Miracle ou Arnaque : la vérité sur les perles de céramiques

• L’eau est un concentré de produits chimiques (chlore, nitrate, ammonium…) pour la rendre potable 
• Il existe des alternatives aux carafes filtrantes hors de prix pour purifier l’eau très simplement
• Les perles de céramique pourraient purifier, dynamiser et enrichir l’eau en antioxydant
• Mais derrière les promesses alléchantes se cachent une réalité moins enthousiasmante, où on vous prend un peu pour des cruches

Des perles magiques ?

“D’étonnantes perles de céramique 100% naturelles qui révolutionnent toute la maison !”

Voici la punch-line du site les Verts Moutons¹ qui propose une large gamme de ces petits tubes en céramique aux propriétés tout simplement incroyables :

• Antioxydantes
• Purifiantes
• Dynamisantes…

Ces perles seraient la solution idéale pour rendre son eau de robinet plus pure, plus fine en la débarrassant de nombreuses substances peu recommandables comme les nitrates ou encore l’ammonium.

D’après Laurence Beauvais, Directrice générale des Verts Moutons², les perles de céramiques dites “EM”³ sont capables de neutraliser le chlore, le calcaire, les nitrates, l’ammonium. Mais pas uniquement. Toujours selon les Verts Moutons, “l’équilibre biologique se rétablit et la qualité de l’eau s’améliore de façon significative”.

Comment ? Grâce à un cocktail de micro-organismes dit efficace, selon les mots de son inventeur, qui modifieront favorablement la structure et la qualité de l’eau (mais pas uniquement).

Vous trouverez sur la toile de très nombreux articles de blogs ou de magazines qui vantent les bienfaits des fameuses perles dans un usage domestique. Ce sont bien souvent des blogueurs(-ses) qui en parlent, dont la vaste majorité des avis sont positifs, et pour cause : l’utilisation des perles de céramiques est simplissime et réputée infinie.

Elles seraient donc inusables, réutilisables sans cesse et sans entretien particulier… Pour des effets constants. Des propriétés qui ne laissent pas indifférents et qui n’invitent qu’à une seule chose : essayer soi-même pour en mesurer tous les effets (comme pour les cristaux de Masaru Emoto et le pouvoir des intentions avec le riz).

Des effets qui ne s’arrêteraient pas à la purification de l’eau. Même si Laurence Beauvais des Verts Moutons précisent dans une interview accordée au site Ecologie Citadine que les perles n’ont pas la possibilité de potabiliser l’eau, elle rappelle que l’eau au contact des perles sera redynamisée afin de lui “rendre son état originel d’eau “vivante”, aux propriétés anti-oxydantes et hydratantes optimales”.

Fantastique ? Et ce n’est pas encore fini.

Jardins Animés⁴ est également un revendeur officiel de cette innovation majeure pour la santé et la planète. Sur la page de présentation des perles en céramiques EM, ils précisent que ces dernières seraient capables :

• D’éliminer les informations négatives
• De rétablir les résonances magnétiques originelles de l’eau

Même si cela ne semble pas extrêmement clair, on s’imagine que l’eau n’en sera que meilleure.

De retour chez les Verts Moutons, les perles de céramiques EM amélioreraient aussi la conservation des fruits et des légumes.

Comment ? Tout simplement en plaçant quelques perles dans le bac à légumes du réfrigérateur. Laurence Beauvais prédit une conservation deux à trois fois plus longue.

La liste est encore longue…

• lave-linge
• lave-vaisselle
• toilette
• chauffe-eau électrique
• bouilloire…

Même les aquariums peuvent bénéficier des incroyables propriétés des perles en céramiques enrichies avec des micro-organismes dits “efficaces”.

Une alternative écologique et économique

Les perles de céramiques séduisent en un clin d’oeil à la lecture des innombrables propriétés bénéfiques et de la simplicité d’utilisation. En plus, elles offrent une solution à toutes les personnes qui entreprennent une démarche “écolo” et souhaitent notamment se passer des bouteilles en plastiques d’eau minérale.

Bien souvent, la qualité aléatoire de l’eau du robinet est pointée du doigt, mais surtout l’impact désastreux de la production de bouteille plastique sur l’environnement entraînant de facto une pollution extrêmement préoccupante.

