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Le masque est accusé de perturber le développement normal des enfants. Qu’en est-il vraiment ?

© Kelly Sikkema | Unsplash Freepik

Masque : une controverse de plus

Après avoir accusé les masques d’être responsable d’une épidémie silencieuse de décès et d’évanouissement chez les soignants, ou d’asphyxie des grands comme des petits… Ils sont aujourd’hui accusés d’entraîner un retard de développement chez les tous petits !

Vous m’avez bien lu.

Pourquoi ?

Car le masque d’une nounou, d’un animateur de crèche ou même des parents empêche le nourrisson de voir un visage complet, une bouche, des dents, un sourire.

La conséquence pour ces enfants ?

Des retards de développement, des pertes de repères, des interactions apprauvient, une perte d’attention…

Les sourires deviennent invisibles…

En bref, nous sommes en train de sacrifier une génération avec le port du masque nous alerte les professionnels de la petite enfance… alors qu’ils ne risquent pratiquement rien avec le virus.

Derrière la présentation du problème, d’autres personnes affirment que le port du masque n’entraînerait aucun des problèmes cités plus haut.

Voilà une guerre d’idées intéressantes, et importantes pour les parents et les professionnels qui s’inquiètent.

Une joute qui s’appuie sur des études scientifiques.

Des études un peu malmenées.

À l’origine de la défiance

L’idée d’un effet délétère des masques sur le développement des enfants n’est pas nouveau.

Ce n’est pas comme si c’était la première fois que nous vivions une pandémie ou que des soignants, des parents ou autre devaient porter des masques.

Cela arrive même plutôt régulièrement.

Les Japonais sont des porteurs invétérés du masque quand ils sont malades.

Des spécialistes s’appuient sur une étude en particulier pour accuser les masques d’effet nocif sur les capacités intellectuelles et affectives enfants.

Une étude chinoise justement faite sur les conséquences de la pandémie de SRAS en 2003 sur le développement de plus de 14 000 enfants (1)

Que montre cette étude ?

He bien que les enfants touchées par la pandémie de SRAS en 2003 ont connu des retards de développement.

On parle de retards pour marcher seul, prononcer des phrases complètes, compter de 0 à 10 ou encore s’habiller tout seul.

L’étude est rétrospective, donc méthodologiquement limitée. Je détaille ici les différents niveaux de preuves en science et les limites de ce genre de travail.

Quand bien même, ce travail est capital.

Il montre qu’une crise sanitaire impacte négativement le développement des enfants.

Un résultat qu’on pouvait espérer, malheureusement.

Une pandémie génère du stress, des changements dans les habitudes, la fermeture des écoles, parfois la perte d’un emploi ou d’un proche, etc.

Autant d’événements qui pourront affecter négativement le développement des enfants.

Or pendant une crise sanitaire épidémique, que porte-t-on ?

Des masques.

Les auteurs de cette étude précise dans la discussion que les masques « nuisent à la communication non verbale entre les enfants et les adultes, ce qui favorise les impacts psychosociaux à travers l’affaiblissement des liens sociaux et cognitifs. »

Voilà qui est inquiétant non ?

Mais l’effet du masque n’a pas été étudié au cours de cette étude.

Les scientifiques chinois justifient cette phrase sur la base… d’un commentaire d’il y a plus de 15 ans, écrit par des travailleurs sociaux (2).

Un commentaire, qui n’est donc pas une étude à proprement parler, et qui n’apporte strictement aucun élément tangible ni scientifique pour permettre aux auteurs de dire ce qu’ils ont dit.

Comprenez-moi bien : on parle simplement du ressenti de travailleurs en santé dans des hôpitaux pour enfants qui parlent d’enfants déboussolés à cause de « gens sans visage » où les enfants seraient incapable de reconnaître qui que ce soit.

Les auteurs de ce commentaire se livrent à toute une série de questions que l’enfant serait censé se poser, comme « qui fronce les sourcils » alors qu’il est parfaitement possible de voir les sourcils avec un masque…

Ou encore « pourquoi est-ce que tout le monde a peur de moi et des mes microbes ? » soulevant ici que le problème de fond est bien une pandémie, qui génère du stress, et que l’on symbolise par un masque.

