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Dans la bataille qui fait rage entre les anti-vaccins et les vaccinolâtres de premier ordre, les arguments et les contre-arguments éclatent sur tous les supports. Dans ce billet, on revient en détail sur des propos qui peuvent interpeller, et qui invitent, plus que jamais, à vérifier les allégations des experts lourdement chargés de conflits d’intérêts.

“Vaccins : science ou rumeurs, il faut choisir”

Au nom de “l’intérêt collectif et en particulier des plus vulnérables“, plusieurs spécialistes français de la vaccination ont publié une tribune dans le journal Le Monde afin de défendre cet acte médical majeur.

Au nombre de six, ces experts “s’inquiètent de la méfiance croissante de la population envers cet outil incontournable de santé publique“, et souhaitent clarifier plusieurs points, enrichis de nombreux exemples.

Comme vous le savez, en France, seulement 3 vaccins sont obligatoires: la dipthérie, la poliomyélite et le tétanos.

Malheureusement, une bataille administrative entre la population, le gouvernement et les laboratoires fait rage pour produire un vaccin DT-P unique, sans qu’il soit combiné avec d’autres valences, elles seulement recommandés.

Cette situation a entraîné des refus de vacciner, des procès et des condamnations. Fait majeur, le Conseil d’État a reconnu l’étrangeté de cette situation, imposant au gouvernement de rétablir une situation juridiquement claire (= un vaccin DTP unique).

Dans le même temps, l’ancien gouvernement lançait une grande concertation citoyenne et scientifique sur les vaccinations afin de sonder le coeur des Français, de comprendre leur inquiétude et leurs interrogations, pour donner des recommandations afin de regagner cette confiance qui s’effrite.

Mais voilà. Alors que la concertation citoyenne s’est bien finie, elle a été vivement critiquée par des professionnels indépendants, puisqu’elle invite à rendre temporairement 8 vaccins de plus obligatoires, pour reconquérir les anciens fidèles.

C’est donc à la suite de ces nombreuses péripéties que la tribune du Monde fait son apparition. Une tribune signée par six spécialistes donc :

  1. Brigitte Autran, immunologiste, Assistance publique – Hôpitaux de Paris, faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie
  2. Robert Cohen, pédiatre, infectiologue, groupe de pathologie infectieuse, Société française de pédiatrie
  3. Alain Fischer, pédiatre, immunologiste, Assistance publique – Hôpitaux de Paris, Collège de France
  4. Odile Launay, infectiologue, coordinatrice du groupe vaccination prévention de la Société de pathologie infectieuse de langue française, faculté de médecine Paris-Descartes
  5. Philippe Sansonetti, infectiologue, microbiologiste, Institut Pasteur, Collège de France
  6. François Vié le Sage, pédiatre, Association française de pédiatrie ambulatoire

Je vais donc revenir en détail sur plusieurs points sensibles de la tribune, défendu par les signataires à travers des exemples précis. Nous allons voir ensemble pourquoi cette tribune est fortement partisane et idéologique, à défaut d’être scientifique et indépendante.

Une tribune écrite par des “experts académiques“, dont la rigueur “médico-scientifique’” serait moins vendeuse, mais dont l’éthique en revanche n’est plus à vendre tellement ils accusent de lourds conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique qui commercialisent des vaccins.

Bien sûr, les auteurs de la tribune savent qu’ils possèdent des valises de conflits d’intérêts derrière eux, et tentent, plutôt vainement, de discréditer ce point pourtant majeur. Lisez plutôt :

“On cherche de plus à disqualifier [les experts] en les accusant systématiquement de connivence avec l’industrie pharmaceutique selon une application bien sentie du principe de la théorie du complot.”

Vous verrez qu’il n’y a pas de théorie du complot. Seulement des gros chèques de la part des plus grands labos de la planète, pour les leaders d’opinion les moins farouchement opposés à l’obligation vaccinale totale.

L’obligation vaccinale est-elle voulue par les concitoyens ? (1/2)

Dans une tribune au “Monde” publiée le 24 octobre 2017, les membres du comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination estiment que l’obligation vaccinale élargie est voulue par les Français. Pourtant, ils démontrent publiquement qu’ils ont magistralement ignoré et dénaturé les propos du jury citoyen et professionnel, pour émettre leur propre avis, celui d’une extension de l’obligation vaccinale.

