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L’avis positif de l’association américaine de diététique publié en 2009 et 2016 concernant le végétalisme est très fréquemment avancée par les défenseurs du régime. L’analyse détaillée de l’avis montre des lacunes scientifiques, notamment concernant la grossesse des végétaliennes, la minimisation de certains risques et ne parlent pas des liens d’intérêts des deux auteurs de l’avis.

 

Lors des débats scientifiques sur l’impact de l’alimentation végétalienne sur notre santé, on a pris l’habitude de lire la position très favorable de l’Association Américaine de Diététique (AAD) sur ce sujet. Une position publiée en 2009 dans un journal scientifique qui rejoint celle de l’Académie de Nutrition et de Diététique (AND) américaine, et celle du Canada.

Ces références apparaissent aujourd’hui dans tous les débats sur ce sujet, et font miroiter un certain argument d’autorité du style :

“Regardez ce que disent les plus grandes associations de diététiques au monde sur le végétalisme ! C’est sain pour tous les stades de la vie !”

Je dois admettre que j’ai déjà utilisé à plusieurs reprises cet argument d’autorité pour éviter, très probablement, de rentrer dans les détails ou faire des recherches plus poussées.

Mais que valent ces avis ? Sont-ils sérieux, fiables, rigoureux et indépendants de tout conflit d’intérêts de la part des auteurs ? Peut-on encore aujourd’hui, en 2018, s’en servir dans un débat scientifique ?

Nos associations prônent-elles le végétalisme ?

L’avis de ces associations est parfois interprétation comme une recommandation officielle de devenir végétalien. C’est le sens du message vidéo adressé par le journaliste Stanislas Kraland notamment, qui affirmait que l’AAD “prône le végétalisme”. Or c’est faux.

Si l’association prône une alimentation variée et équilibrée, riche en végétaux bien sûr, elle n’oublie pas les produits animaux de qualité.

On peut notamment trouver un article de l’association qui vante les qualités de la viande de bison, ou même un autre sur les risques de manger sa viande saignante. Une illustration sur un article prônant les végétaux met en évidence un poulet entier sur la table pour adultes et enfants. Voilà de quoi tordre le cou à cette interprétation.

L’avis de l’AAD est-il fiable ?

C’est sûrement le plus intéressant, mais qui a déjà décortiqué en détail la qualité du travail scientifique des auteurs de ces avis positifs ? Pas grand monde. Je vous propose donc un résumé des points forts et des points faibles de l’avis de l’AAD.

Points forts

  • La position est une revue systématique de la littérature. Il y a donc un protocole d’extraction et de lecture des études scientifiques. Toutes les études qui rentrent dans les conditions de sélection devraient être analysées et critiquées. Ce procédé permet de limiter les biais de sélection des études ou encore l’interprétation des données
  • Plus de 200 études scientifiques citées. C’est un gros travail.
  • Une analyse pour tous les stades de la vie, pour de nombreux minéraux et nutriments et pour de nombreuses maladies.

Malheureusement, c’est tout ce que je peux trouver. Concernant les points faibles, on en retrouve d’avantages.

Points faibles

  • La première position de l’AND sur le végétalisme remonte à 2009. Cela fait plus de 13 ans, et c’est un peu dépassé. Mais cette position a été mise à jour plus récemment, en 2016 avec une actualisation des connaissances scientifiques.
  • Nous n’avons pas d’information sur la sélection et l’éviction des études scientifiques utilisées dans l’avis.
  • Le manque de précaution ou de mise en garde avec une certaine minimisation des risques. La position est très positive, sans véritable nuance ni réelle discussion des preuves scientifiques. Si beaucoup d’études ont été faites sur les végétariens, on retrouve finalement peu de références pour les végétaliens. On retrouve deux exemples dans le paragraphe sur les macronutriments, les apports énergétiques et les naissances chez la femme enceinte végétalienne ou aucune étude n’aurait été faite. Difficile de conclure pour elle donc.

