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Prisé pour ses vertus thérapeutiques hors norme, le miel de Manuka souffre pourtant d’une littérature scientifique pauvre et sous conflit d’intérêts. Enquête sur le trésor sucré originaire de Nouvelle-Zélande savamment protégé.

© Christina Branco | Unsplash

Le Graal des miels

On ne présente plus aujourd’hui le miel de Manuka.

Sa réputation le précède.

Une réputation médicinale unique au monde grâce à une culture exclusive sur les arbres de Manuka aux vertus insoupçonnables.

Ce miel serait idéal pour un nombre impressionnant de cas :

  • les soins de la peau et des cheveux
  • les plaies ou les brûlures
  • les problèmes respiratoires
  • les infections bactériennes ou virales résistantes
  • ou tout simplement pour sucrer ses plats avec un produit santé !

L’arbre à l’origine du miel de Manuka ne se trouve que dans les confins du monde… au pays des kiwis et des Maoris en Nouvelle-Zélande.

Ce miel est littéralement de l’or en pot.

(c) Bianca Ackermann

Son prix peut être multiplié par 100 par rapport à un banal pot de miel toute fleur. Surtout si vous avez misé sur les origines ultra-contrôlées, labélisés avec des teneurs garanties et hautes en certains éléments.

Ce sont justement ces « éléments » qui façonnent l’image de marque du miel de Manuka.

Une image de marque savamment entretenue par un consortium de fabricants qui ont tout fait pour en faire un produit d’excellence, et rare.

On va voir dans cette enquête inédite, et la seule en français sur ce sujet que le prix exorbitant du miel de Manuka n’est pas le fruit du hasard.

Et que ce prix n’est pas nécessairement en accord avec les promesses thérapeutiques de ce miel.

Bien au contraire.

Nous allons découvrir que le miel de Manuka fonde son emprise grâce à la science.

Les fameuses études scientifiques sont des armes redoutables pour faire valoir les intérêts thérapeutiques d’un médicament ou d’un produit quelconque.

Mais ce produit vaut-il réellement son prix ?

N’est-il pas au fond similaire à un miel lambda avec les mêmes effets sur la santé ?

On va essayer de démêler tout ça.

Unique Manuka Factor

L’histoire qu’on veut bien nous raconter remonte à des millénaires.

Ce sont les Maoris, le peuple indigène de la Nouvelle-Zélande, qui auraient été les premiers à comprendre l’intérêt de l’arbre de Manuka en médecine traditionnelle.

Toutes les parties de l’arbre sont utilisées à des fins bien précises selon la pharmacopée mahoraise, avec un culte certain pour l’arbre savamment entretenu par les revendeurs du nectar prisé.

Les fabricants de miel de Manuka se sont très rapidement concertés pour fonder une marque et asseoir une légitimité nationale et internationale.

On parle aujourd’hui de l’UMFHA pour l’Unique Manuka Factor Honey Association.

Ce n’est rien d’autre que le lobby du miel de Manuka.

Capture d’écran du très beau site de l’industrie du miel de Manuka en Nouvelle-Zélande.

Un lobby qui possède une force de frappe considérable avec des labels, des analyses en laboratoires indépendants, des producteurs et des revendeurs certifiés.

L’objectif est d’assurer aux consommateurs qu’ils ont bien un produit d’une pureté totale avec les fameux « facteurs uniques de Manuka ».

Ce nom cache en réalité deux composants naturels extrêmement importants :

  • Le methylglyoxal. C’est le fameux MGO dont la concentration minimale est garantie sur certains pots.

C’est l’un des composants phares du miel du Manuka dont la concentration serait proportionnelle aux vertus thérapeutiques.

Plus vous aurez de MGO, plus le miel serait bénéfique pour la santé, plus il sera cher.

  • La leptospérine. C’est le second composant supposé essentiel au miel de Manuka qu’on retrouve dans les arbres du genre Leptospermum ou l’arbre à thé.

Ces deux composants seraient notamment à l’origine des propriétés exceptionnelles contre les bactéries, les virus et l’inflammation du miel de Manuka.

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