
Le jeûne intermittent consiste à alterner les périodes de jeûne et celles où l'on mange (Kalense Kid/FLICKR/CC).
Le concept de jeûne intermittent vient du milieu sportif. Cette manière de s’alimenter a pour objectif de fabriquer de la masse musculaire et, couplée à un exercice physique, d’assécher le sportif. Ce type de régime a récemment été repris dans le domaine de la santé, avec une ambition pondérale mais sans activité physique à côté.
L’idée est d’alterner les jours d’alimentation normale et ceux de jeûne. Le rythme est laissé au choix de chacun, selon le confort personnel. On peut ainsi alterner cinq jours normaux et deux jours de jeûne comme, au sein d’une même journée, cinq heures normales et le reste de jeûne.
Le chasseur-cueilleur se cache derrière tout régime
Ce qui est intéressant, c’est, comme dans toutes les méthodes amaigrissantes, les théories qui justifient le régime. On retrouve ici d’une part des arguments biochimiques, des questions d’hormones anabolisantes. Mais, outre ces aspects scientifiques, revient cette référence à notre ancêtre préhistorique, le chasseur-cueilleur. Ce modèle dont on essaye de se rapprocher est commun à presque tous les régimes – on retrouve notamment cette référence au chasseur-cueilleur dans le régime Dukan.
Le mode de vie de cet homme préhistorique consistait à alterner les longues périodes de chasse, pendant lesquelles il ne se nourrissait pas puisqu’il cherchait justement de la nourriture, et les courtes périodes où il s’alimentait. Son organisme était rodé pour supporter le jeûne. Ceux qui préconisent le jeûne intermittent considèrent que le mode de vie du chasseur-cueilleur était plus naturel et plus sain que le nôtre et recommandent donc de s’en rapprocher. Ils oublient que cet ancêtre avait une durée de vie de 25 ans et un cerveau de moineau !
Il n’y a pas besoin de telles théories quasi philosophiques pour savoir que sur le court terme le jeûne peut conduire à un amaigrissement. Les questions qu’il convient de se poser de manière pratique et pragmatique est si ce type de régime fonctionne sur le long terme et n’est pas néfaste pour la santé. Aucune étude ne nous renseigne pour l’instant là-dessus.
95% d’échec des régimes
On peut pourtant affirmer que ce n’est pas le type de régime qui est en cause mais bien la notion de régime. Le régime se définit par un contrôle mental de l’alimentation : lorsque l’on suit un régime, on s’en remet volontairement à des consignes externes, quitte à ne pas tenir compte des informations fournies par notre corps. Au contrôle interne du corps, qui, par les sensations de faim, nous maintient à notre poids d’équilibre, se substitue un contrôle mental.
Il existe alors probablement des personnes qui suivent sans le savoir un jeûne intermittent. Celles par exemple qui ne mangent que pendant un créneau de huit heures sur la journée, en sautant le petit-déjeuner. Sauf que ces personnes ne sont pas au régime, dans le sens où elles n’ont pas suffisamment faim pour se nourrir le matin. Elles écoutent les besoins de leur corps et ne mangent que vers 13 heures, quand la faim se fait sentir. Elles ne se tiennent pas à un plan particulier, n’ont pas pour objectif de contrôler leur poids par leur alimentation.
Ces personnes-là pourront suivre le "jeûne intermittent" toute leur vie. Tandis que celles qui le font en tant que régime risquent d’échouer, comme pour tous les régimes, à 95%. Alors, plutôt que de suivre un régime, quel qu’il soit, respectons nos sensations alimentaires. Même si nous ne faisons pas partie des "veinards" dont le poids d’équilibre correspond au poids idéal de la société et de l’époque dans lesquelles ils se trouvent. Gardons en tête que les codes de beauté varient.
Propos recueillis par Daphnée Leportois.