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Royal Canin publie une série de documents pour valoriser l’image de ces ingrédients : des sous-produits animaux et des céréales. On va revenir sur les arguments avancés pour mieux les comprendre et les confronter aux faits.

La nouvelle communication de Royal Canin est-elle mensongère ?

Royal Canin, c’est le mastodonte de l’industrie Pet food en France. Il représente aux yeux des propriétaires d’animaux de compagnie ce qu’on fait de mieux en matière d’alimentation sèche ou humide. Ces croquettes se déclinent presque à l’infini, en fonction de l’âge de la vie, des problèmes de santé et même de la race.

L’image royale des croquettes du célèbre fabricant est cependant écornée depuis des années suite à des mouvements citoyens qui militent pour une meilleure information et transparence sur la qualité des aliments pour animaux de compagnie.

Avec d’autres, je fais partie de ces lanceurs d’alertes qui tentent de mettre au grand jour les stratégies insidieuses de l’industrie Pet food, les largesses législatives et les liens d’intérêt qu’entretiennent bon nombre de vétérinaires avec des revendeurs de croquettes.

Depuis maintenant des années, on assiste à une guerre de communication. Du côté des consommateurs, les groupes de soutien, les livres et les analyses se multiplient comme des petits pains. Du côté des fabricants, les services de communication travaillent d’arrache-pied pour contre-argumenter, rassurer les fidèles et redorer l’image des croquettes de renommées royales.

La communication de Royal Canin avait déjà atteint une sorte de point de non-retour dans le reportage coup de poing de France 5 sur ce sujet. Le directeur d’une usine de production de croquettes n’avait pas hésité, devant la caméra des journalistes, de manger des croquettes sans sourciller, et d’en proposer aux journalistes.

Le message était clair : nos croquettes sont bonnes, même le directeur en mange.

Peu de temps après, c’était la compagnie Hill’s Pet qui propageait en interne un contre-argumentaire en image pour justifier les ingrédients et la composition des croquettes. Un argumentaire que j’avais en partie démonté : il était simpliste, partiellement faux et ne reposait que sur peu de preuves scientifiques.

Aujourd’hui, ce sont des images de Royal Canin qui circulent sur la toile pour redorer l’image des principaux ingrédients que l’on retrouve dans leurs croquettes, à savoir les céréales (blé, maïs, riz et les farines de gluten) et les sous-produits animaux.

Peut-on croire sur parole les louanges de Royal Canin sur ses propres produits ? On va confronter la propagande avec les faits.

Les céréales sont-elles essentielles aux carnivores ?

C’est bien ce que veut nous faire croire Royal Canin dans ses illustrations dédiées aux céréales de manière générale, au blé et au maïs en particulier. Car Royal Canin l’affirme et le cri haut et fort, “OUI ! Les céréales sont bénéfiques à l’animal” et “OUI ! Le maïs présente de vrais avantages nutritionnels” !

L’équipe de Royal Canin use et abuse d’adjectifs qualificatifs les plus valorisants pour parler des céréales. Nous avons presque affaire à de la poésie. Concernant le maïs, Royal Canin affirme que :

“Chaque grain de maïs regorge de nutriments bénéfiques, notamment des protéines, des fibres, des acides gras et des antioxydants”

Dans la même image, on pourra y lire que “le maïs est une excellente source de nutriments”. Le mot “excellent” revient 5 fois dans les illustrations, comme s’ils essayaient de se convaincre eux-mêmes.

On peut également lire que “les antioxydants dans le maïs contribuent à maintenir un bon état de santé général et préviennent la dégradation des cellules saines.” Un beau discours qui n’est pas vérifié par la confrontation aux faits.

Tout d’abord, les antioxydants. Le terme est à la mode, il est vague, et englobe tous les éléments qui permettent de protéger les cellules du corps face à des dégradations naturelles ou des agressions. On parle bien souvent des vitamines, certains phénols et minéraux comme le sélénium (bien connu pour son effet protecteur contre le mercure).

Mais problème pour Royal Canin, les innombrables tables des éléments que nous avons sur le maïs, ou pire la farine de maïs, rapportent des quantités très faibles de vitamines. Le pouvoir antioxydant du maïs est jugé comme faible (indice TAC), et la farine de maïs qui est largement utilisée ne fait guère mieux. C’est même pire.

Donc non, chaque grain de maïs ne regorge pas d’antioxydants, ni de fibres et ni d’acides gras d’ailleurs, qui ne représente que 4 à 6% d’un grain de maïs. En réalité, Royal Canin aurait du écrire ceci :

“Chaque grain de maïs regorge de 70% d’amidons, de 8% de protéines et d’une poignée de vitamines, fibres et acides gras”.

