J. R., Giusti, A., Romana, M., Delacroix-Maillard, H., Cordier, S., … & Blanchet, P. (2010). Chlordecone exposure and risk of prostate cancer. Journal of clinical oncology, 28(21), 3457-3462.

2. Multigner, L., Kadhel, P., Rouget, F., Blanchet, P., & Cordier, S. (2016). Chlordecone exposure and adverse effects in French West Indies populations. Environmental Science and Pollution Research, 23(1), 3-8.

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3 commentaires
  1. Je ne vois que du mensonge encore et toujours du côté du gouvernement. Je ne crois plus en aucun des propos émis par les différentes personnalités, ministres, députés du groupe LREM. De la “com”… rien que de la “com…”, rien d’autre, tout est creux, vide.

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