Si d’autres solutions pour filtrer l’eau du robinet existent (des carafes filtrantes, du charbon actifs, etc.) les perles séduisent de plus en plus par cette incroyable simplicité et durabilité qui en fait un investissement imbattable.

En effet, 15 perles pour une carafe d’un litre vendu au prix de 12.9 € et à vie… c’est alléchant !

Si on compare rapidement l’investissement des carafes filtrantes qu’il faut changer régulièrement ou le charbon actif à jeter au bout de 6 mois… On comprend rapidement pourquoi la communauté écologique et zéro déchet se jettent sur ces petits tubes de céramiques.

L’invention venue du Japon

Le docteur Teruo Higa, professeur émérite à l’université Ryukyus à Okinawa, est à l’origine de cette innovation, dont les perles de céramiques ne représentent qu’une infime partie de l’offre de la marque EM.

Le principe est simple : enrichir le milieu du fameux mélange de 80 souches de micro-organismes pour redonner vie au sol pollué, améliorer les rendements des cultures, nettoyer les surfaces, faire disparaître les odeurs, purifier l’eau, etc., etc.

Cette découverte aurait pris racine dans l’exploitation d’oranges de Teruo Higa qui reposait essentiellement sur des fertilisants chimiques et des produits phytosanitaires. À cause de problèmes de santé, le professeur Higa a commencé à s’intéresser à l’interaction des micro-organismes avec la vie du sol, les rendements, la santé des plantes…

C’est en 1980 que le terme “EM” pour micro-organismes efficaces a été inventé par Teruo Higa (“effective microorganism” en anglais). Depuis lors, le groupe ne cesse de publier des travaux scientifiques dans ce domaine et de réaliser des conférences internationales pour populariser leurs résultats obtenus à l’aide du fameux mélange de 80 souches microbiennes spécifiques⁵.

Miracle ou arnaque ?

Trop beau pour être vrai, n’est-ce pas ? Pourtant le fonctionnement des perles n’aurait rien de mystérieux, bien au contraire. Inlassablement, les sites de la toile publient les mêmes informations concernant les perles.

Elles seraient le résultat d’une fermentation entre de l’argile fine et pure avec un mélange précis de 80 souches de micro-organismes (les fameux EM).

Des micro-organismes qui conféreraient aux perles leurs propriétés si intéressantes pour nous et notre planète. D’ailleurs, Laurence Beauvais des Verts Moutons nous donne plus d’information sur ces micro-organismes au détour d’un commentaire publié sur Ecologie Citadine.

Elle précise que les “micro-organismes efficaces contenus dans les perles de céramique sont anaérobies et résistent à des températures très élevées (plus de 800°). Rajoutant que ces « warriors » entraînent dans leur sillage les micro-organismes neutres contenus majoritairement dans l’eau qui vont à leur tour devenir efficaces et auto-régénérer l’eau, en la débarrassant de ses éléments pathogènes.”

Alors, miracle ou arnaque ? La suite de cette enquête sur les perles de céramique apporte tous les éléments scientifiques et techniques qui penchent en faveur d’une supercherie pure et simple qui aurait déjà touché un bon nombre de personnes.

Si vous souhaitez obtenir les informations les plus factuelles sur les perles de céramiques quasi magiques, lisez la suite de cette enquête (et abonnez-vous !).

La vérité sur les perles de céramiques soi-disant magiques

Derrière les nombreux témoignages positifs, et les allégations quasi miraculeuses des revendeurs se cachent une réalité bien différente. Une réalité scientifique, médicale et technologique qui ne soutient pas les nombreux bienfaits présumés des perles.

Les premiers doutes concernant l’efficacité des perles de céramiques enrichies en micro-organismes viennent des utilisateurs eux-mêmes. Certains émettent des doutes logiques devant les propriétés des perles, et parlent d’un “miracle” à peine croyable.

Premier sondage, première douche froide…

Un appel à témoignage à été réalisé sur la page Facebook de Dur à Avaler sur les perles. Il avait été demandé aux internautes possédant des perles de donner leur avis (positif ou négatif). Les premiers retours sont unanimement négatifs.

Francine nous prévient qu’à peine les perles reçues en cadeau et testées, “elles sont maintenant dans ma boîte à couture et attendent que je trouve une jolie idée pour leur offrir une seconde vie.”