La même rhétorique est utilisée pour le blé, largement présent dans les croquettes industrielles. Quand Royal Canin parle de lui, on croirait avoir un super aliment en face de nous !

“Importante source de minéraux dont le magnésium et le fer, le blé fournit également de nombreux glucides complexes et des fibres.”

On oublierait presque que le blé serait fait à 62-63% de glucides, donc 60% d’amidons et le reste en sucres. On oublierait presque que la valeur biologique des protéines du blé est moyenne, estimée à 58, contre 79 pour du poulet ou encore 100 pour l’oeuf, la référence.

Ensuite, Royal Canin défend également l’usage du gluten de maïs et de blé dans les croquettes puisqu’ils sont des pourvoyeurs de protéines “très digestes et à haute valeur biologique” pour le gluten de maïs.

Royal Canin ne précise pas que le gluten de maïs est composé à 67% de protéines, mais aussi à 18% d’amidons. Sur la digestibilité, une étude scientifique réalisée sur des chats nous rappelle qu’elle n’est que de 77,7% pour la farine de gluten de maïs, contre 80% pour la farine de poulet et 83,3% pour la farine de viande (1).

Les auteurs de cette étude précise que compte tenu des résultats, “il serait préférable d’utiliser la farine de poulet à la place de la farine de gluten de maïs”.

Une autre étude du même genre en arrive à la même conclusion et précise que les farines de viande sont “supérieures aux farines de gluten de maïs dans l’alimentation sèche des chats”, rajoutant que les chats perdent plus de calcium et de magnésium avec une alimentation riche en farine de gluten de maïs, augmentant les besoins de ces minéraux (2).

En gros, on augmente la fuite de certains minéraux dans les selles.

Des sous-produits animaux “nutritifs” ?

L’autre point fort de l’argumentaire de Royal Canin concerne l’utilisation des sous-produits animaux, qu’ils nomment pudiquement “co-produits”. La stratégie dans cette image est de perdre le consommateur en mélangeant plusieurs termes et en choisissant les meilleurs ingrédients.

Pourquoi est-ce fallacieux ? Car Royal Canin laisse entendre qu’ils utilisent les meilleurs morceaux, les plus nobles et les plus nutritifs, alors que tout indique le contraire.

Avec un grand “OUI !”, Royal Canin précise ceci :

“Les protéines animales déshydratées sont simplement de la viande fraîche dont l’eau et une partie des graisses ont été enlevées. Elles sont une excellente source de protéines hautement digestes et de grande qualité pour votre animal.”

De la viande fraîche dans les croquettes ? C’est tout ? Rien d’autre ? Ah si, Royal Canin précise dans la suite qu’ils utilisent bien des sous-produits animaux en ne mentionnant que le coeur, le foie, les poumons et les muscles.

Sur le papier, les croquettes Royal Canin semblent être parfaites : de la viande fraîche “simplement” déshydratée, et derrière les sous-produits, uniquement des abats de qualité et des muscles.

Dans la réalité, c’est autre chose. Les sous-produits sont tous les restes des animaux morts et dépouillés dans les abattoirs que l’industrie agroalimentaire pour nous les hommes ne veut pas. On recycle, et sur le principe c’est bien.

Sauf que tout y passe. D’après le très officiel syndicat des co-produits en France (SIFCO), on récupère les pattes, les poils, les têtes, les abats, les os, les carcasses et un bon paquet de plumes au passage, pour en faire une farine de protéines. On parle de protéines animales transformées (PAT) dans le jargon.

Capture d’écran du site de la SIFCO

Mais voilà, le mélange est ici total. Les ingrédients sont hasardeux, aussi bien sur l’origine des animaux que le nom des espèces animales utilisées. Royal Canin prétend utiliser des abats nobles, du coeur ou du foie, mais jamais (ou bien très rarement pour certaines gammes) vous ne verrez écrits ces mots. Pour la simple et bonne raison que Royal Canin ne pourrait pas garantir le respect de la recette.

Donc on affirme qu’on utilise de la viande fraîche, mais on se garde bien de le dire dans la recette. Il faut les croire sur parole. C’est d’autant plus louche que d’autres marques jouent bien volontiers le jeu de la transparence et écrivent noir sur blanc “foie de poulet” ou “viande déshydratée de sanglier” quand ils en mettent.