Pour résumer ce début d’analyse, je n’arrive pas à m’expliquer comment des auteurs peuvent affirmer que le masque à des effets psychosociaux négatifs sur les enfants sur la base d’un commentaire qui n’en apporte pas la preuve.

Ont-ils seulement lu ce commentaire de 2004 ? Permettez-moi d’en douter.

L’enquête grenobloise

Dans ce périple qui associe les masques aux pires effets psychologiques, on retrouve une association grenobloise à la manœuvre (3).

C’est les « Pros de la petite enfance » qui se définit comme le 1er site d’information pour les professionnels de la petite enfance.

Et cela tombe bien, car ils ont écrit un article parlant de trouble de l’attention, et d’interactions plus pauvres avec le port du masque dans les crèches.

Comment le savent-ils ? Un retour de questionnaire sur environ 600 professionnels qui montrent, très grossièrement, que c’est… kif-kif.

60 % d’entre eux sont persuadés que le masque a des effets délétères.

Le reste pense le contraire et sont même surpris de l’absence de réaction particulière des enfants avec le masque, allant contre leur attente.

Malheureusement, aucune base scientifique n’encadre cette « étude ».

Les mesures élémentaires avant/après n’ont pas été faites. Des groupes contrôles, des analyses…

On parle juste ici d’un ressenti, un retour subjectif inexploitable en l’état.

Plus intéressant encore, mais les professionnels de santé confessent qu’ils dégradent eux-mêmes la qualité de leur travail avec le masque.

Précisant par exemple que le port du masque les épuise, gênant leur respiration et que les enfants subissent ainsi l’agacement des encadrants.

Extrait de l’enquête :

« L’inconfort entrave la relation » ; « Nous sommes épuisés…nous respirons mal … les enfants subissent notre agacement » ; « [Nous] prenons beaucoup moins de plaisir à lire et chanter avec le masque »

Mais cela appelle bien sûr à faire d’autres travaux.

Ou bien à se référer à ceux déjà existants.

C’est justement ce que nous allons voir ensemble.

La vérité sur le masque et les retards de développement

En réalité, il n’y a aucune étude qui montre que le port du masque généralisé pendant un court moment peut avoir un impact négatif sur le développement des enfants.

On a des travaux qui vont plutôt dans la direction opposée, et qui nous disent ceci :

« Oui le masque ne rend pas les choses faciles pour les enfants, mais ils sont loin d’être incapables d’identifier quelqu’un ou de reconnaître une émotion ».

Des chercheurs ont ainsi montré en 2020 que des enfants de 7 à 13 ans étaient capables de reconnaître les émotions de personnes masquées (4).

Les scientifiques précisent que « ces résultats soulignent comment les interactions sociales des enfants peuvent être minimalement affectées par le port du masque pendant la pandémie de COVID-19. »

Comment ? Grâce à la totalité des informations du visage qui ne se résume pas qu’ à la bouche !

Le plissement des yeux, mais aussi l’intonation de la voix, la posture de la personne… Bref, toute une flopée d’indices contextuels qui font que nous pouvons… communiquer sans même se voir.

Cette étude montre aussi que les enfants ont les mêmes capacités quand l’interlocuteur a des lunettes de soleil qui masquent de précieux indices (et qu’on porte assez régulièrement depuis un long moment…)

Finalement, les auteurs concluent ceci :

« En résumé, la capacité des enfants à déduire les émotions d’une autre personne et à y répondre, ainsi que les interactions sociales qui en résultent, n’est pas forcément très affectée par le port du masque pendant la pandémie de COVID-19. »

D’autres travaux chez des enfants de 4 à 12 ans montrent que les yeux sont particulièrement analysés par les enfants pour décrypter les émotions de l’interlocuteur (5).

C’est le second argument assez frappant, mais les enfants nés aveugles peuvent apprendre à parler et avoir un développement cognitif normal.