L’efficacité avancée des perles sur le calcaire et donc le tartre qui pourrait se former dans les bouilloires ou certaines carafes – dans les régions où l’eau est “dure” – s’effrondre à lecture des premiers retours. Une première internaute nous relate son expérience :

“Je les ai achetées… et.. bah rien… toujours autant de calcaire dans la bouilloire, dans les carafes d’eau ils conseillent d’attendre 1/2 heure pour que les billes fassent effet, mais en fait c’est l’évaporation qui fait que l’eau n’a pas mauvais goût (et encore cela dépend des jours). Bref aucun intérêt ce n’est que du marketing⁶.”

Cette internaute précise dans un second commentaire que “le calcaire se voit bien, je la détartre aussi souvent qu’avant…” Une seconde lectrice de la page Facebook confirme le manque d’efficacité sur le calcaire. “Achetées il y a quelques mois et quelle déception ! zéro effet sur le calcaire, ma bouilloire en atteste, toujours aussi entartrée !”

Les perles ne seraient pas si efficaces que ça sur le tartre, et pour cause, nous allons voir dans la suite de cette enquête que son efficacité sur ce composant de l’eau est improbable, impossible même.

L’impossible action sur le calcaire

Les perles en céramiques EM peuvent-elles changer la composition de l’eau, en la privant d’une partie de son calcaire et donc de dépôt solide, le tartre ? Le calcaire ne peut pas s’évaporer, il se dépose spontanément dans les canalisations, tuyauteries, carafes ou bouilloires.

Quand une eau est riche en calcaire, on parle d’une eau “dure”. Une eau dure que l’on peut traiter pour essayer de la priver de calcaire, mais pas n’importe comment. Les principaux systèmes pour traiter une eau riche en calcaire sont :

• les adoucisseurs d’eau
• les filtres anti-calcaire
• les filtres anti-tartre

Pour faire simple, les adoucisseurs sont des procédés assez complexes qui doivent être le plus souvent installés par des professionnels. Ils permettent de retenir une partie des minéraux incriminés (magnesium et calcium) afin de réduire la dureté de l’eau. En général, deux cuves sont utilisées pour adoucir l’eau : une au sel et l’autre avec de la résine (des adoucisseurs sans sel existent aussi).

Les filtres anti-calcaires, que l’on peut retrouver dans certaines carafes filtrantes, possèdent un maillage suffisamment fin pour retenir les minéraux qui dérangent en excès. Dans certaines situations, notamment avec la nanofiltration, il sera nécessaire de reminéraliser l’eau avec un osmoseur.

L’anti-tartre quant à lui permet de mettre en suspension le calcaire pour éviter qu’il ne se dépose sur les supports de la maison, et donc de former du tartre. Le mécanisme repose soit sur du magnétisme – les ions calciums étant chargés – soit sur des produits chimiques. Le procédé ne changera pas la teneur en calcaire de l’eau, ni sa dureté.

Bref, dans les cas de filtre anti-calcaires, il est impératif de changer régulièrement les cartouches qui se chargent en minéraux fort logiquement. L’action est donc limitée dans le temps, et nécessite de l’entretien avec parfois l’intervention d’un professionnel.

Comment des perles en céramiques au fond d’une carafe ou d’une bouilloire pourraient-elles neutraliser le calcaire sans le moindre entretien, et processus physico-chimique ? C’est impossible.

Même les systèmes de filtration en céramique doivent être changés régulièrement, et sont souvent associés à des colonnes de charbons actifs. Si les pores ou le maillage de la céramique sont trop encombrés, cela aura pour conséquence de réduire le débit d’eau et d’abîmer la céramique si aucun lavage n’est réalisé. Bref, c’est de l’entretien.

Les filtres retirent un élément du milieu, et s’encrassent, logiques. Mais cette logique échappe aux perles de céramiques qui sont capables d’extraire ou de transformer le calcaire on ne sait pas comment sans qu’aucun revendeur ne soit capable d’en expliquer le fonctionnement précis.

Le secret des perles EM : de l’information pure

En fait si. Le site Jardin Animés détaille le fonctionnement des perles de céramiques sur l’eau, le calcaire et donc le tartre.

D’après eux, l’intérêt majeur des perles réside dans leur mode de préparation. Dans les faits, les perles sont au départ un macérat d’argile fine avec des micro-organismes précis, nos fameuses 80 souches sélectionnées. Les micro-organismes relâchent pendant des mois de fermentation des métabolites dans l’argile, qui l’enrichissent avant cuisson.