Perte de confiance imaginaire et l’escroquerie scientifique de la concertation citoyenne

Premier point majeur de la tribune et de la problématique : la création d’une concertation citoyenne sur la vaccination. Elle a été crée dans le but de comprendre la défiance croissante des Français envers la vaccination, selon le gouvernement, et visant à améliorer la couverture vaccinale générale du territoire.

Ainsi les experts mentionnent que la concertation “s’est appuyée sur une réflexion collective et approfondie de citoyens, de professionnels de santé et d’experts.

Pourtant, l’analyse détaillée et rigoureuse du docteur Michal-Teitelbaum nous rappelle que la confiance des Français envers la vaccination n’aura jamais été aussi élevée, ainsi que la couverture vaccinale, comme le rappellent l’Institut de veille sanitaire (InVS) et les sondages IPSOS et INPES.

Chiffre à l’appui, le docteur nous indique que nous sommes “très loin du tableau de défiance généralisée et inexplicable vis-à-vis de la vaccination dressé par le gouvernement, les experts officiels et les médias.

Selon le dernier sondage IPSOS, 80% des sondés se déclaraient favorables à la vaccination en 2014, avec seulement 7,8% se déclarant totalement défavorables et 13% plutôt défavorables à la vaccination.

Même constat pour la couverture vaccinale qui n’aura jamais été élevé. Le docteur Michal-Teiltelbaum précise que “dans son rapport l’InVS constate une augmentation constante de la couverture vaccinale depuis les années 1980 pour les enfants jusqu’à 24 mois qui seraient visés par l’obligation vaccinale.”

Ainsi, la CV pour le DTP était de 99% en 2013, selon le rapport Hurel, pour les enfants de 24 mois. La CV du vaccin ROR (rougeole, rubéole et oreillons) est quant à elle de 90,3% à 24 mois, et nous constatons des CV importantes qui ne reflètent malheureusement pas ce que certains experts dénoncent, et notamment à travers les recommandations de la Concertation citoyenne.

Finalement, si les experts de la tribune du Monde précisent qu’ils se sont appuyés sur “une réflexion collective et approfondie de citoyens”, ce n’est rien de moins qu’un mensonge. En réalité, plus de 11 000 contributions ont été déposées par des citoyens pendant la consultation.

Des contributions qui n’ont tout simplement jamais été prises en compte.

Elles ont été uniquement traitées statistiquement pour connaître la fréquence des termes employés, et ceci, nous rappelle le docteur Michal-Teiteilbaum, afin de “connaître la proportion des contributeurs se situant plutôt positivement ou négativement par rapport à la vaccination en général ou à l’obligation vaccinale.

On comprend mieux que la perte de confiance et la baisse de la couverture vaccinale ne sont que des leurres, qui ont permis de lancer une Concertation citoyenne dont les avis ont été balayés du revers de la main.

Les prises de positions sur ce sujet par ce groupe d’experts n’auront jamais été autant idéologiques, bien loin d’une rigueur “médico-académiques” comme ils le prétendent.

L’exemple du BCG pour illuster la “flexibilité” des autorités sanitaires : une bonne blague ?

Afin d’illustrer que les autorités sanitaires ne sont pas bornées ou têtues dans la gestion des recommandations et des obligations vaccinales, la tribune d’experts académiques nous sort la fameuse carte du BCG, le vaccin contre la tuberculose.

Les auteurs de la tribune affirme que “la tuberculose ayant reculé chez nous, mais pas sur la planète, le BCG[…] n’est plus systématiquement recommandée en France sauf dans des zones ou chez des enfants à risque, ce qui au demeurant montre que les autorités sanitaires ne sont pas arc-boutées sur la vaccination comme un dogme intangible.

Un point qui semble juste. Sauf que ce consortium d’éminents experts oublie de préciser qu’il a fallu près de 30 ans pour lever cette vaccination systématique et attendre 8 années malgré une proposition de l’Institut national de vieille sanitaire (InVS) de lever l’obligation généralisée, comme nous indique le docteur Michal-Teitelbaum dans une récente analyse.

Les auteurs de cette tribune oublient également de préciser que le BCG est inefficace pour lutter contre la forme la plus répandue et contagieuse de la maladie, la tuberculose pulmonaire.

