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La seule étude défavorable au régime paléo avec la pratique d’une activité sportive est de faible qualité méthodologique. Elle est reprise par les sites pro-végétaliens alors que le journal a décidé de la retirer pour manquement aux standards scientifiques.

Source : Nutrition Facts.

Le dangereux régime paléo malgré du sport

Le régime paléolithique pourrait-il être si mauvais pour la santé que même la pratique d’une activité physique n’y changerait rien ? C’est à l’occasion du “Flashback Friday”, où d’anciennes vidéos sont remises à l’honneur et republiées sur YouTube, que l’on découvre une vidéo au titre percutant qui le laisse croire :

L’alimentation paléo peut supprimer les effets positifs du sport

Le titre de la vidéo annonce la couleur. Elle provient du site Nutrition Facts animé par le docteur américain Michael Greger.

Les bénéfices habituellement retrouvés avec la pratique d’une activité sportive seraient réduits au silence à cause d’une alimentation spécifique, paléolithique. Manger paléo, c’est restrictif. Les produits laitiers, les céréales et les légumineuses ne sont plus autorisés, tout comme les produits industriels transformés. Dans l’idéal, on mange des produits animaux et végétaux, des produits frais et brut, avec une belle proportion de végétaux sur les produits animaux.

L’alimentation paléo fait donc le contre-pied au végétalisme, avec une littérature scientifique de plus en plus riche qui apporte son lot de résultats positifs, neutres, et parfois négatifs.

Des effets négatifs comme ceux que nous présentent le Dr Greger de Nutrition Facts dans sa vidéo été initialement publiée en 2014. Pourtant, l’analyse de la vidéo, et des références scientifiques citées nous révèlent le fonctionnement du Dr Greger, avec des méthodes qui renforcent les doutes et remettent en question son objectivité.

L’étude peu rigoureuse

Retour en 2014 donc, une étude publiée dans un journal spécialisé dans le sport (International Journal of Exercise Science), avec peer-review, jette un pavé dans la mare de l’univers du paléo1.

Une équipe américaine, avec à la manoeuvre Michael Smith de l’université d’état de Californie et Steven Devor de l’université de l’Ohio, montre que des jeunes adultes qui ont suivi une alimentation paléolithique pendant 10 semaines ont eu une détérioration de leur profil lipidique, malgré la pratique d’une activité sportive (ici du CrossFit).

D’après les auteurs, la diète paléo pourrait donc contre-balancer les effets positifs du sport sur la santé métabolique, notamment à cause d’une “restriction injustifiée en aliment promoteur d’une bonne santé, comme les produits laitiers, les céréales complètes et les légumineuses.”

Du pain bénit pour le Dr Greger qui met Nutrition Facts en branle. La vidéo fait le buzz, encore aujourd’hui, alors que des sérieuses critiques ont été émises dès le départ sur ces travaux américains.

À l’origine, l’étude sur le régime paléo était le fruit d’une thèse d’un certain Éric Trexler, co-auteur de l’étude finale. Une thèse faisant dans les 30 pages et qui ne compte en réalité qu’une seule analyse, celle sur le régime paléo et la pratique de CrossFit2.

L’étude qui met à mal l’alimentation paléo est loin d’être irréprochable, aucune étude ne l’est d’ailleurs. Mais certaines limites ou approches scientifiques peuvent fortement discréditer des résultats.

Voici les principales critiques concernant l’étude des chercheurs Devor et Smith :

  1. Absence d’un groupe contrôle et de randomisation des participants
  2. Aucune information précise sur l’alimentation paléo n’a été donnée aux participants
  3. Aucun suivi de l’alimentation des participants. Les auteurs ne savent pas si les participants ont réellement suivi une alimentation paléo, et n’ont obtenu que 8 retours sur 44 des habitudes alimentaires des participants. D’eux-mêmes, les auteurs ont décidé de ne pas en tenir compte.
  4. Aucune information sur les apports caloriques, les grands groupes de macronutriments, les apports en fibres, en acides gras saturés, cholestérol, etc.

Ces premières limites mettent fortement à mal la qualité et la fiabilité des résultats obtenus. L’absence de groupe contrôle, de randomisation et d’une vérification du suivi de la diète n’invitent pas à donner sa confiance dans ce travail. C’est tout l’inverse.

En toute logique, la rigueur et l’honnêteté scientifiques voudraient que l’on présente toutes ces limites aux internautes et aux lecteurs pour qu’ils puissent se forger un avis en connaissance de cause. Mais les adeptes de Nutrition Facts n’auront pas cette chance.

L’étude finalement rétractée

Pire, nous savons depuis la publication de cette étude qu’elle a fait l’objet d’une enquête interne auprès du journal. Une enquête qui s’est conclue avec la rétractation pure et simple de l’article courant 2017. L’étude n’était manifestement pas conforme aux principes de l’éthique scientifique du journal, sans lettre de justification de la part des éditeurs.

Un camouflet pour cette étude pourtant prise pour argent compte par l’équipe du Dr Greger sans la moindre nuance ni analyse critique. La vidéo à l’origine montée en 2014 a pourtant été republiée en novembre 2019 à l’occasion du “Flashback Friday” sans le moindre correctif ou mea culpa de la part rédaction.

En réalité, une recherche sur la base de données “Retraction Watch” – qui recense tous les articles scientifiques dépubliés – nous rappelle que Michael Smith et Steven Devor ont eu ensemble trois études dépubliées pour non respect de plusieurs règles au journal3 et une corrigée pour falsification de données.

Malgré le retrait de l’étude sur l’alimentation paléo, son analyse pure et dure ne présentait pourtant pas de résultats si défavorables. Les auteurs ont observé une augmentation de la concentration de LDL uniquement chez les personnes avec un taux jugé “optimal”. Rien chez les autres. En revanche, on observe une perte de près de 4% de masse grasse, et une baisse – non significative – du LDL élevé au démarrage de l’étude chez certains participants.

L’étude ne présentait aussi aucune mesure complémentaire et importante comme la résistance à l’insuline, la concentration de certaines protéines inflammatoires (CRP), l’insuline circulante à jeun, et bien d’autres.

On ne peut que constater que l’équipe de Nutrition Facts a réalisé une vidéo à l’origine sur une étude de mauvaise qualité, rétractée par la suite, et n’a en rien changé son fusil d’épaule en 2019. Rien de bien rassurant.

D’autres enquêtes sur les allégations du Dr Greger et de Nutrition Facts :

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