Ces métabolites, des lipides, des sucres, des molécules complexes, etc. fabriquées par les micro-organismes, sont “enregistré[s] lors de la cuisson” après plusieurs mois de fermentation avec l’argile. Ainsi, “les informations (fréquences) de la céramique sont transférées dans l’eau. Les groupements de molécules d’eau, et donc les dépôts de tartre sont ainsi réduits.”

La seule explication retrouvée sur la toile serait donc ésotérique ou mystique. On nage en plein dans la mémoire de l’eau ou l’homéopathie, qui ne bénéficie d’aucune validation scientifique rigoureuse et indépendante.

Les seuls éléments tangibles seraient donc uniquement la subjectivité des utilisateurs. Mais la suite est encore plus passionnante…

Disparition du chlore : une supercherie

L’un des intérêts majeurs des perles : l’amélioration de la qualité de l’eau, au goût principalement. Elle serait plus fine, agréable et moins chlorée surtout. Moins chloré grâce à l’action des perles si on en croit les revendeurs.

Le site Jardins Animés liste l’évaporation du chlore comme l’une des propriétés des perles. De nombreux témoignages attestent bien d’une amélioration du goût de l’eau avec les perles. Donc ça fonctionne !

Ici, la supercherie atteint son paroxysme. Il est de notoriété publique que le chlore s’évapore naturellement de l’eau du robinet. On conseille généralement d’attendre 24h. Tous les sites qui commercialisent les perles recommandent d’attendre au moins 30 min avant de boire l’eau, pour laisser le temps aux perles d’agir ou plutôt… au chlore de s’évaporer.

Plusieurs articles en ligne décrivent des tests de dégustation en aveugle (et parfois non) d’eau en contact ou non avec les perles. Dans la majorité des cas, la différence au bout de 30 minutes n’est pas perceptible.

Pas “convaincante” d’après Romain du magazine Be Art, par exemple. En revanche, 24h plus tard, le “résultat était plus que satisfaisant” pour l’auteur de ce crash test qui trouve la nouvelle eau plus “fine”. On nage dans la subjectivité pure et dure.

En réalité, les utilisateurs des perles font quelque chose qu’ils ne faisaient (probablement) jamais avant : ils laissent l’eau reposer. De facto, le chlore s’évapore et le mérite est entièrement attribué aux perles qui n’ont strictement aucune efficacité pour traiter ou filtrer le chlore en l’état.

On s’appuie ici sur l’ignorance de certaines personnes.

Micro-organismes efficaces : entre non-sens et confusion

Nous l’avons vu, la principale caractéristique des perles réside dans la présence de micro-organismes dits efficaces qui, d’après Laurence Beauvais des Verts Moutons, enrichiraient le milieu d’antioxydants et amélioreraient la qualité générale et structurelle de l’eau.

En fin sceptique, vous pourriez vous demander comment des micro-organismes peuvent survivre à une température de cuisson entre 800 et 1200°C, que vous auriez raison.

Est-ce possible ? Non. Sans l’ombre d’un doute.

Nous connaissons aujourd’hui plutôt bien les effets de la chaleur, de la stérilisation ou de la pasteurisation sur la survie des micro-organismes, bactéries et autres virus. Tout le monde sait par exemple qu’une eau de pluie bouillie devient potable. 100°C suffisent pour limiter fortement le risque bactériologique.

Dans les faits, dès que l’on atteint entre 120 et 150°C, plus aucun organisme vivant ne survit. Plus rien. Seuls les tardigrades supportent des températures proches de 400°C pendant un court instant. Et ce sont de véritables champions en termes de survie.

Les perles en céramiques n’ont donc plus aucun organisme vivant actif (un fait d’ailleurs admis par le revendeur Jardins Animés, mais pas tous).

Malgré ces faits, Laurence Beauvais affirme le contraire dans un commentaire publié sur le site Ecologie Citadine. D’après la directrice des Verts Moutons, les “micro-organismes efficaces contenus dans les perles de céramique sont anaérobies et résistent à des températures très élevées (plus de 800°). Pour faire simple, ces « warriors » entraînent dans leur sillage les micro-organismes neutres contenus majoritairement dans l’eau qui vont à leur tour devenir efficaces et auto-régénérer l’eau, en la débarrassant de ses éléments pathogènes.”