Une inefficacité pourtant reconnue par plusieurs institutions nationales et internationales, comme l’OMS et l’INSERM.

En réalité, le Pr Fischer et les autres cosignataires utilisent ici un bien mauvais exemple dans cette tribune.

Un exemple qui illustre plutôt l’inertie des autorités de santé pour retirer des obligations vaccinales, quand bien même l’efficacité du vaccin n’est pas démontrée et que l’épidémiologie du territoire invite, sereinement, à instaurer un ciblage plus précis des personnes à risques.

Une inertie ou une “crainte“, juge le Dr Michal-Teitelbaum, qui tire son “son origine dans des positions idéologiques, et des croyances attribuant au vaccin une efficacité bien au-delà de ce qui était établi par la science“, et ceux, malgré des rapports officiels qui invitaient très tôt au retrait de la vaccination systématique.

Le cas du vaccin contre les infections aux papillomavirus humains : un cas d’école de désinformation

La tribune souhaite bien entendu mettre l’accent sur les nombreux décès et les séquelles graves que l’on pourrait éviter grâce à la vaccination, citant l’exemple des méningites bactériennes, de l’hépatite B ou du cancer du col de l’utérus.

Pour le dernier exemple, les auteurs précisent que la France bénéficie d’une “très faible couverture vaccinale […] contre les infections à papillomavirus responsables de nombreux cancers, dont celui du col de l’utérus“, rajoutant que cette vaccination est “une approche pourtant essentielle, en combinaison avec le frottis, pour éliminer ce cancer“.

En effet, les défenseurs de cette vaccination estiment que l’on pourrait réduire au silence 70% des cas de cancers du col de l’utérus en France, épargnant la vie d’au moins 770 femmes tous les ans.

Pourtant, ce paragraphe démontre à lui seul le manque de rigueur “médico-académique” de nos experts à l’origine de cette tribune.

Malheureusement, si le vaccin (Gardasil) utilisé actuellement contre les infections aux HPV (papillomavirus humain) semble prometteur pour en finir avec les décès du cancer du col, rien de sérieux, de rigoureux, ni de scientifique ne semble le prouver.

Pour avoir essayé de traiter ce sujet avec le plus d’objectivité possible (ce qui n’est pas réellement possible), le Gardasil utilisé en France cumule des limitations, des non-dits, et des dangers qui ne sont pratiquement jamais développés par les experts en situation de conflits d’intérêts (ce sera le point suivant, forcément).

Par exemple, voici ce qu’on peut dire à propos du Gardasil :

  • il n’a encore jamais démontré son efficacité pour diminuer le nombre de nouveaux cas de cancers du col;
  • il n’a démontré qu’une efficacité modérée (43%) sur les stades précancéreux les plus avancés de la maladie (CIN 2 et 3);
  • il induit chez plus de 55% des jeunes filles sondées un dangereux sentiment de protection suffisant pour arrêter le suivi par frottis;
  • il a bénéficié d’une procédure de mise accélérée sur le marché, permettant au laboratoire de fournir des preuves moins solides, et parfois même inexistantes;
  • il est reconnu pour entraîner exceptionnellement une maladie auto-immune grave du système nerveux, le syndrome de Guillain-Barré;
  • il contient de l’aluminium, et a été comparé avec des “faux-placébo” contenant également de l’aluminium, écartant tout effet secondaire dû à l’aluminium vaccinal.

Mais le plus dérangeant au sujet du cancer du col de l’utérus, ce sont les omissions volontaires des faits les plus connus sur l’évolution de la maladie, et du succès de nombreux pays européens pour réduire au silence cette maladie, sans recours à la vaccination, mais uniquement par des campagnes efficaces de dépistage par frottis.

Ainsi, les infections aux HPV sont extrêmement fréquentes, avec une rémission naturelle observée dans 98% des cas d’infections. Ensuite, il a été montré qu’un dépistage régulier fait tous les 3 ans permet de repérer et de traiter à temps 100% des lésions précancéreuses.

Entre 2007 et 2012, plusieurs rapports officiels émis par le Haut conseil de la santé publique (HCSP) et la Direction générale de la santé (DGS) nous indiquent que selon des modélisations théoriques très optimistes de l’efficacité du vaccin, la mortalité ne serait réduite au mieux que de 16 à 32%.