  • On retrouve une autocitation, et c’est loin d’être extraordinaire. Dans le paragraphe sur la nutrition et la grossesse, les auteurs concluent sur la base d’une étude faite par leur association que les alimentations végétariennes et végétaliennes “peuvent amener à une naissance positive”1. Sauf qu’il est impossible pour un lecteur lambda de retrouver ce travail qui n’est n’y publié dans un journal scientifique ni accessible en ligne sur le site de l’association.
  • On ne retrouve pas l’étude négative publiée en 2003 par Key sur plus de 56 000 participants qui ne montrait aucune différence de mortalité entre végétarien et omnivore2.
  • On ne retrouve aucune mention de l’association entre dépression et végétarisme3. Même si on ignore le sens de l’association (est-ce qu’on devient végétarien à cause d’une dépression ou l’inverse), ou s’il existe un lien de causalité, une revue systématique aurait pu l’aborder.
  • On ne retrouve pratiquement aucune critique des études scientifiques citées, les biais de sélection, la notion d’association et de causalité, etc.
  • La grande majorité des conclusions sur la puissance des études citées donne un avis “limité”.
  • Dans le paragraphe sur l’adolescence, aucune étude ne fait référence au végétalisme. Là encore, on retrouve un manque de nuance dans la conclusion et le résumé de la position de l’association américaine.
  • Dans le paragraphe concernant les enfants végétaliens, les auteurs affirment que ces derniers pourraient avoir des besoins plus élevés en protéines à cause de la composition en acides aminés et la digestibilité des protéines. Ils précisent cependant que ces besoins sont “généralement atteints quand l’alimentation contient suffisamment d’énergie et de variété de végétaux” sans fournir de référence scientifique pour soutenir cette affirmation.
  • Concernant les apports en fer, les auteurs estiment que les végétariens doivent avoir 1,8 fois plus d’apports en fer que les omnivores à cause de la plus faible biodisponibilité du fer végétale. Nous n’apprenons rien sur les végétaliens.

Les auteurs sont-ils indépendants ?

La question mérite d’être posée et je n’y avais jamais réellement prêté attention. Pourtant, les deux auteurs ont des liens moraux avec le végétalisme, au-delà du fait qu’ils soient végétaliens pour l’un (Ann Reed Mangels) et végétariens pour l’autre (Winston Craig).

Les deux auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêts, quand bien même certains liens posent questions. Concernant Winston Craig, il est notoirement connu pour être membre de l’église Adventiste du 7ème jour. Une église qui promeut l’éviction des produits animaux et qui mentionne clairement la présence de l’auteur de cet avis dans “le ministère de la santé adventiste“.

Winston Craig est actuellement professeur émérite à l’Université Andrews aux États-Unis, l’une des premières universités de haut vol de l’église des Adventistes du 7ème jour. Historiquement, un philosophe américain, Rhys Southan, a enquêté sur l’influence de cette église dans les recommandations de l’AAD.

Il apparaît que l’église a déployé des moyens considérables pour faire valoir institutionnellement le végétarisme et/ou le végétalisme au sein de l’AAD ou à travers le formation de diététiciens sensibilisés à la cause.

Clairement, Winston Craig n’est pas neutre dans cette affaire. Il travaille officiellement pour une église contre la consommation de produits animaux. Il est payé par cette église et l‘une de ses Universités en tant que chercheur et enseignant.

Ann Reed Mangels est de son côté une végétalienne pour des raisons éthiques selon le site du philosophe américain “Let them eat meat” (traduction : “laissez-les manger de la viande”), qui annonce la couleur. Dans l’avis de l’association américaine de diététique, elle se définit comme appartenant au Groupe de Ressource Végétarien (et/ou végétalien) (VRG en anglais).

Un groupe qui prône le végétarisme et le végétalisme et dont on peut retrouver de nombreux écrit de la part de Ann Ree Mangels. Est-elle rémunérée par l’association ? Est-ce un lien d’intérêt moral suffisamment puissant pour altérer son jugement et son objectivité ?

Difficile de conclure pour nos deux chercheurs, mais un faisceau d’indices tendent à montrer qu’ils possèdent des liens d’intérêts moraux et financiers avec des organismes qui prônent l’éviction de viande ou de tout produit animal. Ces liens d’intérêts pourraient être de nature à biaiser un raisonnement, surtout dans le cas de Winston Craig.