Est-ce une méconnaissance élémentaire des lois de la biologie ou bien une confusion volontairement entretenue pour justifier un mécanisme plus crédible ? Nul ne le sait. Dur à Avaler n’a reçu à ce jour aucune réponse de la part de Laurence Beauvais malgré plusieurs relances.

Quoi qu’il en soit, cette confusion admise et diffusée par la Directrice générale des Verts Moutons est reprise en boucle sur le Web. L’explication rassure puisqu’elle sous-entend un mécanisme assez logique sur la base de micro-organismes.

Par exemple, Aude du site Ecologie Citadine précise dans son article dédié aux perles qu’il s’agit “d’un produit vivant, qui participe à notre santé au même titre que les bonnes bactéries qui se trouvent dans votre corps.”

Elle rajoute que les perles fonctionnent grâce “à l’action combinée de 80 souches différentes de micro-organismes”, mettant ainsi en lumière l’amalgame développé sur le site des Verts Moutons.

Box 2. La gênante confusion… Sur Ecologie Citadine administré par Aude, une internaute se demande quelle est la différence entre ces perles et celles utilisées en aquariophilie qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Pour Aude, “les billes proposées à cet usage [en aquarium, ndlr] sont uniquement décoratives, sans les micro-organismes qui font le travail de filtrage”, démontrant sans le moindre doute la confusion.

Vous trouverez sur le web de nombreux exemples similaires où les utilisateurs sont persuadés d’avoir affaire à du matériel vivant.

Mieux conserver les aliments ?

D’après le site les Verts Moutons qui commercialise la gamme de céramiques EM, les perles servent aussi à améliorer la conservation des fruits et des légumes. Comment ? On ne sait pas ! Mais il suffit de placer une poignée de perles dans le bac à légume du réfrigérateur ou dans le panier de fruits pour doubler voire même tripler la durée de conservation.

Une prouesse que même le site revendeur Jardins Animés ne présentent pas. Après les avoir contactés à ce sujet, ils nous ont précisé revenir vers nous avec des réponses. Pour le moment, aucune réponse ne nous ait parvenue.

Quoi qu’il en soit, nous avons du mal à comprendre comment les perles pourraient éviter que fruits et légumes ne pourrissent trop vite.

De part la description que font les Verts Moutons des perles, elles auraient une action au contact de l’eau. Les micro-organismes tués par la cuisson, mais encore vivants selon certains, émettraient des métabolites ou des vibrations pour améliorer la qualité de l’eau. Nous avons vu que cela était impossible, alors dans l’air ? Un produit est-il émis dans l’air, une hormone ou autre chose ? Les perles modifient-elles la structure ambiante de l’air ?

Aucune information scientifique, ni explication – plus ou moins logique – n’est disponible sur le site revendeur, ni même sur le site nippon à l’origine de l’invention. On nage ici dans des allégations spéculatives.

Ou peut-être pas. Un seul site relate une expérience de conservation des aliments. C’est Romain de Be Art précédemment cité qui nous précise avoir placé des tomates, abricots et courgettes dans des bacs différents, avec ou sans perle, dans le réfrigérateur. Selon lui, au bout de 3 semaines les fruits et légumes étaient “toujours en parfait état dans le saladier contenant les perles.” Les autres n’auraient pas eu cette chance.

Romain ne va pas plus loin dans la description de son expérience. Les fruits et légumes ont-ils été lavés ? Étaient-ils au même stade de maturation ? Comment a-t-il mené son expérience ? Nous savons que le stade de maturation de certains fruits et légumes peut accélérer le pourrissement d’autres.

L’éthylène joue notamment un rôle clé puisque cette hormone volatile va accélérer le phénomène de pourrissement des fruits et légumes. Or, il serait possible de piéger l’éthylène avec un dispositif spécial à base d’argile notamment. Est-ce que cela fonctionne réellement ? Personne ne le sait vraiment.

Si certains sacs plastiques sont vendus avec des propriétés anti-pourrissement, et semblent avoir des résultats positifs (mais parfois non) en piégeant l’éthylène, on se demande bien comment peuvent fonctionner les perles.

Analyse d’eau introuvable et risque sanitaire ?

Si les bénéfices supposés des perles de céramiques semblent plus qu’incertains (ou bien naturelle avec l’évaporation du chlore), qu’en est-il des risques ?