Les modèles réalisés sur la CV actuelle n’estiment qu’une baisse de la mortalité de 6%. Des résultats très décevants par rapport aux allégations du fabricant (une action sur 70% des cas de cancer du col) et des pouvoirs publics.

À la lumière de ces nombreux éléments factuels (études cliniques, rapports d’expertises collégiales, etc.), il semble extrêmement difficile, et légèrement indélicat, de qualifier la vaccination anti-HPV comme une “approche essentielle“.

Prometteuse, peut-être, mais aucune preuve formelle n’existe aujourd’hui.

Toutefois, l’ensemble des déclarations des auteurs de l’étude, qui peuvent plus ou moins surprendre à la lumière de la réalité de la situation nationale et des résultats de la recherche scientifique, pourraient avoir une origine commune : des liens d’intérêts financiers et moraux hors norme avec l’industrie pharmaceutique qui produit des vaccins.

Quand bien même les cosignataires de la tribune ont tenté de discréditer toutes les “attaques” sur leurs liens d’intérêts, présenter exhaustivement tous les liens d’intérêts est une démarche cruciale en France et dans le monde, en plus d’être obligatoire selon le code de la santé publique.

Les résultats risque d’en surprendre plus d’un, et d’en dégoûter une bonne majorité.

Tous les auteurs de cette tribune sont en situation de conflits d’intérêts

Point culminant de l’article: l’analyse précise des liens d’intérêts qui unissent nos experts avec l’industrie pharmaceutique, et qui seraient susceptibles d’altérer leur jugement.

Si la démarche est normale, obligatoire, et saine, le souci de transparence déplaît surtout aux personnes les moins indépendantes, et les plus rémunérées par des sociétés commerciales.

Ainsi, à la fin de la tribune du Monde, on peut y lire une déclaration des liens d’intérêts avec l’industrie des plus succinctes. 110 mots à peine pour résumer l’ensemble des relations entre nos six signataires et l’industrie pharmaceutique ?

Pourquoi pas.

Sauf qu’en réalité il me faudrait 3 pages de plus pour répertorier les liens financiers et moraux disponibles sur la toile de nos experts en vaccinologie.

On va donc faire le tour de notre panel d’experts, et jouer cartes sur table avec les conflits d’intérêts.

Brigitte Autran, immunologiste

Selon la base Transparence Santé, le Dr Autran aurait reçu, entre 2012 et 2016, 8 avantages de la part de l’industrie pharmaceutique, dont 930 € de MSD France ainsi que 9 conventions. Des conventions en tant qu’expert ou orateur toujours pour la société MSD France, mais aussi BMS. Selon les seules informations fournies par Le Monde, le Dr Autran aurait réalisé “l’évaluation immunologique de deux essais cliniques : vaccin Stamaril (étude financée par l’ANRS et vaccin fourni par Sanofi-Pasteur) et vaccin thérapeutique anti-VIH (financé par Innavirax)“.

Extrait des conventions unissant Brigitte Autran avec des industriels, selon la base Transparence Santé du gouvernement.

 

Extrait des avantages reçu par Brigitte Autran avec des industriels, selon la base Transparence Santé du gouvernement.


Robert Cohen, pédiatre, infectiologue

Pour ce pédiatre, Le Monde nous invite à trouver par nous-mêmes les liens d’intérêts sur le site d’Infovac, un portail médical d’information sur les vaccins, dont le Dr Cohen est le coordinateur en France, et dont les abonnements sont financés par l’industrie pharmaceutique, constituant en soi, un conflit d’intérêts.

Toutefois, la DPI du Dr Cohen fait état de sa participation en tant d’investigateur principal, coordonnateur ou expérimentateur principal lors d’essais cliniques financés par Pfizer (également “en qualité de co-investigateur, expérimentateur non principal, collaborateur” selon Infovac).

Le Dr Cohen déclare également une activité de conseil (les fameux “boards” scientifiques encouragés par la ministre de la Santé) pour Pfizer, AstraZeneca, GSK, Janssen ou encore MSD.

Le Dr est aussi invité en tant que conférencier pour GSK, MSD et Pfizer, bien souvent pour des événements internationaux parmi lesquels les molécules des laboratoires sont encensées par des articles scientifiques.