D’autres associations… ont des avis divergents

Il n’y a pas que l’AAD qui a réalisé une analyse de la littérature scientifique pour donner son avis sur le végétalisme. Justement, la Société de Nutrition Allemande (SNA) a publié en 2016 un avis sur le même sujet et le même principe (4).

La position de la SNA est pour le moins… plus prudente que celle de sa consoeur américaine.

Elle précise dans le résumé de son avis scientifique sa position :

“La SNA ne recommande pas un régime végétalien pour les femmes enceintes, les femmes qui allaitent, les nourrissons, les enfants ou les adolescents. Les personnes qui souhaitent néanmoins suivre un régime végétalien doivent prendre en permanence un supplément de vitamine B12, faire attention à un apport adéquat en nutriments, en particulier les nutriments essentiels, et éventuellement utiliser des aliments enrichis ou des compléments alimentaires. Ils devraient recevoir des conseils d’un conseiller en nutrition et leur apport en nutriments essentiels devrait être régulièrement vérifié par un médecin.”

Pour ainsi dire, il n’y a pas véritablement de consensus auprès des grandes associations médicales qui ont traité du sujet du végétalisme, et notamment pour le recommander à tous les stades de la vie.

Je trouve que la position, plus prudente de la société allemande, reflète mieux les incertitudes scientifiques sur ce sujet.

La ligne rouge

L’avis de l’association américaine de diététique est ce qu’il est : simplement un avis. Il est loin de représenter aujourd’hui la preuve incontestable que le végétalisme est adapté à tous les stades de la vie, mais il pose un certain nombre d’éléments rassurant sur la table pour cette alimentation.

On se rend compte que l’avis est loin d’être complet, qu’il généralise beaucoup et minimise certains risques de carences ou nos manques de connaissances sur ce sujet. L’avis qui remonte à presque 10 ans pourrait paraître aujourd’hui ancien pour être posé comme une preuve incontestable.

Concernant les liens d’intérêts des auteurs, ils sont réels, mais ne doivent de toute manière pas se substituer à l’analyse rigoureuse extérieure et indépendante des évidences scientifiques.

Vous avez un avis sur la question ? Vous avez déjà utilisé cette position dans un débat sur le végétalisme ?


Références

1. Vegetarian Nutrition in Pregnancy. American Dietetic Association Evidence Analysis Library Web site. http://www.adaevidencelibrary.com/ topic.cfm?cat#3125. Accessed March 17, 2009

2. Key, T. J., Appleby, P. N., Davey, G. K., Allen, N. E., Spencer, E. A., & Travis, R. C. (2003). Mortality in British vegetarians: review and preliminary results from EPIC-Oxford. The American journal of clinical nutrition, 78(3), 533S-538S.

3. Baines, S., Powers, J., & Brown, W. J. (2007). How does the health and well-being of young Australian vegetarian and semi-vegetarian women compare with non-vegetarians?. Public health nutrition, 10(5), 436-442.

4. Richter, M., et al. (2016). For the German Nutrition Society (DGE).(2016). Vegan diet. Position of the German Nutrition Society (DGE). Ernahrungs umschau, 63(04), 92-102.

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5 commentaires
    1. Bonjour Gérard, oui en effet ! Je viens de remarquer que l’Académie de nutrition et de diététique (AND) a renouvelé son avis en 2016. Je vais donc mettre à jour l’article ! Mea culpa !

  1. *La position remonte à 2009. Cela fait pratiquement 10 ans, et c’est un peu dépassé. On peut se demander pourquoi il n’y a pas eu de mise à jour de cette position depuis, car il y a eu pléthores de nouvelles publications.