Sur le site les Verts Moutons, les perles sont décrites comme une alternative économique et saine aux carafes filtrantes “qui représentent un véritable danger sanitaire lorsque les cartouches ne sont pas changées dans les délais”, nous précise-t-il.

Si le risque sanitaire posé par les carafes filtrantes a été officiellement étudié par l’Anses⁷, nous n’avons aucune idée du risque posé par les perles de céramique.

Des carafes filtrantes à risque ? L’Anses nous a mis formellement en garde en 2016 sur les risques potentiels des carafes filtrantes, notamment à cause des filtres qui pourraient relarguer dans l’eau de nombreux contaminants – ceux filtrés – à cause du non-remplacement des cartouches, mais aussi du développement d’une activité microbienne.

Voici les conclusions de l’Anses :

S’agissant de l’innocuité des carafes filtrantes, bien que les données disponibles ne permettent pas d’attester d’un risque pour la santé du consommateur, l’Agence constate que la filtration peut entraîner un abaissement du pH, une libération d’argent, de sodium, de potassium et/ou d’ammonium ainsi qu’une altération de la qualité microbiologique de l’eau pour tout ou partie de la durée de vie de la cartouche.

Rajoutant :

“Les données disponibles ne permettent pas d’évaluer l’efficacité réelle de toutes les carafes filtrantes commercialisées, celle-ci dépendant de la composition et des caractéristiques de la cartouche filtrante, de la qualité de l’eau destinée à être filtrée et des pratiques de l’utilisateur. En outre, l’efficacité doit être jugée au regard des revendications des responsables de la mise sur le marché.

Après une longue recherche sur le Web, on retrouve globalement peu de témoignages négatifs concernant l’évolution de la qualité de l’eau et des perles de céramique. Mais tout de même. Gwen, blogueuse sur le site Les Petites Chozes, avait écrit un article positif sur les fameuses perles en céramique. Un article depuis mis à jour qui ne recommande plus les perles. La raison ? Une eau qui devenait selon elle désagréable avec une odeur de “fromage”.

Les perles en céramique, tout comme celles utilisées au final en aquariophilie, peuvent être colonisées par des bactéries. Si vous utilisez les perles dans une carafe d’eau à température ambiante, et pendant un peu plus longtemps que prévu, il est tout à fait possible d’observer un développement bactérien.

En théorie, selon les dires de l’Anses, la prolifération de ces microbes aérobiques et revivifiables ne serait pas un danger imminent, car cette flore “n’est pas systématiquement le signe d’un accroissement d’une exposition à des micro-organismes pathogènes, mais reflète néanmoins des conditions favorables à la multiplication et à la survie des micro-organismes”.

L’Anses précise ce point important :

“Même si cette dégradation se caractérise uniquement par une augmentation de la flore aérobie revivifiable pour laquelle il n’existe pas d’éléments permettant d’attester de l’existence d’un risque direct pour la santé du consommateur, elle peut refléter un milieu favorable à la prolifération et à la survie de micro-organismes, parmi lesquels des germes potentiellement pathogènes.”

Mais encore une fois, les analyses de l’Anses reposent uniquement sur les carafes filtrantes et non sur les perles en céramique.

Des tests en laboratoire introuvable ?

L’efficacité des perles en céramique sur la qualité de l’eau a-t-elle été mesurée dans les règles de l’art, avec des analyses en laboratoire indépendant ? Aucune information sur ce sujet ne transpire des sites des revendeurs, mais pourtant, certains journalistes et blogueurs (non affilié à la marque) précisent que oui, des tests auraient été faits.

Nous revenons encore une fois sur le Be Art où Romain avait rédigé son crash test élogieux concernant les perles. Au détour de plusieurs commentaires de sceptiques concernant l’efficacité réelle, ce dernier précise que “des tests en laboratoire ont déjà été effectués par Laurence Beauvais, directrice des Verts Moutons avant de commercialiser les perles en France.”

Romain rajoute que “les études ont été menées dans un laboratoire indépendant pour étudier des échantillons d’eau provenant de la région parisienne avant/après. Cette étude atteste d’une diminution significative du chlore, du calcaire, ainsi que du taux de nitrates, de nitrites et d’ammonium. Nous vous invitons à contacter Les Verts Moutons si vous désirez en savoir plus.”

