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(c) Bourse Direct. Macron en plein discours avec les maires lors du Grand Débat National.

Le Grand Débat National voulu par Emmanuel Macron pour répondre à la crise sociale initiée par les Gilets Jaunes apparaît comme une mascarade intellectuelle. Le lien avec ce blog pourrait paraître étrange, mais l’histoire médicale des grands débats est désastreuse. Malheureusement, cette histoire a tendance à se répéter.

Nos inutiles débats nationaux

Pourquoi diable faire entrer Dur à Avaler dans des polémiques politiciennes et sociales avec le Grand Débat National (GDN) et la crise des Gilets Jaunes ? Suis-je en train de faire un hors sujet complet ? Pas vraiment, et vous allez rapidement comprendre pourquoi.

Dans l’histoire des grandes consultations réalisées en France, nous avons déjà eu l’occasion de vivre de telles initiatives pour répondre à des crises sanitaires. Parmi ces initiatives, et parmi les plus récentes, nous avons vécu deux grandes consultations citoyennes et scientifiques sur la vaccination et le dépistage du cancer du sein par mammographie.

Des sortes de grands débats, mais qui ne rentrent pas dans le champ de compétence de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP). Ces deux débats ont été organisés d’une manière relativement proche, avec des garants d’indépendance.

Un comité scientifique et citoyen ont été mis en place, avec un comité d’orientation et des personnalités indépendantes – normalement. Des enquêtes d’opinions et des auditions ont été réalisées par les comités, avec la création d’une plateforme participative pour donner son avis, poser des questions, etc.

L’objectif de ces deux débats était de faire des propositions pour améliorer à la fois la couverture vaccinale en France (et redonner confiance en cet acte médical), mais aussi mieux appréhender la controverse scientifique sur le dépistage du cancer du sein par mammographie.

Si on peut dire que les deux débats ont été bien conduits, surtout celui concernant le dépistage du cancer du sein, les conclusions des rapports ont été parfois surprenantes. La réponse politique a été plus que surprenante aussi puisqu’elle a été soit absente, soit en désaccord avec les conclusions et recommandations des rapports finaux.

Ces deux exemples médicaux illustrent à eux seuls comment la parole scientifique et citoyenne peut être bafouée par des intérêts politiques obscurs, et démontrent le mépris démocratique et le manque de respect de la parole public.

Le hold-up du rapport sur la vaccination

Le débat sur la vaccination en France était très attendu, et notamment ses conclusions. Il y a eu de nombreuses enquêtes d’opinions, des auditions et de nombreuses questions posées.

Au bout de ce processus démocratique, les deux comités scientifiques et citoyens ont émis des recommandations, ou autrement dit, des réponses à la crise de défiance des Français envers la vaccination.

Aucun comité n’avait proposé à l’époque une extension des obligations vaccinales. Si l’idée avait pu être envisagée par nos personnalités scientifiques et citoyennes, à juste titre, l’extension de l’obligation vaccinale n’avait pas été retenue comme une alternative cohérente et adaptée à la situation.

En réalité, c’est même tout le contraire que les comités ont proposé. Pour harmoniser les recommandations actuelles, et limiter la cacophonie, les comités penchaient pour supprimer toutes les obligations, et ainsi se rapprocher de la plupart des modèles européens (mais pas tous).

Ils proposaient de miser sur l’intelligence collective, d’éviter la coercition qui pourrait transformer ceux qui doutent en opposants, et d’améliorer les stratégies de communication pour faire comprendre l’importance de certains vaccins.

Mais une fois les rapports écrits, garnis de recommandations ne mentionnant jamais d’étendre l’obligation vaccinale, le comité d’orientation, en charge de guider le débat et de rédiger le rapport final, s’est permis de travestir – pervertir même – les recommandations citoyennes et scientifiques.

Pour le comité d’orientation, dont l’indépendance de son président avait été remise en question à cause de la réception de prix scientifique financé par un laboratoire pharmaceutique impliquée dans la vente de vaccins infantiles, le scénario le plus plausible et le plus plébiscité a été créé de toute pièce par le comité : à savoir une extension de l’obligation vaccinale. L’extrême opposé.

Pourtant ce n’était pas la mission du comité d’orientation que d’inventer des scénarios qui n’avaient été plébiscités par aucun comité. Il est alors apparu que peu importe les conclusions des comités citoyens et scientifiques, la décision avait probablement déjà été prise au niveau politique, il ne manquait plus que de faire croire à tout le monde que c’était notre idée.

