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La « reikiologie » est une forme de reiki traditionnel unique, rigoureuse et cadrée dont les bienfaits sur la santé sont prouvés scientifiquement. Enquête sur une pratique cernée de mystères.

© Alexander Grey| Unsplash

Il y a reiki et reiki…

Dans le domaine des médecines alternatives, la bataille pour la légitimité est rude. Pour la reconnaissance aussi, avec comme Graal ultime des accréditations étatiques officielles.

Une sorte de tampon qui sera gage de confiance et de qualité.

Et certaines disciplines ne reculent devant rien pour se démarquer des concurrents, comme vous allez le découvrir avec la Fédération française de reiki traditionnel.

Le reiki est une sorte d’imposition des mains qui se décline à l’infini selon les pratiquants, les inspirations, et les interprétations des écrits originaux.

Tout le monde y va de son « talent » pour aider les gens à retrouver la santé, combattre la dépression ou l’anxiété.

Pour se démarquer des nombreux maîtres en reiki, dont le titre n’est ni protégé ni conditionné par l’obtention d’un diplôme officiel (et reconnu), cette fédération a créé sa propre marque : la reikiologie.

La science du reiki traditionnel, la plus proche d’un certain fondateur japonais Usui avec des garanties scientifiques !

On retrouve Christian Mortier et Estelle Ivanez derrière cette organisation « labellisée ISO 17024 » qui auront été extrêmement avares de réponses à mes nombreuses questions.

Capture d’écran de la page de la présentation de l’étude clinique menée par la FFRT.

Quand la Fédé joue aux scientifiques

Le reiki pratiqué par les « reikiologues » n’est pas le même que celui des autres. C’est en substance le message que souhaite faire passer la fédération. Ce reiki-là est soutenu par des résultats scientifiques !

C’est d’ailleurs dans les missions et les actions de la fédération ! Elle vise a « appliquer une démarche scientifique, experte et transparente de vérification des fonctionnements et effets du reiki », mais aussi a « éprouver scientifiquement sa pratique professionnelle du reiki »

Une démarche plus qu’honorable, mais dans les faits, il y a anguille sous roche.

Car la fédération s’appuie sur une étude clinique menée en 2015 qui a permis de valider les « effets antistress et de bien-être » de la reikiologie… d’après eux.

Sauf que cette étude clinique est absente de toutes les bases de données biomédicales. Elle n’existe que sur le site de la Fédération de reikiologie.

Oui, vous m’avez bien lu. Habituellement, une étude scientifique sera publiée dans un journal scientifique (comme Nature, Science, Lancet, etc.) pour être lue et évaluée.

Mais la Fédération de reikiologie s’est affranchie de cette étape, quand bien même l’étude en question aurait été faite par un laboratoire français certifié.

Cela nous fait une belle jambe, car la fédération espère que l’on croit aux résultats sur parole, sans pouvoir lire les analyses, la méthode… au prétexte de données confidentielles !

Je n’avais pour ainsi dire jamais reçu cet argument depuis plus de 10 ans que j’enquête sur les thérapies de notre quotidien.

Le peu que la fédération de reikiologie nous montre est extrêmement problématique, et tend à montrer qu’une séance de reiki traditionnel n’apporte rien de plus qu’une séance de repos sans le moindre intervenant.

L’effet antistress

On commence par le point le plus problématique. C’est pourtant l’axe principal de la fédération, avec une action cliniquement prouvée contre le stress.

Comment arrive-t-il à cette conclusion ?

En utilisant des échelles de stress standardisés et validés scientifiquement ? Non…

En veillant à contrôler tous les paramètres confondants des participants et les répartir aléatoirement dans les groupes ? Non plus…

En fait, la fédération s’est basée sur un seul paramètre : les tremblements au repos qui serait « révélateur du stress ».

Il n’en faudra pas plus pour affirmer que le « stress baisse de 36% » avec plusieurs séances de reikiologie… alors que ce paramètre n’est absolument pas révélateur du stress.

Ce n’est pas simple d’évaluer le stress ou l’anxiété d’une personne. Heureusement pour nous, des spécialistes ont mis au point des questionnaires qui permettent d’évaluer le plus fidèlement possible l’état de stress d’une personne.

Et surprise, les tremblements ne concernent qu’un seul point parmi plus de 20 paramètres (sur l’échelle DASS).

Car les tremblements peuvent être liés à un tas d’autres choses :

  • la consommation excessive de café
  • une fatigue musculaire
  • une baisse de la glycémie
  • des blessures
  • le vieillissement (donc quelque chose de normal…)
  • des maladies comme l’hyperthyroïdie, la maladie de Parkinson, des attaques cardiaques, etc.

En clair, se baser sur ce seul paramètre pour déterminer l’effet antistress d’une pratique est une erreur monumentale.

Une erreur d’autant plus grossière que l’échelle de mesure la plus communément utilisée dans le milieu – la Perceived stress scale – ne s’attarde jamais sur les tremblements des individus !

