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La supplémentation en vitamine D pour booster le système immunitaire et lutter contre les infections respiratoires est au centre d’une intense controverse scientifique depuis de nombreuses années. De nombreuses personnes seraient en carence de la vitamine du « soleil » et gagneraient à se supplémenter. Pourtant, les résultats des plus récentes études sur ce sujet viennent ternir l’image miraculeuse de cette vitamine. Enquête sur les bénéfices de la vitamine D.

Source : Unsplash

L’interminable débat entre vitamine D et infections respiratoires

L’histoire ne date pas d’hier. Les premiers essais cliniques rigoureux qui ont étudié le lien entre des supplémentations en vitamine D et l’apparition d’infections respiratoires ont plus de 10 ans.

La vitamine D qui rime avec bain de soleil est fortement plébiscitée par les naturopathes, les sites en santé naturelle, mais également par des médecins et autres professionnels de santé.

Et pour cause ! Les études sont nombreuses. Les résultats aussi. Avec des analyses globales de la littérature ou méta-analyse qui démontrent l’intérêt d’une telle supplémentation pour réduire la fréquence des épisodes infectieux.

Si le débat était déjà houleux avant l’arrivée de la Covid-19, il a été démultiplié par plusieurs études ou prépublications positives et négatives, mais aussi la prise de position officielle de l’Académie de médecine pour faire doser la vitamine D chez les personnes âgées, et de palier aux éventuelles carences.

C’est pour ces raisons que l’on voit très souvent la vitamine D accompagner des ordonnances avec d’autres suppléments, comme le zinc, pour mieux armer notre organisme face au virus.

Les bases physiologiques en défense de la vitamine D sont bien là.

La vitamine D est essentielle pour le fonctionnement normal et optimal de l’organisme, en particulier pour le système immunitaire qui nous protège des intrus.

Les produits issus de la dégradation de la vitamine D aussi. On parle des métabolites, et ils pourraient avoir un rôle clé de soutien du système immunitaire pour lutter contre ces infections respiratoires.

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Miracle, exagération et danger

Dans ce débat, et comme dans tout débat, la nuance est souvent mal vue, dénigrer et reléguée au second rang derrière les certitudes et les raccourcis simplistes.

Car la situation est loin d’être simple.

La vitamine D est vue par certains comme un remède quasi miraculeux, presque gratuit et sans effet indésirable, alors que d’autres n’y voient qu’une arnaque naturelle de plus, exposant à certains risques et remplissant grassement les poches de certains.

La voie du milieu n’aura jamais été aussi difficile à défendre, à exposer, présenter et faire connaître.

Cette voie existe pourtant.

Le rôle positif de la vitamine D sur l’apparition des infections respiratoires n’est pas sorti d’un chapeau de magicien.

Tous les articles de vulgarisation sur ce sujet citent les mêmes travaux scientifiques, et en particulier celui d’une équipe multidisciplinaire et multipays qui fait référence dans le domaine.

C’est la célèbre revue systématique et méta-analyse publiée en 2017 dans le BMJ par Adrien Martineau de l’Université Queen Mary de Londres (1).

Les conclusions de cette vaste synthèse de 25 essais cliniques randomisés et contrôlés étaient sans appel : la supplémentation en vitamine D était sans danger et a permis de réduire les infections respiratoires.

Sans surprise, les personnes déficientes et supplémentées ont eu les bénéfices les plus importants.

Ces résultats sont connus comme le loup blanc en médecine et dans tous les milieux qui traite de la santé, du système immunitaire et d’améliorer son système immunitaire.

Elle est presque imparable. Presque, car je pourrais vous parler de cette étude pendant des heures. Tant sur la méthode, les analyses en sous-groupe plus fines, les liens d’intérêt des auteurs, les intervalles de confiance… En bref, pinailler.

C’est important de pinailler, mais cette fois-ci, j’épargne cette étude. Car une autre plus intéressante mérite qu’on « pinaille » ensemble dessus.

Et cette étude n’est pas n’importe laquelle : c’est la mise à jour de l’analyse d’Adrien Martineau, avec les toutes dernières données de la littérature scientifique.