    =>La mise à jour a été faite en 2016, elle est ici https://www.eatrightpro.org/-/media/eatrightpro-files/practice/position-and-practice-papers/position-papers/vegetarian-diet.pdf. Je me demande si tu as bien cherché.
    Dire que 10 ans c’est un peu dépassé c’est pousser un peu fort. Ok, ce n’est pas tout récent, mais 10 ans en science ce n’est pas vieux non plus. Quand on sait qu’en moyenne une étude prend 3-4 ans pour être faite, entre le temps ou on décide de tout mettre en place, trouver des participants faire l’étude, analyser les résultats, publier, etc. 10 ans ce n’est pas si vieux. Et puis, cette référence c’est LA référence d’origine. Si on t’avait donnée une source plus récente (update copiée-collée plus haut) tu aurais pu dire « ce n’est pas LA source de départ ». Bref, quand j’ai lu ce premier point faible, je t’avoue que j’ai dû prendre une très grande et profonde inspiration…

    *Nous n’avons pas d’information sur la sélection et l’éviction des études scientifiques utilisées dans l’avis.
    =>C’est vrai, il me semble (et je peux me tromper) que le protocole d’extraction et de lecture que tu mentionnes dans les points forts a été mis en place en 2016 donc bien après la publication de l’article en question https://www.andeal.org/vault/2440/web/files/EAL_Methods_JADA.pdf
    De plus, les protocoles d’extraction de la bibliographie se font pour les méta-analyses et de manière très détaillée, ici c’est une revue, un bilan des connaissances a caractère informatif. Personnellement, je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà lu une revue qui expliquait comment la biblio a été sélectionnée. J’ai l’impression que tu espères de ce document les résultats qu’on trouverait dans une méta-analyse.

    *On ne retrouve pas l’étude négative publiée en 2003 par Key sur plus de 56 000 participants qui ne montrait aucune différence de mortalité entre végétarien et omnivore.
    =>C’est vrai, on peut aussi se demander s’il aurait été pertinent de la mentionner. Elle donne le taux de mortalité toutes causes confondues en se basant sur trois études dont les auteurs sont largement cités dans la revue. L’étude de Key 2003 donne un taux de mortalité “brut” qui ne colle pas avec le taux de mortalité de la population générale qu’ils devraient retrouver dans le groupe « omni », peut-être est-ce la raison pour laquelle ils ne l’ont pas cité. De plus, les sujets sélectionnés n’étaient pas représentatifs de la population. Ce point négatif que tu mets en avant me fait croire que tu espères de ces recommandations des informations que l’on trouverait dans une méta-analyse, mais ce n’en est pas une, c’est une revue.

    *On retrouve une autocitation, et c’est loin d’être extraordinaire. […]Sauf qu’il est impossible pour un lecteur lambda de retrouver ce travail qui n’est n’y publié dans un journal scientifique ni accessible en ligne sur le site de l’association.
    =>Là, je suis tout à fait d’accord avec toi! ;-)

    *On ne retrouve aucune mention de l’association entre dépression et végétarisme.
    =>C’est vrai, aujourd’hui il y a plus d’études à ce sujet, une fois on verra que les vegans sont déprimés, une fois que c’est le contraire et que l’alimentation vegan diminue les dépressions… Par exemple, ils auraient pu (et toi aussi ;-) ) mentionner cette étude pour dire que les végés ont moins de dépression que les non végés https://europepmc.org/article/med/9866269 .
    En 2009 il n’y avait que deux d’études sur le sujet, c’est peut etre pour cela qu’il n’a pas ete abordé.

    *On ne retrouve pratiquement aucune critique des études scientifiques citées, les biais de sélection, la notion d’association et de causalité, etc.
    =>Cette revue n’est pas une meta-analyse !!

    *Dans le paragraphe sur l’adolescence, aucune étude ne fait référence au végétalisme. Là encore, on retrouve un manque de nuance dans la conclusion et le résumé de la position de l’association américaine.
    =>Je te renvoie au paragraphe “VEGETARIAN DIETS THROUGHOUT THE LIFE CYCLE
    “ et aux trois références citées 53, 54 et 55.
    La reference 53, Rosell et al., 2005 a étudié des vegetariens et des vegans, mais ces derniers ont été mis dans le groupe des végétariens car trop peu nombreux : “because of their small number, …, the vegans were not analysed separately”.
    Meme chose pour la reference 54 de Cheryl et al., 2002, ou 6% des vegans ont été mis dans le groupe des végétariens.
    Pour la référence 55, Christel et al., 2005, il faut lire le titre “Young Swedish vegans have different sources of nutrients than young omnivores”, donc il est bien question de vegans, et voici ce que dit la conclusion “ if the diet is well planned, both a vegan diet supplemented with vitamin B-12 and an omnivorous diet can offer an adequate nutritional intake.”