Sur 68 produits estampillés Royal Canin référencés dans ma base de données, seulement deux mentionnent du “foie de volaille”. Toutes les autres compositions contiennent soient des “protéines de volailles déshydratées”, des “hydrolysats de protéines animales” et plus rarement de la viande clairement identifiées.

  • Alors, soyons clairs : oui, les “sous-produits animaux” peuvent être de qualité, telle que les abats et la viande squelettique, mais non, nous n’avons aucune garantie qu’ils sont utilisés ou même majoritaire sous le libellé de “protéines animales déshydratées”.
  • Soyons aussi clairs : quand je vois mon chat attraper un oiseau, il le mange entièrement ! Plumes, bec, pattes, viscères… tout y passe. Mais restons quand même prudents, les proportions sont loin d’être les mêmes que dans un mélange fait à 60% de protéines d’os et à 15% de protéines de plumes.
  • Soyons clairs une troisième fois : Royal Canin ne précise pas non plus la part de ces protéines animales déshydratées. Si la marque décide de valoriser l’image des céréales, c’est un choix délibéré et judicieux puisqu’elles sont majoritaires dans pratiquement toutes leurs croquettes.

Ces fameuses céréales de remplissages laissent peu de place aux protéines animales déshydratées fussent-elles de bonne qualité. Ces matières premières sont peu chères, et de toute façon, l’argumentaire est bien là pour les défendre.

On fait le bilan

Sans surprise, les équipes de Royal Canin ont repris tous les termes de diététique et nutrition les plus valorisants. “Nutritif”, “regorge”, “nutriments”, “antioxydants” et rajoutant en veux-tu en voilà des “excellents”, “indispensables”, ou “bénéfiques”.

Ces mots nous parlent. Ils ont des connotations positives et Royal Canin le sait. Aujourd’hui, les opposants aux croquettes industrielles riches en céréales se font de plus en plus entendre, les reportages et articles journalistiques se multiplient.

La pression est palpable. N’oublions pas qu’il ne faudrait pas déclencher une guerre absurde et sans recul contre une catégorie d’aliments (comme les céréales), sans voir venir d’autres problèmes, comme les légumineuses qui deviennent de plus en plus présentes dans les croquettes alternatives. Des légumineuses qui ont des désavantages et des limites. On y reviendra.

Restons attentifs et vigilants, ouverts et prêts à se remette en question en fonction des expériences et de la science, qui progresse malheureusement lentement dans ce domaine.

Pour les curieux, je vous conseille de lire mes articles en accès libre sur le blog, et pour les plus courageux, affrontez donc la réalité en lisant mon enquête “Ce poison nommé croquette“.

Âme sensible s’abstenir.


Références

1. Funaba, M., Oka, Y., Kobayashi, S., Kaneko, M., Yamamoto, H., Namikawa, K., … & Abe, M. (2005). Evaluation of meat meal, chicken meal, and corn gluten meal as dietary sources of protein in dry cat food. Canadian journal of veterinary research, 69(4), 299.

2. Funaba, M., Matsumoto, C., Matsuki, K., Gotoh, K., Kaneko, M., Iriki, T., … & Abe, M. (2002). Comparison of corn gluten meal and meat meal as a protein source in dry foods formulated for cats. American journal of veterinary research, 63(9), 1247-1251.

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7 commentaires
  1. BRAVO BRAVO 10.000 FOIS BRAVO ET TOUT A FAIT OK AVEC VOUS. JE VAIS D’AILLEURS ENVOYER VOTRE ARTICLE À TOUS MeS ADHERENTS DE L’ASSOCIATION SNAC eT IDEM SUR NOTRE PAGE FACEBOOK ‘SNAC ASSOCIATION’ET IDEM SUR NOTRE FORUM ET IDEM SUR MA PAGE PERSO ‘Anne Charlotte Poncet’.
    MARRE DE TOUS CES MENTEURS QUI PRENNENT LES PROPIETAIRES DE NOS 4 PATTES POUR DES GOGOS ET DES MEDIAS QUI LES SOUTIENNENT CAR ILS DEPENSENT DES MILLIONS EN PUBLICITES MENSONGERES. Mme Poncet présidente bénévole depuis 10 ans de l’association SNAC qui analyse toutes les croquettes depuis 10 ans grâce à nos adhérents. Bon courage JEREMY ANSO.

  2. C est scandaleux ce que veulent nous faire croire tous ces puissants lobyste que ce soit en alimentation animale ou même humaine
    Merci Jérémy

  3. Toures ces critiques sur les croquettes cat sont très instructives mais quid de ce qui est le moins destructeur comme produit à acheter…on reste un peu désemparés et sans reelles solutions! Merci

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