L’allégation « antistress » de la pratique repose en réalité sur une mesure totalement arbitraire, sans base scientifique sérieuse.

C’est fort de café.

Le groupe témoin et l’effet placebo

Le second point – lui aussi très problématique – concerne nos groupes soumis à l’étude clinique. Toutes études cliniques dignes de ce nom doivent avoir au moins deux groupes.

  1. Un premier qui sera soumis à la thérapie étudiée. Ici ce sera notre groupe de participants qui recevront une ou plusieurs séances avec un « reikiologue » certifiées.
  2. Un second groupe , dit « témoin » qui devra être soumis à une thérapie « placebo » ou une sorte de simulacre d’une véritable séance de reiki, mais sans la moindre réalité pratique.

Et c’est là que nous avons un premier problème. Car la fédération de reikiologie a soumis le groupe témoin a une simple séance de repos. Vous ne voyez pas le problème ?

Il faut comparer une séance factice de reiki avec une véritable séance pour évaluer l’effet propre du reikiologue… sinon cela n’a scientifiquement aucun intérêt.

C’est grâce à ce « groupe témoin » que la fédération se permet de dire qu’ils ont « supprimé » l’effet placebo alors que c’est… impossible.

On ne supprime pas l’effet placebo.

On le mesure.

On l’évalue grâce à un protocole expérimental adapté.

Dire que l’on a réussi à supprimer l’effet placebo peut faire mouche si on n’y connait pas grand chose, mais ne pourra pas tromper un spécialiste de la question.

C’est comme si vous souhaitez démontrer que l’opéra est plus relaxant que n’importe qu’elle autre type de musique… sans faire écouter de musique relaxante au groupe témoin. Ce groupe reste juste-là, assis, tandis que les autres écoutent de la musique.

C’est un problème colossal dans la méthode.

On réalise d’ailleurs très rapidement que nos groupes n’ont rien de comparable. Toutes les colonnes bleues présentées sur la page de la fédération devraient être au même niveau si les groupes étaient identiques.

On voit que le groupe soumis à la séance de reikiologie semble moins heureux et davantage stressé que l’autre.

Mutisme et amateurisme

Je ne vais pas prendre le risque de décortiquer plus en détail cette « étude » tellement il y aurait de choses à dire. Aucune analyse statistique présentée, aucune méthode, pas de répartition aléatoire des participants et aucun test standardisé pour mesurer l’état de stress ou d’anxiété, ni mise en aveugle des participants et des évaluateurs…

Cette « étude » ne vaut strictement rien, si elle existe bien.

Car les fondateurs de la fédération ont choisi de se plonger dans le mutisme. J’ai relancé plusieurs fois Christian Mortier pour obtenir une copie de l’étude, avoir des détails sur la méthode et obtenir des réponses aux questions soulevées dans cet article.

Si j’ai eu des réponses de fin de non-recevoir dans un premier temps, la fédération a tout simplement ignoré mes mails et mes questions.

Dont acte.

L’amateurisme scientifique pose ici un gros problème éthique. Car les reikiologue certifiés par la fédération usent et abusent de cette validation scientifique qui n’en a que le nom.

J’ai pioché au hasard dans l’annuaire des praticiens certifiés pour explorer les sites web.

On découvre dans cet échantillon qu’ils mettent tous en avant la carte « cliniquement prouvée » reprenant bien souvent un texte copié/collé qui renvoie sur la page de la fédération avec un joli petit badge « EFFETS CLINIQUEMENT PROUVÉS »

Capture d’écran d’un thérapeute certifié par la Fédération française de reiki traditionnel.

Cette « étude », qui je le rappelle n’est publiée dans aucun journal scientifique, sert donc directement les intérêts des futurs praticiens et les stratégies marketing pour convaincre et rassurer.

Une étude qui montre d’ailleurs des résultats quasi identiques entre une simple séance de repos (à ne rien faire) et une séance de reikiologie sur les tremblements au repos et l’humeur déplaisante

Sur ce sujet, j’avais déjà pu faire un point complet des travaux scientifiques sur l’effet du reiki… avec des résultats plutôt décevant qui ne permettent pas de trancher catégoriquement au-delà d’un effet placebo.

Pour conclure, la Fédération française de reiki traditionnel fonde sa légitimité sur des arguments scientifiques qui ne représentent aucun standard de qualité. Ces études n’ont aucun besoin de confidentialité puisqu’elle ne détaille pas la nature des séances de reiki.

L’argument tombe à l’eau.

Mais plus grave : elle n’apporte aucune garantie scientifique minimale pour apporter le moindre élément clinique en faveur de la reikiologie.

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2 commentaires
  1. Pareil ! Dans une autre vie (je suis retraité) j’étais journaliste et enseignant Reiki. J’ai fait la même démarche pour un reportage. A ce jour, je n’ai toujours pas eu d’infos… et ce n’est pas faute d’avoir insisté !

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