    Concernant les conflits d’intérêt, j’apporterais un peu de nuance et de remise en contexte.
    Avoir des conflits d’intérêt ne devrait pas discréditer systematiquement les auteurs, après tout, n’importe quelle industrie/institution pourrait publier des résultats de ses propres recherches. Ce qui est important, par contre, c’est d’être sûre que les conclusions ne sont pas biaisées. Le conflit d’intérêt demande au lecteur plus de précaution et de vigilance.
    Mais au fait, pouvons-nous vraiment parler de conflit d’intérêt au sens où ce terme est généralement utilisé? personnellement, je n’en suis pas sûre. On est dans le cas d’une croyance religieuse et moins dans une histoire d’enveloppe et de dessous de table ou de je ne sais quelle promotion. De plus, on pourrait le remettre dans le contexte de la culture américaine qui est très religieuse. Si on devait éliminer les auteurs qui font partie d’une communauté religieuse, il ne resterait plus beaucoup de monde car il parait que science et religion ne font pas bon ménage.
    Tu dis que c’est “une église qui promeut l’éviction des produits animaux”. Là encore, la tournure laisse penser que ce sont des “activites -extremistes de la cause animale” en fait, cette communauté promeut un mode de vie ultra sain : pas d’alcool, pas de tabac, ni café, et encourage à ne pas consommer de produits d’origine animale. D’ailleurs, pour cette derniere categorie, tous ne le font pas car certains membres comsomment des produits animaux, dont la viande, si celle-ci est kasher. Le mode de vie très sain des adventistes a été utilisé lors de deux études en nutrition pour comparer l’état de santé de végans, végétariens et omnivores qui ont un même mode de vie en dehors de l’alimentation. L’intérêt était de ne pas avoir de facteurs confondants, des populations homogènes et comparables, tout ça pour ne pas avoir la fameuse critique “oui, mais en même temps, les vegans ne boivent pas, ne fument pas, du coup, on ne peut pas conclure”. Grace aux études sur les adventistes, on peut! je te mets les liens mais j’imagine que tu les connais déjà.

    https://ajph.aphapublications.org/doi/abs/10.2105/AJPH.75.5.507

    https://academic.oup.com/ije/article/37/2/260/786358

    1. Bonjour Charline,

      C’est à la suite d’une conversation sur ce sujet que j’ai repris des mises à jour de cet article et que j’ai pu voir ton commentaire en attente. C’est presque impardonnable de le publier aussi tardivement, il m’avait échappé mais je corrige cette erreur en le publiant, car le débat est nécessaire, et en apportant mes réponses car tu soulèves des points très intéressant.

      1) Sur la mise à jour : en effet, une position autrement plus récente était en réalité disponible publiée en 2016. Ce point a été modifié. Toutefois, je ne suis pas vraiment d’accord avec toi sur ce qu’on peut considérer comme vieux ou récent dans la recherche. 10 ans, c’est vieux, même très vieux. Il faut comprendre que les chercheurs n’attendent pas que les études soient publiée pour commencer les leur. C’est un continuum de travail qui se déroule en même temps. Quand on fait une revue de la littérature, l’idéal est toujours les études les plus récentes, et c’est la même chose quand on fait un mémoire de thèse de doctorat. La dernière position de l’AND a donc aujourd’hui près de 6 ans. Je pense que l’on commence à atteindre un âge important. Une nouvelle mise à jour serait la bienvenue.

      2) Concernant le protocole de sélection des études : tu dis que les protocoles d’extraction de la bibliographie ne se font que pour les méta-analyses. Or c’est faux. Et le document PDF que tu cites juste en haut le prouve bien. Car une revue systématique de la littérature possède nécessaire un protocole d’extraction pour éviter les biais d’échantillonnages et de sélection des études. En fait, je pense que tu confonds une revue systématique de la littérature (qui permet souvent de faire derrière une méta-analyse) avec les revues narratives qui n’ont aucun protocole d’extraction. Elles sont méthodologiquement plus faible que les revues systématiques. Au final, une méta-analyse est simplement l’analyse globale des valeurs de toutes les études obtenu grâce à une revue systématique de la littérature. Ici il n’y a pas de méta-analyses.