Elle a été publiée récemment dans le Lancet (2), malheureusement connu pour sa publication rétractée sur l’hydroxychloroquine à cause de données manifestement frauduleuse. Mais c’est un autre sujet. Lisez donc mon article sur l’édition scientifique pour mieux comprendre les contours de ce monde infernal.

L’efficacité… relative de la vitamine D

Depuis 2017, beaucoup de vitamine D a coulé sous les ponts des infections respiratoires.

Au point où une mise à jour, faite par la même équipe qu’en 2017, n’arrive fragiliser les liens entre vitamine D et infections respiratoires.

Ou plutôt, les nuancer.

Cette fameuse nuance qui dérange et cette prudence qui est facilement et abusivement confondue avec la peur de choisir, ou de prendre une décision.

Car les résultats de cette méta-analyse d’essais cliniques randomisés viennent nous rappeler une réalité impopulaire : la supplémentation en vitamine D n’a probablement aucun effet miraculeux sur le risque d’avoir une infection respiratoire.

L’effet positif, s’il existe, se restreint à des cas bien particuliers avec une marge thérapeutique faible.

Cette méta-analyse s’est intéressée aux résultats de 43 essais cliniques randomisés, comprenant plus de 48.000 participants de 0 à 95 ans.

On pourrait difficilement avoir un aussi vaste échantillon et représentatif de toutes les strates d’âge qui composent notre société.

La conclusion de cette vaste mise à jour reste cependant inchangée :

 […] La supplémentation en vitamine D était sûre et a globalement réduit le risque d’IRA par rapport au placebo, bien que la réduction du risque ait été faible. »

Par réduction faible, on entend un risque relatif réduit de 8 %, oscillant entre 1 % (borne supérieure) et 14 % (borne inférieure).

8 % de réduction de risque relatif, c’est peu. En valeurs absolues, on parle d’une réduction de seulement 1 % du risque d’avoir une infection respiratoire aiguë.

Dans les essais cliniques, le risque était de 62.3 % pour les personnes non supplémentées contre 61.3 %.

D’autres résultats interpellent, et viennent ternir l’image miraculeuse que certains peuvent véhiculer sur la supplémentation en vitamine D.

Les analyses par classe d’âge révèlent l’absence de bénéfice dans toutes les strates, sauf chez les jeunes de 1 à 15 ans.

L’intérêt de la supplémentation prend pourtant tout son sens chez les personnes de plus de 65 ans les plus vulnérables aux infections respiratoires. Les analyses limitées à cette tranche d’âge ne montrent aucun bénéfice d’une supplémentation.

Les analyses par type de supplémentation éclairent aussi la manière la plus efficace pour espérer retirer des bénéfices d’une supplémentation. Les supplémentations hebdomadaires, mensuelles et trimestrielles n’ont pas été accompagnées d’un bénéfice, contrairement aux prises quotidiennes.

Cette dernière devrait donc être privilégiée pour se supplémenter en vitamine D.

L’analyse globale des études cliniques disponibles ne montre pas d’effet positif sur d’autres indicateurs indirects (la prise d’antibiotique ou d’anti-inflammatoire et l’absentéisme) ou directs (sur les admissions en urgence et la mortalité).

Autrement dit, beaucoup de résultats décevants dans cette mise à jour de l’effet d’une supplémentation de vitamine D sur la santé.

Peut-être le plus problématique, mais les auteurs ne montrent pas, contrairement à la première étude parue en 2017, de bénéfice d’une supplémentation chez les personnes carencées avec les taux circulants les plus bas.

C’était pourtant la catégorie d’individus pour lesquels on peut attendre le plus de bénéfice et d’intérêt, en corrigeant une éventuelle carence.

Copinage avec les firmes pharmaceutiques

La déclaration d’intérêt traditionnelle à la fin de la méta-analyse d’Adrien Martineau n’a pas manqué de me surprendre.

La liste des liens d’intérêts avec des laboratoires pharmaceutiques produisant et vendant des compléments en vitamine D est longue.

