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La vitamine D possède un rôle central pour notre organisme et notre système immunitaire. Permet-elle de déjouer l’infection et la maladie de Covid-19 ? Des preuves plaident pour et contre.

© Kayla Maurais| Unsplash

Le premier essai clinique contrôlé (les fameux RCT pour randomized controled trial) sur la prévention d’être infecté par la SRAS-Cov-2 responsable du Covid-19 grâce à la vitamine D est positif (REF) !

Une prise de 4 000 UI quotidiennement pendant 30 jours par des professionnels de santé fortement exposés au Covid-19 a permis de réduire de 75 % les infections comparées à un groupe témoin.

Pourquoi cette étude est importante ?

Car la vitamine D est au centre d’une intense controverse scientifique depuis le début de la crise sanitaire de Covid-19. La vitamine « soleil » possède un spectre d’activité colossale dans notre organisme en lien avec notre immunité et la réponse inflammatoire.

Cette vitamine participe notamment à :

  • réduire la production de médiateurs inflammatoire, comme les fameuses cytokines impliquées dans l’orage inflammatoire gravissime avec l’infection
  • favoriser la différenciation des macrophages, cheville ouvrière de la réponse immunitaire
  • réduire la production de métabolites oxydatifs

Derrière les actions biologiques, de nombreuses études ont mis en avant un lien entre les formes graves de Covid-19, les décès et les carences sévères en vitamine D.

Si ces liens sont avérés, rien ne nous permet de dire que combler cette carence permettra bien de protéger les malades d’avoir des formes graves ou de mourir.

La carence en vitamine D pourrait être tout simplement l’indicateur indirect d’autres problèmes de santé qui dégrade les chances de survies de malades.

Jusqu’à présent nous n’avions aucun essai clinique publié pour évaluer l’effet prophylactique d’une supplémentation en vitamine D sur le Covid-19.

Nous n’avions vraiment aucune étude avant ?

Je dis que c’est la première étude clinique publiée, alors que nous en avions une parue en mars 2022, mais toujours à l’état de prépublication (lire l’intérêt et les dangers des prépublications ou preprints).

L’étude est pourtant solide. Plus de 6 000 Britanniques ont été réparti dans deux groupes, devant recevoir un programme de supplémentation quotidien en vitamine D ou rien du tout. Ils ont été suivis pendant de longues semaines dans l’objectif d’évaluer l’effet prophylactique, mais aussi thérapeutique de la supplémentation en vitamine D.

malheureusement, et l’étude est loin d’être parfaite sans problème méthodologique, aucun résultat positif n’est ressorti. Rien sur la prévention d’une infection ni sur les hospitalisations et les décès. Il n’y a d’ailleurs eu aucun décès dans aucun des groupes, avec des participants d’une moyenne d’âge de 60 ans.

75 % de prévention des infections

Comme je le disais, l’étude mexicaine sans lien d’intérêt montre l’intérêt de supplémenter quotidiennement les professionnels de santé exposés au SRAS-Cov-2.

L’étude est randomisée, en double aveugle, contre placebo avec plus de 300 participants.

Bref, le gold standard de la recherche scientifique !

Les auteurs ont aussi pris la peine de doser la concentration en vitamine D des deux groupes avant et après la supplémentation. C’est suffisamment rare pour le souligner !

Des caractéristiques vraiment intéressantes.

On réalise d’ailleurs avec ces analyses qu’une infime partie des professionnels de santé avaient des taux normaux de vitamine D.

Seulement 6 %.

Entre 63 et 70 % des participants étaient en carence.

Des taux comparables entre les groupes.

Devant des effets secondaires mineurs et comparables entre les deux groupes, une seule conclusion semble s’imposer devant ces résultats : il faut généraliser la supplémentation en vitamine D chez ce groupe à risque.

Avant de s’emballer

Mais avant de s’emballer, il faut prendre en compte les limites de l’étude qui tempère la portée des résultats.

La comparabilité des groupes d’abord. Malheureusement, le groupe témoin qui a pris un placebo pendant 30 jours était plus vieux avec davantage de diabétiques.

Ça pose donc un problème sur la solidité des résultats et de la randomisation.

Mais ce n’est pas vraiment le plus important ici.

Car si l’étude a bien commencé avec 302 participants (environ 150 dans chaque groupe), plus d’une centaine ont quitté l’expérience avant la fin.

Ce sont les fameux perdus de vue. Et ils représentent 36 % du total.