      3) Ta remarque sur l’étude de Keys en 2003 non cité. Tu me dis qu’ils ont largement des auteurs des trois revues reprises par Keys. Je dois dire que je ne trouve en fait pas du tout ces études-là. Les auteurs oui, mais cela n’a rien à voir avec ce sujet. On retrouve différent auteurs dans différentes publications dans les avis de l’AND. Il y a donc bien un oubli, qui a été maintenu dans la mise à jour de 2016 sans citer les études prospectives respectives présentées par Keys. Ensuite, oui, ces études ne sont pas parfaites et ont des biais méthodologiques qui invitent à prendre avec précaution les résultats.

      4) Sur la dépression : tu as bien raison, et comme je l’ai dit, on ignore le sens réelle de cette association, si c’est causale ou même inverse (les végétaliens seraient moins dépressif) mais cela aurait été intéressant de le mentionner. Ton étude n’est pas accessible de mon côté. Elle n’a pas été publié en anglais mais en espagnol et remontre à 1998. 24 ans… on sera d’accord pour dire que c’est un peu vieux non ? :)

      5) Les critiques des études : tu dis qu’on ne retrouve aucune critique des études car ce n’est pas une méta-analyse. Voir mon point précédent. Ce sont les revues systématiques qui permettent justement d’évaluer la qualité des sources et des études citées pour finalement faire une méta-analyse des études qui ont passé les filtres objectifs de sélection.

      6) Concernant le manque d’étude chez les adolescents végétaliens : tu me dis qu’en fait nous avons des travaux dessus mais que dans certaines études ils ont été mélangé avec les végétariens car trop peu nombreux. D’accord, ce n’est pas vraiment mon problème et cela n’invalide pas du tout mon point : nous n’avons donc pas d’information à part entière sur les végétaliens. Il aurait faire une analyse à part entière de ce groupe de végétaliens pour avoir des informations objectives. Nous n’avons pas ces informations (c’est la référence 53, Rosell et al.).

      Ma remarque est donc la même pour la référence 54 : les végétaliens ont donc été mélangé avec les végétariens ce qui rend l’analyse particulière de ce groupe impossible. En l’absence de ces données, on ne peut pas différencier l’effet du végétarisme et du végétalisme, deux choses bien différentes.

      Finalement, l’étude n°55, elle porte bien sur les apports en nutriments des végétaliens mais ne donne aucune indication sur l’état de santé, l’évolution des paramètres de croissances des personnes dans le temps. D’ailleurs, cette étude a été retiré de la mise à jour de 2016.

      7) Finalement sur les liens d’intérêts : je te rejoins en partie. Il ne faut pas négliger ou sous-estimer les liens d’intérêts idéologiques qui sont parfois invisible dans les travaux scientifiques mais qui peuvent fortement influencer les résultats d’une étude. Et puis ce n’est pas qu’une affaire de religion : il y a des liens financiers (payé par une église qui fait la promotion de ce mode de vie ou bien des royal tie avec des ouvrages sur ce même sujet). D’ailleurs dans la mise à jour de 2016, on retrouve Vesanto Melina comme première auteur de la position. Or cette personne n’est ni chercheuse, ni médecin nutritionniste, mais nutritionniste au Canada. Elle a écrit de nombreux livres sur le végétalisme, fait des conférences sur ce sujet, consultantes pour l’AND… Des liens d’intérêts financiers et moraux important avec ce sujet qui aurait du être mentionné dans le papier de position de l’AND.

      Encore merci pour ton commentaire et un énorme mea culpa pour la publication tardive et ma réponse avec les mises à jour correspondante.

      Par ailleurs, tu n’as pas réagi sur les autres points : il y a des manques importants pour les femmes enceintes qui ne semblent pas soulever de débat de ton côté.

      Au plaisir.

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