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Adieu chère butineuse

Mon blog n’est pas indifférent face à la situation assez préoccupante du devenir des abeilles sur notre planète. J’offre notamment un guide exclusif sur le miel, je suis moi-même un petit apiculteur amateur et j’ai récemment écrit un billet sur la production du miel.

Si vous ne le savez pas, l’apiculture moderne est en très mauvaise posture avec notamment l’effondrement des colonies d’abeilles. Colony Collapse Disorder (CCD) est le terme anglais pour définir la disparition ou la mort entière d’une colonie. Les raisons ? Elles sont probablement multiples. Fragmentation de l’habitat, appauvrissement floristique, présence excessive de pesticide toxique pour les abeilles, etc.

La situation ne doit pas être prise à la légère, les abeilles sauvages ou domestiques jouent un rôle fondamental dans l’écologie des plantes à fleurs, de la production de fruits et de légumes et de tous les produits dérivés de la ruche.

L’importance des abeilles

Elles ont une place centrale dans la pollinisation croisée de nombreuses plantes de la planète. Les abeilles sont les pollinisateurs de prédilection, dont certaines plantes dépendent complètement pour assurer leur reproduction et donc leur survie.

Le rôle écologique majeur peut, à la limite, échapper pour la plupart d’entre nous. Par contre, le rôle économique des abeilles dans l’agriculture ne peut pas nous échapper. Plus une abeille visitera une fleur, plus le fruit sera gros. Cette phrase est vraie de manière général pour tous les fruits et légumes, avec quelques particularités.

Par exemple, les amandiers californiens sont dépendants du passage des abeilles pour permettre la formation de fruit. Nous avons là un exemple fort qui illustre l’importance du rôle des abeilles dans notre « confort alimentaire ». Plus d’un tiers de la production mondiale de nourriture est sous le contrôle des pollinisateurs jaune et noir.

Toutes ces constatations font régulièrement sortir un dicton, qui aurait été émis par Einstein lui-même :

« Quand les abeilles meurent, les jours de l’Homme sont comptés »

Avec une multitude de variante, mais j’en passe.

Certains pays imaginent déjà la vie « après les abeilles ». L’exemple nous vient de la Chine où de pauvres petits chinois sont recrutés pour féconder à la main, avec une plume, les fleurs une à une. Un vrai travail de fourmis, qui ne sera probablement jamais viable, surtout dans les pays plus « démocratiques » dirons-nous.

Non, la voie nous est montrée ailleurs, en Europe par exemple.

Le jour où les abeilles disparaitront… les mouches prendront le relais ?

C’est une histoire scientifique plutôt folle que je m’apprête à vous raconter. Une histoire qui commence en Europe, dans le Consortium of Bee Project (CBP) qui ne recense pas moins de 6 pays européens dont la France et l’Allemagne.

Ce consortium de chercheurs, de techniciens, d’ingénieurs et d’apiculteurs ne cachent pas leur but : trouver le remplaçant de l’abeille, qui ne survie plus dans nos contrées fragmentées et riches en pesticides.

Les chercheurs ont donc voulu tester la mouche, qui persiste dans tous les milieux et peut voler de fleurs en fleurs tout comme l’abeille, pou remplacer notre championne de la pollinisation croisée. Une première étude publiée en février de cette année à permis d’isoler chez plus de 23 colonies d’abeilles, plusieurs gènes dits « candidats » qui induisent les phénomènes de pollinisation et de formation d’une colonie (1).

Une première sur la scène scientifique entomologique. Un autre groupe de scientifiques du département génie génétique du CBP s’est attardé sur la fabrication d’une mouche transgénique, qui possède donc des gènes en plus, des trans-gènes afin d’induire la pollinisation chez les mouches.

Ils ont choisi une espèce domestique commune, Fannia canicularis, présente dans pratiquement tous les pays de la planète, sous tous les climats. Les scientifiques ont donc suivi génération après génération l’évolution des comportements alimentaires (recherche du nectar) chez les mouches, dans le but d’obtenir une pollinisation croisée.

Une 1ère publication par cette équipe dans le très célèbre journal de génétique, the European Journal of Apllied Genetic, a démontré une préférence significative pour le nectar d’une espèce de fleur comparé à une boisson sucrée offerte ad libitum (2). Les chercheurs estiment qu’il faut faire plus de sélection pour les spécimens les plus attirés par le nectar, ceux la-même qui pourraient assurer la pollinisation.