Je ne dis pas que ce sera facile ni forcément accessible à tous, mais c’est possible.

Dans la littérature, une équipe de chercheurs ont évalué le développement cognitif de 34 enfants aveugles sans maladie supplémentaire âgés de 3 mois à 3 ans.

70 % d’entre eux avaient un développement cognitif normal (6).

En réalité, nous n’avons aucune étude épidémiologique sur le long terme qui a mesuré l’impact spécifique du port du masque sur le développement d’enfant.

Pour ensuite vérifier cet impact lors de l’adolescence ou à l’âge adulte.

Ce que l’on sait en revanche, c’est que ces enfants auront nécessairement des interactions avec les parents, et possiblement d’autres enfants, sans masque au cours de la journée.

À la maison, avant d’aller à la crèche, ou à d’autres moments, permettant de montrer la totalité des visages.

Que faut-il retenir ?

Une période épidémique, et a fortiori de pandémie, génère énormément de stress.

Un stress qui va toucher l’ensemble de la société, les parents, les enfants, les professionnels de la santé, les enseignants.

Les impacts psychosociaux sont relativement peu étudiés en lien avec les épisodes épidémiques, mais l’impact du stress l’est beaucoup plus (7).

Au-delà du port du masque, c’est le bouleversement des habitudes, la perte éventuelle d’un proche, l’arrêt des activités en extérieur et la création d’un environnement angoissant qui peuvent, à terme, perturber le développement normal d’un enfant.

Le masque ? Son impact sur la capacité des enfants à identifier des émotions, et donc interagir socialement, est extrêmement limité.

Nous ne sommes pas rivés sur la bouche de notre interlocuteur pour nos interactions sociales.

Il y a un ensemble de facteurs :

  • Le timbre, l’intensité de la voix
  • La posture et les mouvements de tout le corps
  • Les yeux
  • La bouche

En bref, rien ne permet d’affirmer avec certitude que le port du masque, limité dans le temps et dans certains environnements, puisse avoir un impact négatif significatif sur le développement des enfants.

Et quand bien même il y aurait un retard, n’est-il pas rattrapable avec le temps ?

Serait-il définitif ?

Nous n’en savons rien, et rien n’indique que ce serait le cas.

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1 commentaire
  1. En conclusion, on en revient toujours à la même chose, la balance bénéfice / risque. Quels bénéfices tirent les enfants du port du masque dans tout ce que comprend “le port du masque” (dans la vraie vie et pas en labo). Quand on voit les adultes, et au premier chef les professionnels et les politiques voués à la secte “tous vaccinés, tous masqués”, incapables de garder les mains dans les poches pour éviter de se trifouiller le masque sans arrêt ou qui le porte sous le nez, après l’avoir sorti de leur poche… On a le droit de comprendre que le commun des mortels et qui plus est les enfants, n’adoptent pas les meilleurs comportements quant au port du dit masque.
    Pour ce qui est de l’exemple japonais, il est pour moi, à mettre dans le même sac, si je peux dire, que l’exemple des chirurgiens… Ce sont devenus des spécialistes du masque depuis le temps qu’ils ont adopté cette mode vestimentaire… Rien à voir avec nous qui sommes encore à expérimenter la chose.
    Enfin, si c’est kif kif dans les enquêtes entre le “ça gène” et le “ça gêne pas”… Je repose la question de la balance bénéfice / risque… Mon expérience personnelle ne valant rien, je ne vous dirais pas que pour ma part, je n’ai jamais autant demandé aux personnes qui me parlent sous un masque de répéter parce que je ne comprends pas ce qu’ils disent au 1er coup… Surtout que pour que cet argument ait du poids il faudrait que je vérifie aussi la qualité de mon audition, le bruit environnant et tout un tas d’autres choses…
    Je me serais bien penché (oui, j’avais dit “enfin” un peu avant) sur la question de la fiabilité de ce masque d’un point de vue scientifique quant à la véritable barrière qu’il fournit contre les virus mais je n’ai pas assez cherché les études sur le sujet.
    Voili voilà pour mon analyse à 2 balles non préparées 😁

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