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Image générée par IA.

Et si une cure de probiotiques pour soigner votre flore intestinale pouvait par ricochet protéger votre cerveau des ravages du temps, de la démence et de la maladie d’Alzheimer ?

L’idée n’est pas dénuée d’intérêt ni « folle » avec les liens de plus en plus fort entre notre cerveau et notre intestin. Les milliards de bactéries, virus et micro-organismes qui peuplent nos villosités intestinales ont des effets marqués sur notre santé, allant même jusqu’à nos articulations et l’arthrose !

Et à de nombreux niveaux.

  • Sur l’assimilation des nutriments
  • Dans le maintien d’une bonne immunité
  • Sur notre risque allergique, d’obésité
  • Au niveau de l’inflammation, de la santé cardiovasculaire
  • Et sur l’humeur, les troubles dépressifs ou anxieux

Sauf que c’est un peu le flou artistique quand il s’agit de définir le « bon » du « mauvais » microbiote, à l’image du célébrissime sketch des Inconnus.

On sait que les centenaires et supercentenaires peuvent avoir des microbiotes bien particuliers, pouvant expliquer en partie pourquoi ils atteignent des âges aussi vénérables. Mais les fameuses « Blue «Zone» où l’on retrouve nos sages sont aussi frappé de nombreuses fraudes sur les actes de naissance afin de toucher de gracieuses pensions de retraite.

La longévité n’est pas qu’une affaire de nutrition et de génétique quand l’administratif prend le dessus !

Quoi qu’il en soit, une étude récente nous montre comment une supplémentation en probiotique et en fibre pouvait améliorer les fonctions cognitives. Des dysfonctions cognitives à la démence et Alzheimer, n’y a-t-il qu’un pas ? Avons-nous un remède simple aux futurs cas tragiques de démence et d’Alzheimer ?

Cerveau dopé aux bactéries

Les résultats arrivent du pays du soleil levant et montrent le pouvoir d’une supplémentation de deux éléments clés avec des effets positifs sur les fonctions cognitives des participants en seulement 3 mois.

Une supplémentation à base  :

  • de Bifidobacterium animalis subsp. lactis (souche GCL2505)
  • d’inuline, une fibre alimentaire particulièrement appréciée des bactéries intestinales (on parle de prébiotique)

D’après les chercheurs nippons, la supplémentation aurait permis d’améliorer les fonctions cognitives des participants grâce à une :

  • amélioration de l’environnement intestinale
  • réduction de l’inflammation

L’hypothèse centrale repose sur la production de SCFA (des acides gras à courte chaîne) par les micro-organismes de nos intestins aux effets marqués sur l’inflammation et notamment le cerveau.

La démonstration est convaincante. Car nos chercheurs se sont retroussé les manches avec une production de haut niveau.

  • Étude randomisée
  • en double aveugle
  • contre un placebo
  • des tests cognitifs validés
  • de nombreuses mesures biologiques (inflammations, bactéries dans les selles…)

Mais j’ai de nombreuses fois pu vous expliquer comment les équipes de recherches arrivent à produire des résultats positifs en suivant les méthodes scientifiques les plus rigoureuses. La démonstration a été dramatique pour le collagène sur les articulations et l’apparence de la peau.

On se rappelle aussi comment le Dr Bredesen propose de mettre fin à la maladie d’Alzheimer grâce à son programme ReCODE… qui propose à la vente des compléments alimentaires à base de probiotiques et fibres alimentaires. L’idée est encore une fois de viser le microbiote pour protéger le cerveau.

Mais est-ce le cas ici ? Dans un travail financé et réalisé exclusivement par Ezaki Glico Co qui commercialise sa boisson à base de bactéries bénéfiques et d’inuline, nous avons des raisons de rester méfiants !

Résultats dopés de positivité

L’entrain des chercheurs salariés de la firme nippone est flagrant. Ils fanfaronnent avec assurance sur les nombreux bénéfices mis en avant. À la fois sur l’inflammation de l’organisme et les performances cognitives.

Il y a de quoi être fier !

Sauf que la présentation des résultats n’est pas un modèle de transparence et d’honnêteté.

On parle de « spin » en science. C’est l’art de tordre la présentation des résultats pour que les projecteurs n’illuminent que les parties les plus intéressantes. Et je vous explique tout de suite les dessous de cette étude.

Cerveau : le boost en trompe l-oeil

Les résultats sur les performances cognitives n’y échappent pas. On retrouve surtout la présentation des paramètres les plus significatifs.