Pfizer, très présente dans sa DPI, a pris en charge les frais de déplacement et d’hébergement du Dr pour assister à des conférences. Nous apprenons aussi que les sociétés AstraZeneca, GSK, Janssen, MSD, Pfizer, mais aussi Sanofi-Pasteur ont toutes financé une partie du budget d’une institution sous la direction du Dr Cohen.

Extrait de la déclaration publique d’intérêt du Dr Cohen, coordinateur du réseau Infovac pour la France, et dont l’industrie pharmaceutique participe au financement.

Finalement, le Dr Cohen est également le directeur scientifique de l’association Activ France, pour l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val de Marne, financée notamment par les laboratoires pharmaceutiques qui produisent des vaccins.

Imprime-écran du site internet Activ-France illustrant la part de l’industrie pharmaceutique dans le financement de l’association médicale.

Alain Fischer, pédiatre, immunologiste

Le Pr Alain Fischer a été notamment missionné par la ministre pour réaliser la fameuse Concertation citoyenne sur la vaccination. D’après Le Monde, le Pr Fischer n’aurait pas de lien d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique. Si le Pr N’entretient pas de lien avec l’industrie pharmaceutique, il a tout de même reçu en 2013 un prix de 100 000 € pour ses travaux en immunologie par Sanofi et l’Institut Pasteur.

Le Pr Fischer a également reçu un prix de 100 000 € (qu’il a dû se partager avec un autre lauréat en réalité) de la part de la Fondation Robert Kock en 2004. Une fondation généreusement soutenue par des grands noms de l’industrie pharmaceutique: Bayer, Novartis, Pfizer, Roche, Sanofi Aventis ou encore GSK, dont nous ignorons le rôle financier exact dans les prix décernés.

Odile Launay, infectiologue

Pour Odile Launay, on joue à domicile. Si Le Monde ne nous parle que d’un rôle en tant “qu’investigatrice pour des essais cliniques évaluant des vaccins développés par des chercheurs académiques et des industriels “, le Pr Launay possède d’autres liens avec l’industrie, autrement plus flagrant.

Ainsi, au-delà des liens d’intérêts en tant qu’investigatrice, le Pr a également participé à des congrès nationaux (JNI, RICAI) et internationaux (ICAAC, CROI, ECMID) pour des antirétroviraux et des vaccins depuis 2002 à aujourd’hui sponsorisé par GSK et MSD, avec prise en charge des frais de déplacement. Également dans mon registre de conflits d’intérêts, le professeur Launay a dirigé depuis 2002 un Centre d’Investigation Clinique de Cochin-Pasteur financé par MSD, GSK et Sanofi Pasteur MSD. Elle dirige également un réseau national d’investigation clinique en vaccinologie financé par les industriels du vaccin via le CENGEPS depuis de 2008 à aujourd’hui.

Finalement, la base Transparence Santé du gouvernement nous indique, qu’entre 2012 et 2016, le Pr Launay a reçu 52 avantages de la part de l’industrie pharmaceutique, pour un montant total de 19 773 €.

Dans le détail, le professeur a reçu 14 766 € de la part de Pfizer et plus de 1 000 € de la part de Sanofi-Pasteur, tous deux producteurs de vaccins. Elle cumule également 52 conventions avec plusieurs grands laboratoires pharmaceutiques, et notamment pour:

  • Sanofi-Pasteur MSD, 13 conventions en tant qu’expert, pour des congrès, des activités de conseil ou de “l’hospitalité”;
  • Pfizer, 3 conventions en tant qu’expert et orateur;
  • Janssen, 5 conventions pour des recherches scientifiques, des activités de conseil et d’orateur dans des congrès.

Quand bien même nous n’avons pas le montant de ces conventions, elles sont bien souvent estimé à plusieurs milliers d’euros la convention (10 000 € généralement par journée de conseil dans des comités scientifiques).

Philippe Sansonetti, infectiologue, microbiologiste

Selon Le Monde, le Pr Sansonetti a été ” coordonnateur (2010-2015) de Stopenterics, réseau interacadémique d’innovation vaccinale contre les infections entériques pédiatriques financé par l’Union Européenne (FP7) et dont Sanofi-Pasteur et Novartis étaient partenaires “.