Ce débat sur la vaccination en France a été un véritable hold-up scientifique et démocratique. Si la défiance des Français envers la vaccination est inédite en Europe, et dans le monde, ces débats montrent à quel point les démarches politiciennes surfent sur une vague d’écoute et d’apaisement, mais trahissent, au bout du compte, les conclusions citoyennes et scientifiques.

Le rapport final du comité d’orientation s’est donc révélé est du pain béni pour le Gouvernement qui voyait en lui une bénédiction, une légitimité gagnée à la sueur du front pour étendre les obligations vaccinales.

La plaie de ce coup de poignard est encore béante.

L’histoire du débat sur le dépistage du cancer du sein est sensiblement différente, mais illustre la même chose.

Dépistage du cancer du sein : le rapport mis aux oubliettes

Le dépistage du cancer du sein par mammographie doit être réalisé à partir de 50 ans, tous les deux ans, chez les femmes asymptomatiques (en bonne santé) pour réduire le risque de mortalité.

Ce dépistage est au coeur d’une controverse scientifique concernant son efficacité réelle, ses risques (surdiagnostic et surtraitement, stress psychologique) et la qualité de l’information que l’on donne aux femmes concernées.

La controverse est si intense qu’une grande concertation scientifique et citoyenne a été lancée en 2016. Cette concertation a été un modèle de transparence et de qualité.

Le rapport final du comité d’orientation est un modèle en la matière pour mieux comprendre la controverse, et expose toutes les facettes (positives comme négatives) de cet épineux sujet.

Au final, le rapport du comité d’orientation s’est entendu sur plusieurs scénarios sur la base des déclarations des comités scientifiques et citoyens.

Des scénarios en accord avec les conclusions de nos comités donc, qui proposaient soient d’arrêter le dépistage systématique sous sa forme actuelle (purement et simplement), soient de le revoir en profondeur tant au niveau de l’information donnée aux femmes que sur les modalités de sa conduite (en réalisant des dépistages individualisés en fonction du risque).

Mais cette fois-ci la mascarade démocratique ne s’est pas jouée lors de la rédaction des scénarios. La mascarade s’est opérée au plus haut niveau de la chaîne de décision, au niveau ministériel, avec un rapport magistralement ignoré par l’État, dénaturé même, et qui n’aura, strictement rien changé.

Aucune recommandation n’a véritablement été prise en compte, malgré l’expression claire de la volonté du peuple, et surtout des femmes soumises au dépistage.

Aujourd’hui nous sommes obligés de vivre avec ce fantôme démocratique, cette espèce de sentiment d’arnaque intellectuelle.

Faire de nouveau confiance ?

Comment est-il possible de donner sa confiance à nouveau dans un système qui démontre très souvent (et d’autres exemples de ce type existent dans d’autres domaines, comme dans la magistrature) qu’ils se fichent bien de notre avis, quand bien même ils nous font croire à merveille que notre avis est le plus important.

Pour mémoire, la grande consultation sur les vaccins avait enregistré un nombre incroyable d’avis et de commentaires sur la plateforme publique. Aucun avis n’a été réellement et pris en compte. Ils ont uniquement servi à des analyses statistiques portant sur la fréquence de certains mots…

Bref, l’histoire médicale des débats publics en France nous montrent avec effroi que la prise en compte de la parole publique s’apparente davantage a une stratégie de communication pour apaiser les tensions plutôt qu’à une véritable écoute et une transformation des doléances en actes politiques sincères, et surtout, scientifiquement sérieux.

Aujourd’hui, nous avons des preuves historiques des malfaçons et des escroqueries intellectuelles réalisées par le pouvoir en place et précédent. Des preuves qui s’ajoutent avec les révélations des journaux d’investigation sur le GDN, et l’absence du garant de l’indépendance et de la qualité des débats, la CNDP.

L’affaire reste à suivre, mais n’espérons pas trop non plus de ce genre de débat. En tout cas, je reconnais que c’est bien triste d’en arriver aujourd’hui à cette conclusion.

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2 commentaires
  1. Eh oui… C’est malheureux tout cet argent qu’on dépense pour organiser des choses qui ne servent à rien. Ca me fait penser à la fameuse phrase : “Du pain et des jeux”. Sauf que là, on a que des jeux. Et des dupes.

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