4 paramètres cognitifs :

  • l’index neurocognitif
  • l’attention complexe
  • la flexibilité cognitive
  • et la fonction exécutive

Mais ils oublient de préciser quelques petites choses importantes que les futurs consommateurs des campagnes marketing n’ont pas besoin de savoir :

  1. les bénéfices sont faibles. Le gain moyen absolu sur ces 4 paramètres est de 3 à 5 points sur une échelle de 100 points. On pourra douter raisonnablement que les participants ressentent le moindre changement
  2. quatre résultats positifs… sur 16 ! 12 domaines sur la fonction cognitive n’ont montré aucune différence avec le groupe sous placebo
  3. la qualité de vie est inchangé. Comme on pouvait s’y attendre avec la seule analyse sur la qualité de vie qui ne montre pas de différence entre nos groupes. Les différences sont des artefacts mathématiques.

Je vois tout de suite les espoirs des étudiants fondre en pensant doper le cerveau pour avoir de meilleures notes ! Tristesse.

L’inflammation sélective

Il n’y avait pas de raison que la méthode change pour l’inflammation !

Les auteurs concluent dans le résumé de ce travail que « l’intervention a significativement […] influencé les niveaux de plusieurs marqueurs inflammatoires. Ces résultats suggèrent que la consommation de GCL2505 et d’inuline améliore les fonctions cognitives en améliorant l’environnement intestinal et en atténuant l’inflammation. »

Mais la réalité est un poil plus nuancé. Juste un poil !

Car ils retrouvent une amélioration de 4 marqueurs inflammatoire sur un lot total de 75. Les améliorations de ces 4 marqueurs ne sont pas si mauvaises (des améliorations relatives de 15 à 25%), mais restent minoritaires dans un océan d’inefficacité.

Il y a pire. Les auteurs ont aussi regardé l’évolution de 3 marqueurs majeurs de l’inflammation et des fonctions neuronales qui n’ont pas changé d’un pouce

  • CRP, la protéine réactive C qui est le marqueur de référence.
  • IL-1β (interleukine 1 bêta), une cytokine pro-inflammatoire majeure de l’organisme et notamment dans le cerveau
  • BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), qui est une neurotrophine majeure avec des effets importants sur les neurones et donc la mémoire ou encore l’apprentissage

On est sur 5 % de réussite si on regroupe toutes les analyses sur ces biomarqueurs. Ce n’est franchement pas très glorieux, et cette présentation peu élogieuse n’est bien sûr présente que dans nos rêves… ou sur Dur à Avaler.

Vendre un yaourt

La supplémentation avec les bactéries bénéfiques et les fibres viennent en réalité d’un yaourt à boire. Une sorte de Yop à la nipponne qu’on peut trouver sous le nom de BiFix. C’est un peu le bifidus actif à la française.

Et le producteur japonais n’aura pas attendu bien longtemps pour faire valoir les effets positifs de ce produit sur la santé. C’est la stratégie classique.

Avec peu de participants, une méthode robuste, mais une présentation bien particulière des résultats, on peut affûter une ligne marketing scientifiquement honnête et légale, mais éthiquement discutable.

Glico, qui a aussi été un producteur historique de glutamate monosodique, fait comme tous les industriels du milieu. Ce n’est pas vraiment une surprise.

Les consommateurs avec une once d’esprit critique seront satisfaits de voir des travaux avec une méthode rigoureuse. Les autres n’y verront que du feu. Il faut pousser l’analyse pour découvrir le pot aux roses.

Conclusion : pas de quoi s’enflammer ?

Les promesses d’une réduction de l’inflammation et d’un coup de fouet cognitif sont largement surestimées par l’équipe de recherche… qui travaille directement pour le sponsor. Pouvait-on s’attendre à quelque chose de différent ? Peut-être bien.

Prendre de sa flore intestinale est une excellente idée. Notre microbiote joue un rôle clé dans notre santé. Mais peut-on changer réellement et efficacement la trajectoire de ce microbiote grâce aux probiotiques ?

C’est la question à un million d’euros.

Ce n’est pas si clair, ni si évident que ça.

Sur le principe, toutes les initiatives visant à rétablir une « bonne » communauté bactérienne semblent bien-fondés. Mais dans la pratique, on remarque souvent des échecs ou des bénéfices en trompe-l-œil.

Il n’y a pourtant pas de quoi s’enflammer.

Au vu de ces résultats mitigés, ne faudrait-il pas mettre davantage l’accent sur une hygiène de vie plus bénéfique ?

La liste n’est pas exhaustive. Je reviendrais plus longuement à l’avenir sur cette équipe nippone qui a déployé des sommes colossales pour étudier leur yaourt magique.

On reste en contact ?

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