C’est énorme dans ce type d’étude.

Suffisamment énorme pour jeter un doute raisonnable sur la qualité des résultats. Mais pourquoi je dis ça ? Pour descendre quoiqu’il en coûte la vitamine D ? Absolument pas.

En fait c’est simple. On ignore l’effet d’une supplémentation en vitamine D chez plus de 100 participants. Mais si la majorité des participants dans le groupe contrôlé ont eu le Covid-19, à l’inverse de l’autre groupe, les résultats changeraient complètement de sens.

L’inverse peut être vrai, en renforçant encore un peu plus l’effet positif de la vitamine D.

Mais on ne pourra probablement jamais le savoir.

Le pourcentage de perdu de vue dans un essai clinique doit être le plus bas possible pour éviter ce genre de problème d’interprétation. Il est surtout extrêmement élevé dans cette étude.

Fort heureusement, il y a eu autant de perdus de vue dans un groupe comme dans l’autre, ce qui réduit les chances d’avoir un gros problème dans les résultats.

L’autre problème concerne la protection personnelle face au virus. On parle des blouses, surblouses, masques, des gants ou des mesures d’hygiène pour éviter d’être contaminé.

Ces protections personnels et comportement d’hygiène sont importantes pour moduler le risque d’être infecté. On comprendra bien qu’un professionnel de santé sans la moindre protection, exposé au cas les plus graves, augmentera ses risques d’être contaminé.

Malheureusement, cette étude ne s’est pas du tout renseignée sur ce paramètre. Aucune mesure n’a été faite. C’est dommage.

Deux autres observations interrogent sur ce lien entre vitamine D et protection contre un agent viral.

D’abord, les auteurs ont regardé la fréquence des infections au Covid-19 entre deux groupes importants : ceux en état de carence et ceux qui ne le sont pas. Et grande surprise, il n’y a aucune différence entre ces deux groupes alors qu’on devrait s’attendre à davantage d’infection chez les carencés.

Autrement dit, la supplémentation serait bénéfique (si l’effet est bien celui qu’on pense) chez certaines personnes, mais pas forcément chez les personnes carencées.

Ensuite, les auteurs remarquent qu’il n’y eut qu’une seule hospitalisation pour covid sévère chez nos 200 participants. Cette personne est restée tout de même pendant 23 jours à l’hôpital pour finalement rentrer chez elle.

Elle appartenait au groupe contrôle, sans supplémentation en vitamine D. On ne sait pas si cette personne était carencée ou pas.

Analyser ce paramètre n’était pas l’objectif de cette étude. Il est impossible de faire une quelconque analyse sur ce cas anecdotique d’autant plus que les groupes n’étaient pas comparables, au désavantage du groupe sans vitamine D.

Se supplémenter ou non ?

Cette étude apporte une première pierre solide pour mesurer l’effet d’une supplémentation en vitamine D pour prévenir (prophylaxie) des infections de SRAS-Cov-2 et toutes les complications qui vont avec chez les professionnels de santé.

L’étude a été conduite avant l’ère de la vaccination, avant la circulation de nouveaux variants. C’est intéressant pour le contrôle des facteurs de confusion, mais gênant pour l’extrapolation des résultats.

Cette étude clinique, publiée dans un bon journal scientifique, apporte des résultats prometteurs, préliminaires et contradictoires.

  1. La supplémentation a bien permis de réduire le risque d’être infecté. En chiffre absolu, il est réduit de 12 %.
  2. Les personnes en situation de carence ont eu le même risque infectieux que ceux qui ne l’étaient pas. Un résultat contradictoire qui nous rappelle que les études observationnelles ont de nombreux biais.
  3. On ignore l’intérêt de cette supplémentation pour réduire les formes graves et les décès.
  4. Le groupe contrôle n’était pas identique au groupe sous vitamine D, avec un âge plus avancé et plus de diabétiques.
  5. Cette étude participe au rationnel pour supplémenter massivement la population pendant les phases épidémiques de Covid-19. Elle reste néanmoins préliminaire et seule dans le paysage scientifique des essais cliniques.

Comme précisé dans l’encart plus haut, la seule étude encore en prépublication ayant évalué un programme de santé publique de supplémentation en vitamine D chez des séniors ne montre quant à lui aucun bénéfice particulier.

Sur ce même sujet, je vous encourage à lire ces enquêtes (réservé aux membres) :

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