Plusieurs auteurs, dont Adrien Martineau, déclarent avoir reçu des fonds ou avoir travaillé (certains contrats sont toujours actifs) pour des firmes ayant des intérêts dans la promotion de la vitamine D.

Car il ne faut pas vraiment oublier que la vitamine D est un business extrêmement juteux pour les personnes impliquées dans le dosage sanguin et la revente de complément.

Quoi qu’il en soit, on pourra difficilement accuser ces personnalités scientifiques de faire le jeu de Big Pharma ou de vouloir lutter contre une solution peu onéreuse.

Faut-il se complémenter en vitamine D ?

Terrible question.

Si on se borne aux plus récents résultats de la méta-analyse d’essais cliniques randomisés présentés dans cet article, le bénéfice attendu sera minime et semble se restreindre à une catégorie bien précise de la population.

Des résultats positifs minimes mis en doute par les auteurs eux-mêmes à cause d’une potentielle surestimation des bénéfices, déjà bien maigres. En cause ? Une bonne partie des essais cliniques étudiés ont été financés par des fabricants de compléments de vitamine D.

Pour couronner le tout, les résultats d’une vaste étude clinique randomisée sur près de 2.000 Australiens n’a montré aucun bénéfice d’une supplémentation mensuelle sur le risque d’avoir une infection respiratoire (3).

Une étude toutefois prise en compte dans la mise à jour de la méta-analyse d’Adrien Martineau.

Ce qu’il conviendrait de faire avant tout serait de doser votre taux circulant de vitamine D. Le risque de carence est généralement plus élevé en hiver où l’exposition au soleil est moins importante et moins génératrice de vitamine D.

Il faut garder en mémoire que les études cliniques ne semblent pas montrer de bénéfices importants pour réduire le risque d’avoir une infection respiratoire. Le rôle de « boost » sur l’immunité est donc autrement plus complexe que ça.

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5 commentaires
  1. Et les effets d’une supplémentation en cas d’ostéoporose sévère ? Existe-t-il une étude sérieuse sur le sujet ? Merci.

  2. Il y a supplémentation et supplémentation. Avec quelles doses les études ont-elles été menées: 200UI ou 4000UI? Ce n’est a priori pas pareil.
    Cordialement

    1. Les études ont été menée avec des supplémentations comprises entre moins de 400 et plus de 2000 UI par jour.

      L’étude complète n’a pas pu montrer de bénéfice avec une supplémentation de plus de 2000 UI par jour.

  3. Moi je n’ai eu des effets significatifs qu’à partir de 4000UI par jour.
    A 1500UI, j’avais des symptômes réduits de grippe ou gastro, mais j’en avais toujours.
    Depuis 5 ans je suis passé à 4000UI par jour sous forme huileuse et (je touche du bois) je n’ai plus la moindre affection hivernale depuis.
    Mais je pense que la dose optimale est propre à chacun et doit être déterminée par l’expérience.
    Une étude avec la même dose pour tout le monde n’a pas de sens pour moi est n’est destinée qu’à discréditer la vitamine D.
    Quand aux conflits d’intérêt ce sont les mêmes pour la majorité des études qui sont pour la plupart financées par des privés, jamais impartiaux.
    Toute étude positive pourra donc être contestée par une autre négative et vice et versa.
    C’est le principe de base des grands laboratoires pour discréditer toute solution qui nuirait à leurs intérêts: dès qu’une gêne, on en sort une autre contradictoire, et pendant qu’on “débat”, ils peuvent continuer à vendre leurs médicaments…
    Il n’y aura donc jamais de consensus que ce soit sur la vitamine D, la vitamine C, et toute solution low cost.
    Mais puisque personne n’a réussi à démonter une toxicité à moins de 1000UI par jour (sauf pour les insuffisants rénaux qui ne doivent pas dépasser 1000UI par jour), le mieux est de tester par soi même, à faible dose au début puis en augmentant en fonction des résultats.

    1. Nous aussi, nous sommes à 4000UI/jour.
      Dans votre dernier paragraphe, n’avez-vous pas oublié un zéro? N’est pas 10000UI/j la valeur sans toxicité?

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