Une fois l’hybride stabilisé en élevage, un groupe d’éthologues, d’écologues et d’’apiculteurs ont voulu savoir l’impact du passage d’une mouche comparé au passage d’une abeille. Pour ce faire, 12 serres fermées ont été utilisées pour tester la force de la pollinisation des mouches, et des abeilles.

4 serres témoins, sans mouches ni abeilles, 4 serres avec l’hybride et 4 serres avec les abeilles. Le choix s’est porté sur des pommes, des Golden delicious, qui sont très réceptive au passage des abeilles. En effet, plus une abeille passe, plus le fruit sera gros et développé.

Après 4 mois d’expérience, les résultats tombent et c’est à peine croyable. Les mouches n’atteignent pas le remarquable travail des abeilles qui ont permis d’obtenir des pommes 23 % plus lourde que celles des mouches (3). La différence est forte, et les conséquences pourraient être dramatiques pour la production mondiale. Sauf que les pommes produites avec les mouches étaient tout de même 19 % plus lourde que les pommes témoins, sans pollinisateur. Bingo ! Les scientifiques ont réussi à trouver une piste sérieuse, mais encore incomplète, pour remplacer une possible extinction des abeilles.

Il convient par contre de se poser des questions quant à l’introduction d’une nouvelle espèce transgénique dans le milieu naturelle. Est-ce que le jeu en vaudra la chandelle ? Ne vaudrait-il mieux pas tenter de sauver les abeilles au lieu de bidouiller avec les miracles de la Nature ? Je ne sais pas, mais l’avenir nous le dira bien assez tôt.


Notes et références

  1. Mark, K. B., Stockwell, V. O., Smith, D. M., Sugar, D., & Garner, J. E. (2013). Do genomic of bees can matched with flies to pollinate?. Bee and conservation83(5), 478-484.
  2. Janet, L. S., Radier, K. L., Trinket, M. N. & Jones, J. E. (2013). Attractiveness of nectar for transgenic flies from Consortium Bee Project (CBP). European Journal of Apllied Genetic 12(5), 125-142.
  3. Wedde, H. F., Farooq, M., & Zhang, Y. (2013). Effect of crossed-pollinated apple by flies and bees: an experimental approach. .Ant colony optimization and swarm intelligence (pp. 83-94). Springer Berlin Heidelberg.

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5 commentaires
  1. C’est super de se dire que les mouches pourront désormais faire le travail de pollinisation des abeilles, et qu’il existe des alternatives, mais cela ne résout en aucun cas le problème: qu’est-ce qui va empêcher les mouches de mourir à leur tour à cause des pesticides et de tout le reste ?

  2. Tres interessant comme d’hab!
    Il y a quelques annees, j’essayais de faire pousser des mini aubergines dans mon appart en centre ville. Au moment de la floraison, bien que je laisse la fenetre grand ouverte… aucune abeile! J’ai donc pollinise mes plants moi-meme, en utilisant un pinceau a maquillage (le type fard a paupieres). Ca a tres bien fonctionne, mais c’aurait ete barbant de faire ca a grande echelle, et casse-genoux sur des plantes cultivees en potager, et non en pots sur des etageres…

  3. Vous parlez des “abeilles” et des “mouches” (un nom ambigu) en omettant de préciser que l’abeille domestique n’est pas la seule ni parfois la meilleur pollinisatrice. En France, près de 1.000 espèces différentes d’abeilles et des centaines d’espèces différentes de mouches pollinisent déjà les cultures. Dans un verger de pommiers, les abeilles domestiques représentent une partie seulement des pollinisateurs : Abeilles domestique, Osmies, Andrènes ou Syrphes se complètent pour venir polliniser vos pommiers. Pour d’autres cultures, les diptères sont plus représentés et plus efficaces que les abeilles domestiques, ou parfois même les seuls ou presque, comme sur le cacao ou un diptère – un petit moucheron – pollinise, sans les abeilles. Nous élevons déjà des mouches (syrphes) et des abeilles sauvages “managées” pour la pollinisation.
    Cordialement, Coeur d’abeille.

  4. J’adore, les mouches et les abeilles. Mais je préfère les mouches.
    Après avoir vécu 3ans avec un diptère dit “Mouches à asperges”, que j’avais renommé Sylvie; j’ai constaté que je ne trouvais pas de miel au pied de mon lit, après chaque rapports.
    C’est donc avec désolation que je vous annonce à toutes et à toutes que je me retire du projet “Sauvons les mouches à Merde” auquel j’ai consacré 40 années de ma vie. Je tire ma révérence avec un pincement au coeur et une larme prononcée au coin de mon oeil triste.
    Bonsoir.

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