Comme le Pr Fischer, le Pr Sansonetti a reçu en 1997 le prix de la Fondation Robert Koch, à hauteur de 100 000 €, dont l’industrie pharmaceutique est particulièrement présente en tant que sponsor financier.

François Vié le Sage, pédiatre

Finalement, le dernier signataire de la tribune, le Dr Vié le Sage, est, selon Le Monde, “membre de conseils scientifiques de suivi de nouveaux vaccins et essais cliniques avec les industriels producteurs (GSK, Sanofi-Pasteur-MSD)“.

Le journal oublie de préciser que le pédiatre est également expert pour l’association Infovac, comme le Dr Cohen, dont les abonnements sont payés par l’industrie pharmaceutique qui commercialisent vaccins, avec une DPI disponible sur le site Infovac.

D’après la DPI, le Dr Vié le Sage a réalisé des essais cliniques en tant que co-investigateur financé par l’association ACTIV, elle-même soutenu par l’industrie pharmaceutique; des activités de conseil pour les sociétés GSK, MSD et Novartis (concernant les vaccins hépatite B, le Gardasil et le méningocoque, tous cité dans la tribune); des interventions en tant que confériencer pour Pfizer, GSK et MSD, avec prise en charge des frais de déplacement et d’hébergement par GSK, Pfizer et Novartis pour assister à des congrès.

Selon la base Transparence Santé du gouvernement, le Dr Vié le Sage a reçu de nombreux avantages et signé de nombreuses conventions avec l’industrie du vaccin entre 2012 et 2016.

Nous parlons de plus de 18 400 € de la part de laboratoires pharmaceutiques, avec plus de 13 800 € de la part de Sanofi, 593 € de GSK et quelque 3 300 € de Novartis.

Nous pouvons ajouter à cela 37 conventions avec ces mêmes laboratoires :

  • GSK, 2 conventions pour des collaborations scientifiques et de l’hospitalité;
  • Novartis, 10 conventions pour des contrats d’orateur, de consultant et d’expertise;
  • Pfizer, 10 conventions;
  • Sanofi-Pasteur MSD, 17 conventions.

Voilà l’ensemble des déclarations publiques d’intérêts complètes de ces experts académiques qui ont décidé de prendre la parole dans le journal Le Monde.

Pour un véritable débat, éclairé et transparent

Discuter des vaccins déchaîne les passions. Le débat devient rapidement trop manichéen, avec les vaccinolâtres d’un côté qui ne voient que les bénéfices et sous-estiment les risques, et les anti-vaccinalistes de l’autre côté qui ne voient que les risques sans prendre en compte les bénéfices.

Pourtant, de nombreuses personnes se placent au centre, comme moi, acceptant sans discuter le rôle positif de certains vaccins dans la gestion d’une maladie infectieuse, en étant toutefois vigilants quant aux abus de confiance pour d’autres produits pharmaceutiques.

Le débat doit bien sûr être objectivé le plus possible, avec des faits et non des ressentis. Aujourd’hui, ce billet apporte des éléments factuels et scientifiques qui remettent en cause l’impartialité de cette tribune écrite par des experts sur les vaccins.

Au-delà des liens d’intérêts bien souvent sous-déclarés ou carrément omis, nous avons dans cette tribune des prises de position partisanes, qui ne reflètent ni la confiance élevée des Français envers la vaccination, ni la couverture vaccinale élevée du territoire, mais plutôt une idéologie extrêmement marquée et le désir d’étouffer un débat juste et démocratique.

La liste à rallonge des liens d’intérêts de tous les intervenants n’est pas un argument ultime pour discréditer la parole de ces experts, que les choses soient claires.

L’analyse plus approfondie de leurs arguments permet, en revanche, de douter de la sincérité académique et scientifique des auteurs.

En tout cas, j’espère que les prochaines décisions politiques seront basées sur des données épidémiologiques et scientifiques irréprochables, et non sur des a priori ou des affabulations de quelques experts liés à l’industrie pharmaceutique.

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4 commentaires
  1. Super article. J’ai l’impression de vivre au moyen âge avec cette façon de fonctionner… Il est curieux que Le Monde n’arrive pas à faire la part des choses.

  2. L’industrie pharmaceutique a toujours chouchouté le personnel médical, potentiellement prescripteur, de là à altérer le jugement dudit personnel y aurait-il qu’un pas ?

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