Un commentaire plus que rassurant. Mais premier problème, ce test en laboratoire n’est mentionné nulle part sur le site des Verts Moutons. Second problème, contacté à plusieurs reprises Laurence Beauvais n’a jamais répondu à mes demandes sur ce sujet. Troisième problème, d’autres internautes ont réalisé aussi cette démarche, sans succès.

Voici le commentaire de Justine⁸ que l’on peut retrouver sur le web :

“Quant à moi j’ai adressé plusieurs messages au site “les Verts Moutons” afin de savoir si d’un point de vue scientifique, des tests avait été réalisé pour prouver la véracité des “propriétés” de ces perles. À ce jour, après plusieurs mois, aucune réponse ne m’a été donnée…”

Ce commentaire remonte à plus d’un an. À ce jour, rien n’indique que ces perles ont bénéficié de la moindre évaluation indépendante pour vérifier si les allégations sont justifiées ou non.

Des perles d’aquarium à prix d’or ?

Les perles de céramiques semblent magiques à la lecture des commentaires élogieux et des arguments développés par le fabricant et ses revendeurs. Purification de l’eau, enrichissement avec des antioxydants, redynamisation de la structure de l’eau, nitrate et ammonium en moins…

L’eau serait plus hydratante, et certains attesteraient même avoir moins de tartre sur les dents grâce à l’action anti-calcaire des perles. Toutes ces affirmations ne reposent aujourd’hui sur rien. Aucune analyse en laboratoire n’est disponible, aucune étude scientifique a validé les bénéfices sur la santé et plus fort : le fonctionnement des perles repose en fait sur la mémoire de l’eau (ou plus simplement sur le même principe que l’homéopathie).

Est-ce que “l’information” transmise par les micro-organismes et leur métabolite à l’argile pourrait ensuite modifier la structure de l’eau, et nous permettre de bénéficier d’une eau plus pure et plus fine ?

Rien aujourd’hui ne permet de le croire, rien ne le démontre. Aujourd’hui, le seul véritable bénéfice des perles serait sur le chlore. Une vaste majorité d’utilisateurs confirment une amélioration organoleptique de l’eau. Elle est meilleure. Pourtant, ce seul bénéfice est obtenu naturellement avec l’évaporation du chlore. Le protocole d’utilisation des perles – les laisser agir au moins 30 min, voire 24h – fourni le temps nécessaire pour laisser le chlore s’évaporer. C’est donc une véritable supercherie, qui gagne à être connue par le plus grand nombre.

Les perles de céramiques réputées vivantes n’ont en réalité aucun micro-organisme vivant à l’intérieur qui pourrait relarguer des minéraux ou des antioxydants dans l’eau. La cuisson des argiles à plus de 800°C entraîne la mort de tous les organismes vivants, sans l’ombre d’un doute. Cette confusion entre un produit “mort” fait d’argile et vivant riche en micro-organismes est entretenue par certains revendeurs. Les blogueurs et blogueuses peu suspicieux relayent ainsi la communication des revendeurs, sans nuance ni recherche.

Au final, ces perles de céramiques ressemblent à s’y méprendre aux tubes en céramique utilisés en aquariophilie. Des tubes qui sont voués à être colonisés par des bactéries pour agir en tant que filtre supplémentaire et garantir une eau plus claire et moins riche en nitrates pendant un certain temps. Les perles devront être nettoyées régulièrement. La seule différence qui semble persister entre les tubes de céramique en aquarium et les perles aux micro-organismes efficaces est le prix. On multiplie le prix en jouant sur la méconnaissance des acheteurs et la simplicité d’utilisation.

Bientôt, deux nouvelles enquêtes sur ce sujet :

• Le crash-test des perles EM fait par Dur à Avaler. Les perles seront mises à l’épreuve et tous les résultats des expériences (durée de vie des fruits et légumes, qualité de l’eau, conservation des fleurs, qualité du riz ou des pâtes, etc.) seront présentés.
• Le mélange EM, composé de micro-organismes vivants et dit efficace, permet-il d’améliorer la qualité des sols, d’augmenter les rendements et de rendre les plantes plus résistantes aux maladies ? Ce sera la prochaine enquête au coeur de la société créée par Teruo Higa. Vous découvrirez le lobbyisme scientifique de la compagnie et les sérieux doutes sur l’efficacité des micro-organismes, même vivants.